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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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avait
fait.
    Dans son discours, prononcé le 18 juillet 1937, il traça les
grandes lignes de la conception nazie de « l'art allemand » :
    Des œuvres d'art qui ne peuvent être comprises et qui ont
besoin d'être accompagnées d'un tas d'explications pour prouver leur droit à
l'existence et aller toucher des névrosés sensibles à ce genre de stupidités et
d'insolences ne pourront plus atteindre ouvertement la nation allemande. Que
nul ne se fasse d'illusions! Le national-socialisme s'est donné pour tâche de
débarrasser le Reich allemand et notre peuple de toutes ces influences qui
menacent son existence et son caractère... L'ouverture de cette exposition
marque la fin de la démence en matière artistique et, avec elle, de la
pollution artistique de notre peuple...
    Cependant, certains Allemands au moins, surtout dans ce centre
artistique de l'Allemagne qu'était Munich, préféraient être pollués. Dans une
autre partie de la ville, dans un musée délabré où l'on accédait par un
escalier étroit, se tenait une exposition d' « art dégénéré » que le docteur Gœbbels
avait organisée pour montrer aux gens à quoi Hitler leur faisait échapper. Il y
avait là une splendide sélection de tableaux modernes : de Kokoschka, de
Chagall, d'expressionnistes et d'impressionnistes. Le jour où j'y allai, après
m'être traîné à travers les interminables salles de la Maison de l'Art
Allemand, il y avait foule, et les gens faisaient queue dans l'escalier étroit
et jusque dans la rue. En fait, la foule qui assiégeait ce petit musée devint
telle que le docteur Gœbbels, courroucé et gêné, ne tarda pas à le faire
fermer.

LE CONTROLE DE LA PRESSE,
DE LA RADIO, DU CINEMA
    Tous les matins, les rédacteurs en chef des quotidiens de Berlin
et les correspondants des journaux publiés ailleurs dans le Reich se
réunissaient au ministère de la Propagande pour s'entendre dire par le docteur
Gœbbels ou par un de ses collaborateurs les nouvelles à imprimer ou à ne pas
imprimer, comment rédiger les articles et les titrer, quelles campagnes faire
cesser ou entreprendre et quels éditoriaux il était bon de faire lire ce
jour-là. Pour éviter tout malentendu, des directives écrites quotidiennes
étaient fournies aux journalistes, en même temps que les instructions orales. A
l'usage des journaux régionaux de moindre importance et des périodiques, les
directives étaient expédiées par télégramme ou par courrier ordinaire.
    Pour être rédacteur en chef dans le Troisième Reich, il fallait,
avant tout, être politiquement et racialement « pur ». La loi sur la Presse du
Reich du 4 octobre 1933 disait que le journalisme était une « vocation publique
» réglementée légalement, et stipulait que tous les journalistes devaient avoir
la nationalité allemande, être de descendance aryenne et ne pas être mariés à
une juive. L'article 14 de cette loi de la Presse ordonnait aux rédacteurs en
chef de « considérer comme interdite la publication de tout ce qui, d'une
manière quelconque, peut tromper le public, mêler des buts égoïstes aux buts de
la nation, porter atteinte à la force du Reich allemand, au-dehors et à
l'intérieur, à la volonté commune du peuple allemand, à la défense de
l'Allemagne, à sa culture et à son économie... ou qui peut offenser l'honneur
et la dignité de l'Allemagne »... loi qui, si elle avait été en application
avant 1933, aurait entraîné la suppression de toute publication nazie dans le
pays. Elle menait maintenant à l'interdiction de tous les journaux et au
licenciement de tous les journalistes qui n'étaient pas nazis ou qui refusaient
de le devenir.
    L'un des premiers journaux qui furent contraints de disparaître
fut le Vossiche Zeitung . Fondé en 1704 et comptant parmi ses
collaborateurs, dans le passé, des noms comme Frédéric le Grand, Lessing et
Rathenau, il était devenu le plus grand journal d'Allemagne, comparable au Times de Londres et au New York Times . Mais c'était un journal libéral et qui
appartenait à la Maison Ullstein, une société juive. Il cessa de paraître le
1er avril 1934, après deux cent trente ans d'existence ininterrompue. Le
Berliner Tageblatt , autre journal libéral de renommée mondiale, continua un
peu plus longtemps, jusqu'en 1937, bien que son propriétaire, Hans
Lachmann-Mosse, un Juif, eût été contraint d'abandonner ses intérêts dans le
journal au printemps de 1933.
    Le troisième grand journal libéral

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