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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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chambres avaient celui d'expulser — ou de
refuser d'accepter — des membres pour cause « d'instabilité politique »;
autrement dit, ceux qui avaient une attitude même tiède vis-à-vis du
national-socialisme pouvaient être, et étaient généralement, empêchés d'exercer
leur profession ou leur art et donc privés de moyens d'existence.
    Quiconque a habité en Allemagne dans les années trente, et que
ces problèmes intéressaient, ne peut oublier le navrant déclin du niveau
culturel d'un peuple chez qui la culture s'était maintenue à un degré si élevé
pendant si longtemps. C'était inévitable, bien sûr, à partir du moment où les
chefs nazis décidèrent que les arts, les lettres, la presse, la radio et le
cinéma devaient servir exclusivement à la propagande du nouveau régime et de sa
philosophie barbare. Aucun écrivain allemand de quelque importance, à
l'exception d'Ernst Jünger et d'Ernst Wiechert, ne fut publié en Allemagne sous
les nazis. Presque tous, Thomas Mann en tête, émigrèrent; les rares qui
restèrent demeurèrent silencieux ou furent réduits au silence. Tout manuscrit
de livre ou de pièce de théâtre devait être soumis au ministère de la
Propagande avant de pouvoir être publié ou joué.
    Ce fut la musique qui eut le moins à souffrir, ne serait-ce que
parce que c'était le moins politique des arts et parce que les Allemands en
avaient une riche provision, de Bach à Beethoven, en passant par Mozart et
Brahms. Mais il était interdit de jouer du Mendelssohn parce que celui-ci était
Juif (toutes les œuvres de compositeurs juifs étaient verboten ), ainsi
que la musique du plus grand compositeur de l'Allemagne moderne, Paul
Hindemith. Les Juifs furent rapidement éliminés des grands orchestres
symphoniques et de l'opéra.
    Contrairement aux écrivains, la plupart des grandes figures du
monde musical allemand choisirent de rester dans l'Allemagne nazie, et même
prêtèrent leur nom et leur talent à l'Ordre nouveau. Wilhelm Furtwaengler, l'un
des plus grands chefs d'orchestre de notre siècle, resta. Il fut en disgrâce
pendant un an en 1934 parce qu'il avait pris la défense de Hindemith, mais il
reprit ses activités et les garda jusqu'à la fin du régime hitlérien. Richard
Strauss, qui est l'un des plus grands compositeur du monde, demeura lui aussi et
même devint pendant un temps président de la Chambre de musique du Reich,
prêtant son grand nom à la prostitution de la culture par Gœbbels.
    Walter Gieseking, l'éminent pianiste, fit de nombreuses tournées
dans des pays étrangers organisées et approuvées par le ministre de la
Propagande, tournées qui avaient pour but de faire apprécier la « culture »
allemande à l'étranger. Mais comme les musiciens n'émigrèrent pas et comme
l'Allemagne possède un grand trésor de musique classique, on pouvait entendre,
sous le Troisième Reich, de la musique symphonique et des opéras magnifiquement
exécutés. L'Orchestre philharmonique de Berlin et l'Opéra de Berlin étaient au
premier rang des grandes formations symphoniques. L'excellente qualité de la
musique qu'ils entendaient contribuait beaucoup à faire oublier aux gens la
dégradation des autres arts et bien d'autres aspects de la vie sous les nazis.
    Le théâtre conserva, il faut le dire, beaucoup de son excellence
tant qu'il s'en tint aux classiques. Max Reinhardt était parti, bien sûr, avec
tous les autres producteurs, metteurs en scène et acteurs juifs. Les auteurs
nazis étaient si grotesquement mauvais que le public les boudait et que toutes
leurs pièces faisaient de brèves carrières. Le président de la Chambre du
théâtre du Reich était un certain Hans Johst, auteur raté, qui avait un jour
déclaré publiquement que chaque fois que quelqu'un prononçait le mot « culture
» devant lui, il avait envie de tirer son revolver. Mais même Johst et Gœbbels,
qui décidaient de ce qui devait être représenté et qui le faisaient représenter
et mettre en scène, ne pouvaient empêcher le théâtre allemand de donner de
louables et souvent émouvantes représentations de Gœthe, Schiller et
Shakespeare.
    Fait étrange, des pièces de Shaw purent être représentées sous
les nazis : peut-être parce qu'il se moquait des Anglais et critiquait la
démocratie, et peut-être aussi parce que son esprit et ses idées politiques de
gauche échappaient à l'intelligence des nazis.
    Le cas le plus étrange de tous, ce fut celui du grand

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