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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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s'assemblaient à l'horizon nazi.

LA PURGE SANGLANTE
DU 30 JUIN 1934
    L'obscurcissement du ciel était dû à trois problèmes non résolus
et liés entre eux : les exigences continuelles des radicaux du parti et des
chefs S.A., qui réclamaient la « seconde révolution »; la rivalité entre les
S.A. et l'armée; et la question de la succession du président Hindenburg, dont
le printemps vit commencer le rapide déclin.
    Rœhm, le chef d'état-major des S.A., dont les effectifs
comprenaient maintenant 2 millions et demi d'hommes, n'avait pas été muselé par
le geste qu'avait fait Hitler de le nommer dans son cabinet ni par la lettre
amicale que le Führer lui avait adressée personnellement
pour la nouvelle année. En février, il présenta au cabinet un long mémorandum
proposant que les S.A. constituent la fondation d'une nouvelle armée du peuple
et que les forces armées, les S.A. et les S.S., ainsi que tous les groupements
d'anciens combattants soient placés sous les ordres d'un unique ministère de la
Défense, dont — de toute évidence — lui-même devait avoir le portefeuille.
    Le corps des officiers ne pouvait imaginer projet plus
révoltant, et ses chefs non seulement repoussèrent à l'unanimité la
proposition, mais firent appel à Hindenburg pour les soutenir. Toutes les
traditions de la caste militaire seraient détruites si cette brute de Rœhm et
ses braillards en chemises brunes prenaient le contrôle de l'armée. En outre,
les généraux étaient scandalisés par les rumeurs qui commençaient à circuler
ouvertement, à propos de la corruption et de la débauche qui régnaient dans la
clique d'homosexuels entourant le chef des S. A. Comme devait le déclarer plus
tard le général von Brauchitsch, « le réarmement était une entreprise trop sérieuse
et trop difficile pour qu'on y laissât participer des spéculateurs, des
ivrognes et des homosexuels ».
    Hitler ne pouvait se permettre, pour l'instant, de heurter
l'armée et il ne soutint pas la proposition de Rœhm. En fait, le 21 février, il
affirma secrètement à Anthony Eden, qui était venu à Berlin pour discuter de
l'impasse dans laquelle se trouvait le désarmement, qu'il était préparé à
réduire de deux tiers les effectifs des S.A. et à accepter un système
d'inspection qui permettrait de s'assurer que le tiers restant ne recevrait ni
instruction militaire ni armes — proposition qui, quand la nouvelle s'en
répandit, ne fit qu'aggraver l'amertume de Rœhm et des S.A.
    Comme l'été de 1934 approchait, les relations entre le chef
d'état-major des S.A. et le Haut-Commandement de l'Armée ne cessaient de se
détériorer. Il y avait des scènes orageuses aux conseils de cabinet entre Rœhm
et le général von Blomberg et, en mars, le ministre de la Défense affirma à
Hitler que les S.A. armaient secrètement un important contingent de gardes
spéciaux avec des mitrailleuses lourdes, ce qui constituait non seulement une
menace contre l'armée, mais, ajouta le général von Blomberg, une mesure prise
si publiquement qu'elle menaçait le réarmement clandestin de l'Allemagne sous les
auspices de la Reichswehr.
    II est clair qu'en cette conjoncture, contrairement à cet entêté
de Rœhm et à ses compagnons, Hitler songeait au jour où Hindenburg déjà malade
allait mourir. Il savait que le vieux président, tout comme l'armée et les
autres forces conservatrices d'Allemagne, était en faveur d'une restauration de
la monarchie des Hohenzollern dès que le maréchal aurait disparu. Lui-même
avait d'autres plans et quand, au début d'avril, la nouvelle lui parvint, ainsi
qu'à Blomberg, secrètement mais de bonne source, que les jours du président
étaient comptés, il se rendit compte qu'il lui faudrait bientôt frapper un
grand coup. Pour assurer son succès, il aurait besoin de l'appui du corps des
officiers; pour obtenir ce soutien, il était prêt à aller très loin.
    L'occasion se présenta bientôt d'avoir des contacts
confidentiels avec l'armée. Le 11 avril, le chancelier, accompagné par le
général von Blomberg et les commandants en chefs de l'armée et de la marine, le
général Freiher von Fritsch et l'amiral Raeder, s'embarqua à bord du croiseur Deutschland pour se rendre de Kiel à Kœnigsberg afin d'assister aux manœuvres de printemps
en Prusse-Orientale. Les chefs de l'armée et de la marine furent mis au courant
de l'aggravation de l'état de Hindenburg, et Hitler, appuyé par le docile
Blomberg, proposa

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