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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Allemagne...
    14.  L'Église nationale déclare que pour elle, et par
conséquent pour la nation allemande, il a été décidé que le Mein Kampf du
Führer était le plus grand de tous les documents. Non seulement il définit mais
encore il incarne la morale la plus pure et la plus vraie dont puisse se
réclamer notre nation tant dans le présent que dans l'avenir.
    18.  L'Église nationale s'écartera de ses autels et de
ses crucifix, de ses Bibles et de ses images de saints.
    19.  Il ne doit y avoir sur les autels rien d'autre
que le Mein Kampf (le plus sacré de tous les livres pour les Allemands et donc
pour Dieu) et, a la gauche de l'autel, une épée.
    30. Le jour de sa fonction, !a croix chrétienne devra être
enlevée de toutes les églises, cathédrales et chapelles... et remplacée par le
seul symbole invincible, la croix gammée (5).

LA NAZIFICATION DE LA CULTURE
    Le soir du 10 mai 1933, environ quatre mois et demi après
qu'Hitler fut devenu chancelier, une scène se déroula à Berlin comme on n'en avait
pas vu dans le monde occidental depuis le Moyen Age. Vers minuit, une retraite
aux flambeaux dans laquelle défilaient des milliers d'étudiants vint s'arrêter
sur une place de Unter den Linden, en face de l'Université de Berlin. A l'aide
des torches, le feu fut mis à un énorme tas de livres rassemblés là et, quand
les flammes montèrent, d'autres livres furent jetés dans le brasier, et
finalement quelque vingt mille volumes furent brûlés. L'incendie des livres
avait commencé.
    Parmi ces livres jetés dans les flammes à Berlin ce soir-là par
de joyeux étudiants, sous l'œil approbateur du docteur Gœbbels, il y en avait
qui avaient pour auteurs des écrivains de réputation mondiale. Parmi les
écrivains allemands, il y avait Thomas et Heinrich Mann, Léon Feuchtwanger,
Jakob Wassermann, Arnold et Stefan Zweig, Erich Maria Remarque, Walther
Rathenau, Albert Einstein, Alfred Kerr et Hugo Preuss, ce dernier étant le
lettré qui avait rédigé la Constitution de Weimar. Mais on ne brûla pas
seulement les ouvrages de douzaines d'écrivains allemands. Bon nombre d'auteurs
étrangers étaient, eux aussi, compris dans la liste : Jack London, Upton
Sinclair, Helen Keller, Margaret Sanger, H. G. Wells, Havelock Ellis, Arthur
Schnitzler, Freud, Gide, Zola, Proust. Suivant les termes d'une déclaration
d'étudiants, était condamné à être détruit par les flammes tout livre « qui a
une action subversive sur notre avenir ou porte atteinte aux racines de la
pensée allemande, du foyer allemand, et des forces motrices de notre peuple ».
    Le docteur Gœbbels, nouveau ministre de la Propagande, qui
allait, à partir de ce moment, mettre la culture allemande dans la camisole de
force nazie, s'adressa en ces termes aux étudiants, tandis que les livres
étaient réduits en cendres : « L'âme du peuple allemand peut de nouveau
s'exprimer. Ces flammes n'illuminent pas seulement la fin définitive d'une ère;
elles éclairent aussi l'ère nouvelle. »
    La nouvelle ère nazie de la culture allemande n'était pas
seulement éclairée par les feux de joie de livres et par les mesures plus
efficaces, bien que moins symboliques, d'interdiction de vente ou de mise en
circulation dans les bibliothèques de centaines de volumes et de publication de
nombreux ouvrages nouveaux, mais aussi par la réglementation de la culture à un
degré qu'on n'avait encore jamais connu dans aucune nation occidentale. Dès le
22 septembre 1933, une loi instituait la Chambre culturelle du Reich, sous la
direction du docteur Gœbbels. Son but était légalement défini comme suit : « En
vue de poursuivre une politique de culture allemande, il est nécessaire de
rassembler dans une organisation unifiée placée sous la direction du Reich les
artistes créateurs de toutes les sphères. Le Reich doit non seulement
déterminer les méthodes à suivre, tant sur le plan mental que spirituel, mais
encore diriger et organiser les carrières libérales. »
    Sept chambres dépendant de la Chambre culturelle furent
instituées afin de contrôler toutes les sphères de la vie culturelle : ce
furent les Chambres des beaux-arts, de la musique, du théâtre, des lettres, de
la presse, de la radio et du cinéma. Toutes les personnes exerçant leurs
activités dans ces divers domaines étaient contraintes de s'inscrire dans ces
chambres respectives, dont les décisions et les directives avaient force de
loi. Entre autres pouvoirs, les

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