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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Géra,
et Gœbbels agit rapidement pour lui donner le moins de publicité possible. Il
interdit la retransmission d'un enregistrement du discours prévue pour le soir
même, ainsi que toute diffusion dans la presse, et il ordonna à la police de
saisir les exemplaires de la Frankfurter Zeitung , qui étaient en vente
dans les rues avec une partie du texte. Mais même les pouvoirs absolus du
ministre de la Propagande ne suffirent pas à empêcher le peuple allemand et le
monde d'apprendre le contenu de cette provocante allocution. Le rusé Papen
avait fourni à l'avance des textes aux correspondants étrangers et aux
diplomates de Berlin, et plusieurs milliers d'exemplaires en furent hâtivement
tirés sur les presses du journal de Papen, Germania , et secrètement
distribués.
    En prenant connaissance du discours de Marburg, Hitler fut piqué
au vif. Dans une harangue prononcée le même après-midi à Géra, il dénonça le «
pygmée qui s'imagine qu'il peut arrêter, en quelques phrases, la gigantesque
renaissance d'un peuple ». Papen fut furieux lui aussi de voir son discours
interdit. Il se précipita le 20 juin chez Hitler et lui dit qu'il ne pouvait
tolérer un tel interdit « par un ministre secondaire », insista qu'il avait
parlé « en tant qu'homme de confiance du président » et donna sur-le-champ sa
démission, ajoutant qu'il allait « avertir aussitôt Hindenburg de sa décision
(29) ».
    C'était une menace qui de toute évidence inquiétait Hitler, car
des rapports lui avaient appris que le président était si mécontent de la
situation qu'il envisageait de déclarer la loi martiale et de remettre le
pouvoir à l'armée. Afin de mesurer la gravité de ce danger qui menaçait
l'existence même du régime nazi, il s'envola pour Neudeck le lendemain 21 juin,
afin de voir Hindenburg. L'accueil qu'il reçut ne put qu'accroître ses
craintes. Il fut reçu par le général von Blomberg et comprit aussitôt que son
ministre de la Défense avait perdu soudain son attitude habituelle de laquais.
Blomberg, au contraire, était maintenant le sévère général prussien, et il
annonça sèchement à Hitler qu'il était autorisé par le maréchal à lui déclarer
que, si l'état actuel de tension qui régnait en Allemagne ne prenait pas fin
rapidement, le président déclarerait la loi martiale et remettrait à l'armée le
contrôle de l'État. Lorsque Hitler fut admis à voir Hindenburg, pendant
quelques minutes, en présence de Blomberg, le vieux président lui confirma cet
ultimatum.
    La situation prenait un tour désastreux pour le chancelier nazi.
Non seulement son projet de succéder au président était compromis, mais si
l'armée s'emparait du pouvoir, ce serait sa fin à lui et celle du gouvernement
nazi. Reprenant le même jour l'avion pour Berlin, il dut se dire qu'il ne lui
restait qu'une solution s'il voulait s'en tirer. Il lui fallait honorer son
pacte avec l'armée, supprimer les S.A. et arrêter la poursuite de la révolution
que réclamaient les chefs des troupes d'assaut. L'armée, soutenue par le
vénérable président, de toute évidence ne se contenterait pas de moins.
    Et pourtant, en cette dernière et cruciale semaine de juin,
Hitler hésitait : il se demandait jusqu'à quel point de sévérité il pouvait
aller avec les chefs des S.A. auxquels il devait tant. Mais cette fois Gœring
et Himmler l'aidèrent à se décider. Ils avaient déjà
dressé les comptes qu'ils voulaient régler, de longues listes d'ennemis
présents et passés qu'ils désiraient liquider. Ils n'avaient qu'à convaincre le Führer de l'étendue du « complot » contre lui et de la
nécessité d'une riposte rapide et impitoyable. Selon la déposition faite à
Nuremberg par Wilhelm Frick, ministre de l'Intérieur et un
des plus fidèles partisans d'Hitler, ce fut Himmler qui
réussit finalement à persuader Hitler que « Rœhm voulait faire un putsch. Le Führer, ajouta Frick, ordonna à Himmler de
réprimer ce putsch ». Himmler, expliqua-t-il, reçut
l'ordre d'étouffer le complot en Bavière et Gœring à Berlin (30).
    L'armée poussait également Hitler et s'acquit ainsi une certaine
responsabilité dans les événements barbares qui ne devaient pas tarder à se
dérouler. Le 25 juin, le général von Fritsch, commandant en chef, mit l'armée
en état d'alerte, annulant toutes les permissions et consignant les troupes
dans les casernes. Le 28 juin, Rœhm fut expulsé de la ligue des officiers
allemands, ce qui

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