Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
parole d'Hitler.
    Il se peut que le président Edouard Benès, si subtil pourtant, n'ait
pas eu le temps de se rendre compte ce soir-là que la fin de l'Autriche
signifiait en même temps celle de la Tchécoslovaquie. Pendant ce week-end, il
se trouva des gens en Europe pour estimer que le gouvernement tchécoslovaque
manquait de clairvoyance; ils pensaient que les Tchèques auraient dû réagir le
soir du 11 mars, étant donné la situation stratégique désastreuse dans laquelle
allait se trouver la Tchécoslovaquie à la suite de l'occupation de l'Autriche
par les nazis — les troupes allemandes l'entoureraient alors de trois côtés —
et considérant aussi que, si elle était intervenue pour tenter de sauver
l'Autriche, la Russie, la France et la Grande-Bretagne, ainsi que la S.D.N.,
seraient entrées en conflit avec le Troisième Reich, alors que celui-ci était
incapable de résister.
    Mais les événements ultérieurs, qui vont être relatés ici,
détruisent sans aucun doute une telle argumentation. Un peu plus tard, au
moment où les deux grandes démocraties et la S.D.N. eurent une meilleure
occasion d'arrêter Hitler dans sa course, elles répugnèrent à la saisir. De
toute manière, à aucun instant de ce jour mémorable, Schuschnigg ne fit
officiellement appel à Londres, à Paris, à Prague ou à Genève. Peut-être
pensa-t-il, comme le montrent ses mémoires, que ce serait du temps perdu.
D'autre part, le président Miklas était persuadé, comme il l'a affirmé par la
suite, que le gouvernement autrichien, qui avait immédiatement informé Paris et
Londres de l'ultimatum allemand, poursuivait « des conversations » avec les gouvernements
français et britannique pendant tout l'après-midi pour s'assurer de leur «
disposition d'esprit ».
    Quand il devint évident que leur « disposition d'esprit »
consistait uniquement à envoyer de vaines protestations à Berlin, le président
Miklas, un peu avant minuit, finit par céder. Il nomma Seyss-Inquart chancelier
et accepta la liste des ministres qu'il lui soumit : « J'étais complètement
abandonné, aussi bien dans mon pays qu'à l'étranger », devait-il dire amèrement
par la suite.
    Après avoir adressé au peuple allemand une proclamation
grandiloquente dans laquelle il justifiait son agression avec son habituel
mépris pour la vérité et donnait l'assurance que le peuple autrichien
choisirait son avenir au moyen d'un « véritable plébiscite », proclamation lue
à nouveau par Gœbbels à la radio allemande et autrichienne, le 12 mars à midi,
Hitler partit pour son pays natal. Il y reçut un bruyant accueil. Dans chaque
village, hâtivement décoré en son honneur, les habitants l'acclamaient. Dans
l'après-midi, il atteignit son premier but, la ville de Linz, où il avait été
écolier. La réception fut délirante, et Hitler s'en montra profondément ému. Le
lendemain, après avoir expédié un télégramme à Mussolini : « Je n'oublierai
jamais ce que vous avez fait pour moi », il alla déposer une couronne sur la
tombe de ses parents, à Leonding, puis revint à Linz pour y prononcer un
discours :
    Quand, voici bien des années, je quittai cette ville,
j'emportais avec moi les convictions qui remplissent aujourd'hui mon cœur. Jugez
de la profondeur de mon émotion quand, après tant d'années, j'ai pu faire de
ces convictions une réalité. Si la Providence a voulu un jour que je quitte
cette ville pour devenir le chef du Reich, c'est qu'elle m'avait chargé d'une
mission et cette mission n'était autre que de ramener mon cher pays natal au
sein du Reich allemand. J'ai cru en cette mission, j'ai vécu et lutté pour elle
et je crois l'avoir accomplie.
    Dans l'après-midi du 12, Seyss-Inquart, accompagné d'Himmler,
prit l'avion pour Linz, afin d'y rencontrer Hitler; il proclama avec orgueil
que l'article 88 du traité de Saint-Germain, aux termes duquel l'indépendance
de l'Autriche était inaliénable et garantie par la S.D.N., se trouvait
désormais annulé. Aux yeux d'Hitler, exalté par l'enthousiasme des foules
autrichiennes, ce n'était pas suffisant. Il convoqua d'urgence à Linz le
docteur Wilhelm Stuckart, sous-secrétaire du ministère de l'Intérieur, que son
ministre Frick avait envoyé à Vienne pour rédiger une loi nommant Hitler
président de l'État autrichien. Quelque peu surpris, le jurisconsulte, ainsi
qu'il l'a déclaré plus tard à Nuremberg, s'entendit charger par Hitler de «
rédiger une loi en prévision

Weitere Kostenlose Bücher