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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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certain
que l'Italie, pour peu que l'Allemagne lui fournît quelques matières premières,
pourrait tenir en échec l'Angleterre et la France.
    Si l'Allemagne mettait à profit cette guerre pour régler
les questions tchèque et autrichienne, on pouvait supposer que la
Grande-Bretagne — elle-même en guerre contre l'Italie — déciderait de ne pas
agir contre l'Allemagne. Sans le soutien britannique, une agression armée de la
France contre l'Allemagne n'était pas à craindre. Le moment où serait
déclenchée notre attaque contre la Tchécoslovaquie et l'Autriche devait
dépendre du cours de la guerre anglo-franco-italienne. Cette situation
favorable... ne se représenterait plus... L'irruption en Tchécoslovaquie
devrait être effectuée « à la vitesse de l'éclair ».
    Ainsi, tandis que le soir descendait sur Berlin en ce jour
d'automne, le 5 novembre 1937 (la séance fut levée à vingt heures quinze), les
dés étaient jetés. Hitler avait annoncé sa décision irrévocable : il était
résolu à faire la guerre. Pour la poignée d'hommes qui auraient à la conduire,
la chose ne faisait plus désormais aucun doute. Le dictateur avait déjà écrit
tout cela dix ans plus tôt dans Mein Kampf ; il y affirmait que
l'Allemagne avait besoin d'un espace vital à l'est et qu'elle devait être prête
à employer la force pour l'obtenir; mais, à cette époque, il n'était qu'un
obscur agitateur et, comme le dit plus tard le maréchal von Blomberg, son livre
avait été considéré par les militaires — et par beaucoup de civils — comme « un
ouvrage de propagande largement répandu à la suite de ventes forcées ».
    Mais cette fois les chefs de la Wehrmacht et le ministre des
Affaires Étrangères entendaient leur chef donner les dates précises d'une
véritable agression contre deux pays voisins, action qui déclencherait — ils en
étaient sûrs — une guerre européenne. Ils devraient être prêts dès l'année
suivante en 1938, au plus tard en 1943-1945.
    Cette révélation fut pour eux comme un coup de massue. Non pas,
du moins d'après ce qu'il ressort du récit de Hossbach, parce qu'ils furent
accablés par le caractère immoral des desseins de leur chef, mais pour des
raisons plus pratiques : l'Allemagne n'était pas prête pour une grande guerre.
Provoquer dès maintenant un conflit, ce serait risquer la catastrophe.
    Aussi Blomberg, Fritsch et Neurath osèrent-il élever la voix et
discuter les déclarations du Führer. Trois mois plus tard, ils étaient tous
relevés de leurs fonctions, et Hitler, délivré de leur opposition, si faible
qu'elle fût — et il ne devait plus désormais souffrir la moindre contradiction,
— se lança sur le chemin des conquêtes pour accomplir sa destinée. Au début, ce
chemin fut plus facile qu'on n'aurait pu le prévoir, plus facile, d'ailleurs,
qu'il ne l'avait prévu lui-même.

10 -
ÉTRANGE ET FATAL ÉPISODE :
LA CHUTE DE BLOMBERG, DE FRITSCH,
DE NEURATH ET DE SCHACHT.
    La décision prise par Hitler d'employer la force armée contre
l'Autriche et la Tchécoslovaquie, même si l'Allemagne devait être entraînée
dans une guerre contre la Grande-Bretagne et la France, décision annoncée par
lui le 5 novembre, fut un coup si rude pour son ministre des Affaires
étrangères que le baron von Neurath, pourtant insouciant, content de soi et
faible de caractère, eut alors plusieurs crises cardiaques (1).
    « Le discours d'Hitler me bouleversa, devait-il dire plus tard
devant le tribunal de Nuremberg, parce qu'il signifiait l'effondrement de la politique
étrangère que j'avais, jusqu'alors, poursuivie avec persévérance (2). » Dans
cet état d'esprit, et malgré ses crises cardiaques, il alla trouver deux jours
plus tard le général von Fritsch et le général Beck, chef d'état-major général,
et débattit avec eux ce qui pourrait être fait « pour amener Hitler à changer
d'avis ». L'impression produite sur Beck par la harangue d'Hitler, d'après le
colonel Hossbach qui lui en communiqua les termes, avait été « écrasante ».
    Il fut convenu que Fritsch ferait à nouveau des représentations
au Führer lors de leur prochaine rencontre et lui signalerait les
considérations d'ordre militaire qui allaient à l'encontre de ses plans, après
quoi Neurath, à son tour, insisterait à nouveau auprès d'Hitler sur les dangers
politiques auxquels il s'exposerait. Quant à Beck, il coucha aussitôt sur le
papier une critique accablante des projets d'Hitler,

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