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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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qu'il semble n'avoir
montrée à personne — premier signe d'une faille déplorable dans l'esprit et le
caractère de ce général digne d'estime, qui, au début, avait salué avec
enthousiasme l'avènement du nazisme et qui devait finir par sacrifier sa vie en
tentant vainement de le détruire.
    Le général von Fritsch fut reçu par Hitler le 9 novembre. Le
compte rendu de leur conversation ne nous est pas parvenu, mais tout permet de
supposer que le commandant en chef de l'armée exposa à nouveau ses arguments
d'ordre militaire contre les plans d'Hitler, sans obtenir le moindre résultat.
Le Führer n'était pas d'humeur à admettre la moindre opposition, pas plus de la
part des généraux que de celle du ministre des Affaires étrangères. Il refusa
de recevoir Neurath et partit pour sa retraite montagnarde de Berchtesgaden, où
il prit un long repos. Ce fut seulement à la mi-janvier que Neurath, toujours
aussi accablé, put obtenir un rendez-vous avec le Führer.
    En cette circonstance, je m'efforçai de lui démontrer,
affirma-t-il plus tard à Nuremberg, que sa politique conduirait à une guerre
mondiale. Je ne voulais pas m'y associer. J'appelai son attention sur le danger
de guerre et sur le grave avertissement donné par les généraux... Quand, en
dépit de tous nos arguments, il refusa de démordre de son opinion, je lui dis
qu'en ce cas il lui faudrait chercher un autre ministre des Affaires étrangères
(3)...
    Bien que Neurath l'ignorât alors, c'était précisément ce
qu'Hitler avait décidé de faire. Quinze jours plus tard, il célébrait le
cinquième anniversaire de son accession au pouvoir, et il avait l'intention de
marquer cette date en faisant maison neuve, non seulement aux Affaire
étrangères, mais dans l'armée, ces deux citadelles de la « réaction » et de
l'aristocratie, dont il se méfiait en secret, car, il le sentait bien, elles ne
l'avaient jamais complètement accepté et ne comprenaient pas vraiment ses buts.
D'ailleurs, comme l'avait démontré l'attitude de Blomberg, de Fritsch et de
Neurath le soir du 5 novembre, elles faisaient obstacle à la réalisation de ses
ambitions. Fritsch et Neurath, en particulier, et peut-être même le complaisant
Blomberg à qui il devait tant, seraient obligés de suivre dans la retraite
l'inimitable docteur Schacht.
    Car le rusé financier, le fervent militant des débuts du
nazisme, le zélé disciple d'Hitler, était tombé en disgrâce.
    Nous l'avons vu, le docteur Schacht avait consacré toute son
énergie et ses talents de magicien à financer le rapide réarmement exigé par
Hitler. En tant que plénipotentiaire de l'économie de guerre ou comme ministre
de l'Économie nationale, il avait machiné toute une série de combinaisons, y
compris l'usage de la planche à billets, pour trouver l'argent nécessaire à la
création d'une armée, d'une marine et d'une aviation nouvelles, ainsi qu'au
paiement des dépenses engagées pour la fabrication des armements. Mais il y
avait une limite au-delà de laquelle le pays ne pouvait aller sans faire
faillite et, en 1936, il lui sembla que l'Allemagne approchait de cette limite.
    Il en avertit Hitler, Gœring et Blomberg, mais sans grand
succès, bien que, pendant un certain temps, le ministre de la Guerre se fût
rangé à ses côtés. Quand, en septembre 1936, Gœring fut nommé plénipotentiaire
pour le plan de quatre ans, projet exorbitant destiné à permettre à l'Allemagne
de se suffire à elle-même dans un délai de quatre ans (Schacht estimait qu'un
tel but était impossible à atteindre), le chef de la Luftwaffe devint, en
réalité, le dictateur économique de l'Allemagne. Pour un homme aussi vaniteux
et ambitieux [80] que Schacht, aussi plein de dédain pour l'ignorance de Gœring en matière de
questions économiques, cette nomination rendait sa position intenable et, après
plusieurs mois de violentes controverses entre ces deux hommes également
résolus, Schacht demanda au Führer de placer désormais la direction de la
politique économique entre les seules mains de son rival et de lui permettre de
donner sa démission de membre du cabinet.
    L'attitude adoptée par de nombreux gros industriels et hommes
d'affaires allemands ajoutait encore à son découragement : comme il l'a raconté
depuis, « ils se pressaient dans l'antichambre de Gœring, dans l'espoir
d'obtenir des commandes, alors que je cherchais encore à faire entendre la voix
de la raison (4) ».
    Faire entendre la

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