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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'armée allemande une union
avec une jeune fille issue du peuple serait mal accueillie par le hautain et
aristocratique corps des officiers, il alla demander conseil à Goering.
Celui-ci ne voyait aucun inconvénient à ce mariage. N'avait-il pas lui-même
épousé une actrice divorcée, après la mort de sa première femme ? Dans le
Troisième Reich, les stupides préjugés sociaux auxquels restait attaché le
corps des officiers n'avaient plus court. Non seulement Goering approuva le
projet de Blomberg, mais il se déclara prêt, le cas échéant, à plaider sa cause
auprès d'Hitler et à lui rendre tout autre service dont il pourrait avoir
besoin.
    Il se trouvait justement que Gœring était en mesure de rendre un
service à son camarade. Celui-ci lui confia, en effet, qu'il avait un rival.
Pour Gœring, ce détail ne posait aucun problème. Plus d'une fois, en pareil
cas, des gêneurs avaient été expédiés dans des camps de concentration. Sans
doute en considération des idées morales désuètes professées par le
feld-maréchal, Gœring lui proposa seulement d'envoyer le rival encombrant en
Amérique du Sud, ce qu'il fit en effet.
    Pourtant Blomberg se sentait inquiet. Le 15
décembre 1937, Jodl écrivait dans son journal cette phrase curieuse : « Le
feld-maréchal Blomberg, dans un état d'extrême
surexcitation. Raison inconnue. Apparemment une affaire personnelle. Il s'est
retiré pendant huit jours dans un lieu inconnu (6). »
    Le 22 décembre, Blomberg reparut pour
prononcer l'éloge funèbre du général Ludendorff à la Feldherrnhalle, à Munich. Hitler était présent, mais ne consentit pas à prendre la
parole. Le héros de la guerre mondiale avait refusé tout contact avec lui
depuis le jour où il avait dû fuir, en face du bâtiment de la Feldherrnhalle,
sous une grêle de balles, pendant le putsch de la Brasserie. A l'issue de la
cérémonie, Blomberg fit part à Hitler de son projet de
mariage. A son grand soulagement, le Führer lui accorda sa
bénédiction.
    La cérémonie eut lieu le 12 janvier 1938. Hitler et Gœring y
assistèrent en qualité de premiers témoins. A peine les mariés étaient-ils
partis pour l'Italie en voyage de noces que la tempête éclata. Le rigide corps
des officiers aurait peut-être fini par admettre que le feld-maréchal épousât
sa secrétaire, mais il n'était pas disposé à accepter son mariage avec une
femme chargée d'un passé dont les détails pénibles venaient maintenant à se
révéler.
    Au début, ce ne furent que des rumeurs. Des généraux très collet
monté recevaient des coups de téléphone anonymes de la part de jeunes femmes
ricanantes, se trouvant apparemment dans des cafés louches ou des boîtes de
nuit, qui félicitaient l'armée d'avoir accueilli en son sein l'une d'entre
elles. Au siège de la police, à Berlin, un inspecteur, en vérifiant ces
rumeurs, découvrit un dossier marqué « Erna Gruhn ».
Horrifié, il le communiqua au chef de la police, le comte von
Helldorf.
    Le comte, vétéran du Freikorps , un rustre qui avait autrefois participé aux brutales activités
des S.A., fut horrifié lui aussi. Le dossier révélait, en effet, que la jeune
épouse du feld-maréchal et commandant en chef était inscrite comme prostituée
sur les fiches de la police et reconnue coupable d'avoir posé pour des
photographies pornographiques. La jeune maréchale, apprit-on, avait été élevée
dans un salon de massage tenu par sa mère et qui servait tout simplement à
dissimuler une maison de rendez-vous, comme il arrivait souvent à Berlin.
    Le devoir de Helldorf l'obligeait évidemment à remettre le
dossier compromettant à son supérieur, Himmler, chef de la police allemande.
Mais, si ardent nazi qu'il fût, il avait autrefois fait lui-même partie du
corps des officiers et s'était imprégné de certaines de ses traditions. Il
savait que depuis plus d'un an Himmler était à couteaux tirés avec le
Haut-Commandement militaire, qui en venait à le juger plus dangereux que
l'avait été autrefois Rœhm; aussi était-il certain que le chef de la police
utiliserait le dossier pour faire chanter le feld-maréchal et pour attaquer, à
travers sa personne, les généraux conservateurs.
    Courageusement, Helldorf apporta les dossiers de police non pas
à Himmler, mais au général Keitel. Il était, semble-t-il, convaincu que Keitel,
qui devait sa récente promotion dans l'armée à Blomberg, avec qui il avait
d'ailleurs des liens de famille,

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