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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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dans les
journaux. On était tenté, parfois, de rétablir les faits, mais on était
gratifié alors d'un regard tellement incrédule, d'un silence si choqué, qu'on
avait l'impression qu'on venait de blasphémer contre le Tout-Puissant, et l'on
se rendait compte qu'il était parfaitement vain d'essayer même d'entrer en
contact avec un esprit désormais faussé et pour qui les faits étaient devenus
ce que Hitler et Goebbels, avec leur mépris cynique de la
vérité, disaient qu'ils étaient.

L’ENSEIGNEMENT DANS
LE TROISIEME REICH
    Le 30 avril 1934, Bernhard Rust, Obergruppenführer dans les S.A., ancien
gauleiter de Hanovre, membre du Parti nazi et ami d'Hitler depuis le début des
années 20, fut nommé ministre de la Science, de l'Enseignement et de la Culture
populaire du Reich. Rust était particulièrement qualifié
pour remplir cette tâche. Il était, depuis 1930, un instituteur de province
sans emploi, car il avait été renvoyé, cette année-là, par les autorités
locales du Hanovre à cause de certaines manifestations d'instabilité mentale;
son nazisme fanatique était peut-être aussi en partie responsable de son
éviction. Le docteur Rust, en effet, prêchait l'évangile nazi avec le zèle d'un Goebbels et le manque de précision d'un Rosenberg. Nommé ministre de Presse, des Sciences, des Arts et de l'Enseignement en
février 1933, il déclarait avec fierté qu'il avait réussi, du jour au
lendemain, « à liquider l'école en tant qu'institution d'acrobatie
intellectuelle ».
    C'est à cet homme sans cervelle qu'était désormais confié le
contrôle, en Allemagne, des sciences, des écoles publiques, des institutions de
hautes études et des organisations de jeunesse. Car l'enseignement, dans le
Troisième Reich, tel que l'envisageait Hitler, ne devait pas être limité à ce
qui se faisait dans des salles de classe qui sentaient le renfermé, mais être
complété par un entraînement Spartiate, politique et martial dans des groupes
de jeunesse successifs; il devait atteindre son apogée, pas tellement dans les
universités et dans les collèges d'enseignement technique, qui n'absorbaient
qu'une minorité de jeunes, mais avant tout, à l'âge de dix-huit ans, dans un
service de travail obligatoire, puis dans le service militaire proprement dit,
dans l'armée.
    Le mépris que nourrissait Hitler à l'égard des « professeurs »
et de la vie intellectuelle académique avait parsemé les pages du Mein Kampf ,
Hitler y définissait certaines de ses idées sur l'enseignement. « Dans un État
national, tout l'enseignement, avait-il écrit, doit tendre non pas à entasser
les connaissances, mais à bâtir des corps physiquement sains. » Mais ce qui lui
paraissait plus important encore, et il le disait dans son livre, c'était de
gagner les jeunes et de les former au service « d'un nouvel État national »...
sujet qu'il devait souvent reprendre quand il fut devenu dictateur de l'Allemagne.
« Quand un adversaire me dit : « Je ne passerai pas dans votre camp » —
déclara-t-il dans un discours, le 6 novembre 1933 — je lui réponds calmement :
« Votre enfant nous appartient déjà... Vous, qu'est-ce que vous êtes? Vous ne
serez pas toujours là. Mais vos descendants sont maintenant dans le camp
nouveau. D'ici peu de temps, ils ne connaîtront rien d'autre que cette
communauté nouvelle. » Et, le 1er mai 1937, il déclarait : « Notre nouveau
Reich ne donnera sa jeunesse à personne; il prendra la jeunesse lui-même et lui
donnera son propre enseignement et son éducation. » Ce n'était pas pure
vantardise; c'était exactement ce qui se passait.
    Les écoles allemandes furent rapidement nazifiées, des petites
classes à l'université. Les livres de classe furent refaits, les programmes
modifiés. Le Mein Kampf devint — comme le disait Der Deutsche
Erzieher , organe officiel des éducateurs — « notre guide pédagogique
infaillible », et les maîtres qui se refusaient à voir les choses de cette
nouvelle façon étaient renvoyés. La plupart des enseignants avaient été plus ou
moins nazis de cœur sinon membres du parti. Pour renforcer leur idéologie, ils
furent envoyés dans des écoles spéciales où on leur enseignait à fond les
principes nationaux socialistes, en insistant sur les doctrines raciales
d'Hitler.
    Toute personne qui travaillait dans l'enseignement, du jardin
d'enfants à l'université, devait être inscrite à la Ligue nationale socialiste
de l'Enseignement,

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