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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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essayait de mettre
sur pied un plan qui lui permettrait de devenir vice-chancelier à la place de
son vieil ennemi Papen, tandis que Rœhm deviendrait ministre de la Défense et
que les S.A. seraient amalgamées à l'armée. Des « listes » de cabinets
circulaient par douzaines à Berlin; sur certaines d'entre elles, Brüning devait
être fait ministre des Affaires étrangères et Strasser ministre de l'Économie.
    Ces rapports ne se fondaient pas sur grand-chose, mais ils
apportaient de l'eau aux moulins de Gœring et de Himmler, qui, désireux chacun
pour ses propres raisons d'anéantir Rœhm et les S.A. et en même temps de régler
leurs comptes avec Schleicher et les conservateurs déçus, brodaient encore sur
ces histoires avant de les révéler à Hitler, dont les soupçons étaient toujours
faciles à éveiller. Ce que Gœring et le chef de la Gestapo se proposaient,
c'était non seulement de faire une purge dans les SA., mais de liquider en même
temps d'autres adversaires, de Gauche et de Droite, y compris ceux qui
s'étaient jadis opposés à Hitler et qui n'avaient plus d'activités politiques.
A la fin de mai, Brüning et Schleicher furent prévenus que leur assassinat
était prévu. Le premier quitta discrètement le pays sous un déguisement, le
second partit pour la Bavière prendre quelques vacances, mais regagna Berlin
vers la fin de juin.
    Au début de juin, Hitler eut une explication avec Rœhm,
laquelle, d'après le propre récit qu'il en fit plus tard au Reichstag, dura
près de cinq heures et qui « se poursuivit jusqu'à minuit ». C'était, déclara
Hitler, sa « dernière tentative » pour parvenir à un accord avec son ami le
plus intime dans le mouvement.
    Je lui annonçai que j'avais l'impression, d'après
d'innombrables rumeurs et de nombreuses déclarations de vieux et fidèles
membres du parti et de chefs des S.A., que des éléments sans conscience
préparaient une action bolchéviste sur le plan national qui ne pourrait
rapporter à l'Allemagne que d'indicibles misères... Je le suppliai pour la
dernière fois de renoncer spontanément à cette folie et même d'user de son
autorité pour empêcher une révolution qui, de toute façon, ne pourrait se
terminer que par un désastre.
    Selon Hitler, Rœhm s'en alla en affirmant « qu'il ferait tout
son possible pour arranger les choses. En fait, prétendit par la suite Hitler,
Rœhm commença « des préparatifs pour m'éliminer personnellement ».
    C'était presque certainement faux. Bien que toute l'histoire de
la purge, comme celle de l'incendie du Reichstag, soit probablement destinée à
n'être jamais connue, toutes les preuves que l'on possède indiquent que le chef
des S.A. ne complota jamais d'éliminer Hitler. Malheureusement, les archives
capturées à la fin de la guerre ne contiennent pas plus de révélations sur la
purge que sur l'incendie du Reichstag : dans les deux cas, il est vraisemblable
que tous les documents compromettants furent détruits sur les ordres de Gœring.
    Quelle que fût la véritable teneur de la longue conversation qui
eut lieu entre les deux vétérans nazis, un ou deux jours plus tard, Hitler
décréta pour les S.A. une permission couvrant toute la durée du mois de
juillet, durant laquelle les hommes des troupes d'assaut n'avaient pas le droit
de porter l'uniforme ni de participer à des défilés ou à des exercices. Le 7 juin,
Rœhm annonça que lui-même partait en congé de maladie, mais il annonça en même
temps : « Si les ennemis des S.A. espèrent que les S.A. ne seront pas rappelés,
ou qu'ils ne seront rappelés qu'en partie après cette permission, nous pouvons
leur permettre de nourrir ce bref espoir. Réponse leur sera donnée au moment et
dans la forme qui paraîtront nécessaires. Les S.A. sont et demeurent la
destinée de l'Allemagne. »
    Avant de quitter Berlin, Rœhm invita Hitler à une conférence
avec les chefs des S.A. dans la station thermale de Wiessee, près de Munich, le
30 juin. Hitler accepta volontiers et se rendit même au rendez-vous, mais dans
des conditions que Rœhm n'aurait pu imaginer. Peut-être même dans des
conditions qu'Hitler non plus à ce moment n'aurait pu prévoir. Car, comme il
l'admit par la suite devant le Reichstag, il hésita « longuement avant de
prendre une décision... je nourrissais encore le secret espoir que je pourrais
épargner au mouvement et à mes S.A. la honte d'un tel désaccord et qu'il serait
possible de remédier au mal sans grave

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