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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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radio et le cinéma furent, eux aussi, très vite mis au
service de la propagande nazie. Gœbbels avait toujours considéré la radio (la
télévision n'existait pas encore) comme le principal instrument de propagande
dans la société moderne et, à travers la section de la radio de son ministère et
la Chambre de la radio, il parvint à contrôler totalement les émissions et à
les modeler à sa guise. Sa tâche fut facilitée par le fait qu'en Allemagne,
comme dans les autres pays européens, la radio était un monopole d'État. En
1933, le gouvernement nazi se trouva automatiquement en possession de la
Radiodiffusion du Reich.
    Le cinéma demeurait entre les mains de sociétés privées, mais le
ministère de la Propagande et la Chambre du cinéma contrôlaient tous les
domaines de l'industrie cinématographique; leur tâche était définie
officiellement comme suit : « Elever l'industrie cinématographique hors de la
sphère des idées économiques libérales... et la rendre apte, par conséquent, à
remplir les tâches qui lui incombent dans l'État national socialiste. »
    Le résultat dans les deux cas fut de donner aux Allemands des
programmes de radio et des films aussi stupides et ennuyeux que le contenu de
leurs quotidiens et de leurs périodiques. Même le public, qui, généralement, se
soumettait sans protester à ce qu'on lui indiquait, ce qui était bon pour lui,
se révolta. Les clients boudaient en masse les films nazis et se précipitaient
dans les salles qui montraient les rares films étrangers (généralement des
films américains de série B) que Gœbbels autorisait à être représentés sur les
écrans allemands. A un moment, au milieu des années trente, il devint si
habituel de siffler les films allemands que Wilhelm Frick, le ministre de
l'Intérieur, lança un sévère avertissement contre « un comportement des
spectateurs qui constitue une trahison ».
    De même, les programmes de radio étaient tellement critiqués que
le président de la Chambre de la Radio, un certain Horst Dressler-Andress,
déclara que de telles malveillances étaient « une insulte à la culture
allemande » et ne pouvaient être tolérées. A cette époque, dans les années
trente, un auditeur allemand pouvait toujours tourner son bouton pour prendre
un tas de postes étrangers sans risquer, comme ce fut le cas par la suite,
quand la guerre eut commencé, de se faire trancher la tête. Et peut-être
beaucoup d'entre eux le faisaient-ils, mais l'auteur a néanmoins eu
l'impression, à mesure que passaient les années, que le docteur Gœbbels avait
eu raison en ce sens que la radio devint de loin l'instrument le plus efficace
de propagande du régime, faisant plus que n'importe quel autre moyen
d'expression pour modeler le peuple allemand suivant les desseins d'Hitler.
    Je devais moi-même faire l'expérience de la facilité avec
laquelle on se laisse prendre par une presse et une radio mensongères et
censurées dans un pays totalitaire. Certes, j'avais, contrairement à la plupart
des Allemands, quotidiennement accès aux journaux étrangers, et spécialement
ceux de Londres, de Paris et de Zurich, qui me parvenaient le lendemain de leur
publication; j'écoutais aussi régulièrement la BBC et d'autres radios
étrangères; mais mon travail m'obligeait à passer de nombreuses heures chaque
jour à lire la presse allemande, à écouter la radio allemande, à conférer avec
des fonctionnaires nazis et à me rendre à des réunions du parti. Et je pus
constater ainsi, à ma surprise et à ma consternation aussi, qu'en dépit de
toutes les occasions que j'avais de connaître les faits dans leur réalité et de
la méfiance instinctive qu'inspirait toute information de source nazie, des
années d'un régime régulier de nouvelles fausses et déformées finissaient par
faire impression sur mon esprit et par le tromper.
    Qui n'a pas passé des années dans un pays totalitaire ne peut
imaginer combien il est difficile d'échapper aux terribles conséquences de la
propagande calculée et incessante d'un régime. Souvent il m'arrivait, dans une
maison allemande, dans un bureau, ou parfois au cours d'une conversation banale
avec un étranger dans un restaurant, une brasserie, un café, d'entendre les
affirmations les plus bizarres dans la bouche de personnes apparemment
cultivées et intelligentes. De toute évidence, ces personnes répétaient comme
des perroquets une idiotie qu'ils avaient entendue à la radio ou lue

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