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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d'Allemagne, le Frankfurter
Zeitung , continua, lui aussi, à être publié, après s'être débarrassé de son
propriétaire et de ses rédacteurs juifs. Rudolf Kircher, qui avait été le
correspondant du journal à Londres, et qui était anglophile et libéral, devint
rédacteur en chef et, tout comme Karl Silex, rédacteur en chef du Deutsche Allgemeine , le journal conservateur
berlinois, qui avait, lui aussi, été correspondant à Londres, diplômé de
l'université de Rhodes, admirateur passionné des Britanniques et libéral, il
servit bien les nazis, devenant souvent, comme disait Otto
Dietrich, le directeur de la Presse, en parlant des anciens « journaux
d'opposition », « plus royaliste que le roi ». Si ces trois journaux
survécurent, ce fut en grande partie grâce à l'influence du ministère
des Affaires étrangères allemand, qui utilisait leur réputation internationale
pour impressionner l'étranger. Ils conféraient de la respectabilité à
l'Allemagne nazie et, en même temps, colportaient sa propagande.
    Du moment que tous les journaux allemands étaient instruits de
ce qu'ils devaient publier et de la manière dont ils devaient rédiger les
nouvelles, la presse du pays était inévitablement devenue d'une terrible
uniformité. Pour enrégimentés qu'ils fussent et habitués à se plier devant
l'autorité, les Allemands commencèrent à trouver leurs journaux ennuyeux. Le
tirage des journaux même aussi importants que les quotidiens nazis, le Völkischer Beobachter , journal du
matin, et Der Angriff , journal
du soir, diminua. Et le tirage total de tous les journaux diminua de façon
vertigineuse à mesure que les journaux coulaient bu étaient repris par des
directeurs nazis. Dans les quatre premières années du Troisième Reich, le nombre des quotidiens passa de 3 607 à 2 671.
    Mais, si le pays perdait une presse libre et variée, le parti y
gagnait... financièrement du moins. Max Amann, sergent d'Hitler durant la
guerre de 1914-1918 et chef du Eher Verlag, la maison
d'édition du parti, devint le dictateur financier de la presse allemande. En
tant que chef de la Presse du Reich et président de la
Chambre de la presse, il avait le droit de supprimer légalement toute
publication qu'il désirait supprimer et, en conséquence, le pouvoir de la
racheter pour une bouchée de pain. En peu de temps, le Eher
Verlag devint un immense empire de l'édition, probablement le plus vaste
et le plus lucratif du monde [67] .
    En dépit de la baisse dans les ventes du nombre de publications
nazies, les quotidiens qui appartenaient au parti et étaient contrôlés par lui
ou par des nazis comptaient les deux tiers du tirage quotidien total de 25
millions de journaux, au moment où éclata la seconde guerre. Dans sa
déposition, à Nuremberg, Amann expliqua comment les choses marchaient :
    Après l'accession au pouvoir du parti, en 1933..., nombre
de ces entreprises, telles que la Maison Ullstein, qui appartenaient à des
Juifs, ou qui étaient gérées par des capitaux juifs, ou par des organisations
politiques ou religieuses hostiles au Parti nazi, trouvèrent opportun de vendre
leurs journaux ou leurs parts au Eher. La vente de tels biens n'était pas
libre, et le Eher Verlag était généralement le seul client. De cette façon, le
Eher Verlag, avec des maisons d'éditions lui appartenant ou contrôlées par lui,
acquit le monopole de la publication des journaux en Allemagne... Les
investissements du parti dans ces entreprises furent très bénéficiaires
financièrement. La vérité, c'est que le principe fondamental du programme nazi
en ce qui concernait la Presse, c'était d'éliminer tous les journaux qui
étaient en opposition avec le parti (6).
    A un moment, en 1934, Amann et Gœbbels en appelèrent tous les
deux aux directeurs de journaux obséquieux pour les inciter à rendre leurs
journaux moins monotones. Amann dit qu'il « déplorait la grande uniformité de
la presse actuelle, qui ne résultait pas des mesures gouvernementales et ne
répondait pas au vœu du gouvernement ». Un directeur téméraire, Ehm Welke,
directeur de l'hebdomadaire Gruene Post , commit l'erreur de prendre
Amann et Gœbbels au sérieux. Il reprocha au ministère de la Propagande toute sa
paperasserie et les contraintes qu'il imposait à la presse et qui rendaient
celle-ci si ennuyeuse. Aussitôt, son journal fut suspendu pour trois mois et
lui-même renvoyé par Gœbbels et expédié dans un camp de concentration.
    La

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