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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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méprisée. Pour les Allemands, le crime le plus
haïssable des auteurs du Traité de Versailles avait été de séparer la
Prusse-Orientale du Reich par le corridor polonais, de faire de Dantzig une
ville libre et de donner aux Polonais la province de Posen et une partie de la
Silésie qui, malgré sa population polonaise prédominante, avait été territoire
allemand depuis le temps du partage de la Pologne. Aucun homme d'État allemand
durant la république n'avait voulu considérer les acquisitions polonaises comme
permanentes.
    Stresemann avait refusé même d'envisager un acte de Locarno
oriental avec la Pologne pour faire pendant à l'accord de Locarno concernant
les frontières occidentales. Et le général von Seeckt, père de la Reichswehr et
arbitre de la politique étrangère dans les premières années de la république,
avait déclaré au gouvernement dès 1922 : « L'existence de la Pologne est
intolérable, incompatible avec les conditions essentielles de la vie de
l'Allemagne. La Pologne, affirmait-il, doit disparaître et disparaîtra. Sa
suppression de la carte de l'Europe, ajoutait-il, doit être un des buts
fondamentaux de la politique allemande... avec la disparition de la Pologne
s'écroulera l'un des plus solides piliers du Traité de Versailles, l'hégémonie
de la France (26). »
    Avant que la Pologne pût être supprimée, Hitler le comprit, elle
devait être séparée de son alliée, la France. La politique dans laquelle il se
lançait maintenant présentait plusieurs avantages immédiats, indépendamment du
résultat final. En renonçant à l'usage de la force contre la Pologne, il
pouvait renforcer sa propagande pour la paix et dissiper les soupçons éveillés
en Europe occidentale et orientale par son départ précipité de Genève. En
incitant les Polonais à entamer des négociations directes, il pouvait
court-circuiter la Société des Nations et affaiblir ainsi son autorité. Et il
pouvait non seulement frapper un coup à la conception de « sécurité collective
» de la Société, mais saper également les alliances françaises en Europe
orientale, dont la Pologne était le bastion. Le peuple allemand, avec sa haine
traditionnelle des Polonais, ne comprendrait peut-être pas, mais, pour Hitler,
un des avantages de la dictature sur la démocratie était qu'une politique
impopulaire qui promettait des résultats significatifs en fin de compte pouvait
être poursuivie momentanément sans remous intérieurs.
    Le 26 janvier 1934, quatre jours avant qu'Hitler convoquât le
Reichstag pour le premier anniversaire de son accession au pouvoir, on annonça
la signature d'un pacte de non-agression de dix ans entre l'Allemagne et la
Pologne. Désormais, la Pologne, qui sous la dictature du maréchal Pilsudski
était en train de faire disparaître les derniers vestiges de la démocratie
parlementaire, commença peu à peu à se détacher de la France, sa protectrice
depuis sa renaissance en 1919, pour se rapprocher de plus en plus de
l'Allemagne nazie. C'était une route qui devait la mener à sa destruction bien
avant l'expiration du traité « d'amitié et de non-agression ».
    Quand Hitler prit la parole devant le Reichstag le 30 janvier
1934, il pouvait, en regardant derrière lui, voir une année de réalisations
sans précédents dans l'histoire allemande. En douze mois, il avait renversé la
République de Weimar, remplacé la démocratie par sa dictature personnelle,
détruit tous les partis politiques sauf le sien, écrasé les gouvernements des
États et leurs parlements, unifié et défédéralisé le Reich, anéanti les
syndicats, supprimé toutes les associations démocratiques, chassé les Juifs de
la vie publique et des professions libérales, aboli la liberté de la presse et
la liberté d'expression, étouffé l'indépendance des tribunaux et « coordonné »
sous la férule nazie la vie politique, économique, culturelle et sociale d'un
vieux peuple hautement civilisé. Pour toutes ces mesures et pour son action
résolue en politique étrangère, qui avait fait quitter à l'Allemagne le concert
des Nations de Genève, qui avait proclamé le désir de l'Allemagne d'être
traitée en égale parmi les grandes puissances et qui avait tendu à la Pologne
la main de l'amitié, il avait recueilli, comme le montrèrent le plébiscite et
les élections de l'automne, l'écrasante majorité du peuple allemand.
    Pourtant, à l'orée de cette seconde année de sa dictature, des
nuages

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