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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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refus, les troupes allemandes envahiraient
l'Autriche.
    Je déclare en face du monde entier que les bruits lancés en
Allemagne, prétendant que des désordres auraient été créés par les
travailleurs, que des ruisseaux de sang auraient coulé et que le gouvernement
autrichien ne serait plus maître de la situation, sont faux depuis A jusqu'à Z.
Le président Miklas m'a demandé de faire savoir au peuple d'Autriche que nous
avons cédé à la force parce que nous nous refusons, même en cette heure
terrible, à verser le sang. Nous avons décidé d'ordonner aux troupes de
n'opposer aucune résistance [97] .
Je prends donc congé du peuple autrichien, en lui adressant cette formule
d'adieu allemand, prononcée du plus profond de mon cœur : « Dieu protège
l'Autriche! »
    Si le chancelier prenait congé de son peuple, l'intraitable
président n'était pas encore disposé à en faire autant. Gœring l'apprit quand
il téléphona au général Muff, peu après le discours de Schuschnigg à la radio :
« Le mieux, ce serait que Miklas donne sa démission, lui dit Gœring.
    —  Oui, mais il s'y refuse, répliqua Muff. Nous avons eu
ensemble un entretien très dramatique. Je lui ai parlé pendant près d'un quart
d'heure. Il déclare qu'en aucun cas il ne cédera à la force.
    —  Vraiment? Il ne veut pas céder à la force? »
    Gœring n'en croyait pas ses oreilles.
    « Il ne cédera pas à la force, répéta le général.
    —  Alors il veut qu'on le chasse à coups de pied?
    —  Oui, dit Muff, il est ferme.
    —  En effet, avec quatorze enfants, répliqua Gœring en
riant, il faut qu'il sache être ferme. Quoi qu'il en soit, dites à Seyss de
prendre sa succession. »
    Restait à régler la question du télégramme par lequel Hitler
voulait justifier l'invasion de l'Autriche. Le Führer, selon
von Papen qui l'avait rejoint à la Chancellerie de Berlin, était maintenant «
dans un état voisin de la folie ». L'entêtement du président autrichien faisait
obstacle à ses plans. Seyss-Inquart les contrecarrait également parce qu'il
n'avait pas encore expédié le télégramme demandant à Hitler d'envoyer des
troupes en Autriche pour rétablir l'ordre. Exaspéré au-delà de toute
expression, Hitler télégraphia l'ordre d'invasion, le soir du 11 mars, à huit
heures quarante-cinq [98] .
    Trois minutes plus tard, à huit heures quarante-huit, Gœring
téléphonait à Keppler à Vienne :
    Écoutez attentivement. Seyss-Inquart devra adresser ici le
télégramme suivant. Prenez-en note :
    « Le gouvernement provisoire autrichien, qui, après la
démission du président Schuschnigg, s'estime chargé d'établir la paix et
l'ordre en Autriche, demande instamment au gouvernement allemand de l'aider à
remplir sa tâche et à éviter une effusion de sang. Dans ce but, il demande au
gouvernement allemand d'envoyer des troupes allemandes en Autriche aussitôt que
possible. »
    Keppler assura le feld-maréchal qu'il allait montrer
immédiatement à Seyss-Inquart le texte du « télégramme ».
    « Eh bien, dit Gœring, ce n'est même pas la peine qu'il envoie
le télégramme. Il lui suffit de dire : « Entendu. »
    Une heure plus tard, Keppler rappelait Berlin : « Dites au
feld-maréchal que Seyss-Inquart est d'accord [99] .
»
    C'est ainsi que, le lendemain, quand je passai par Berlin, je
vis dans le Völkischer Beobachter une
manchette énorme : L'Autriche allemande
sauvée du chaos . Sous ce titre, on racontait des histoires incroyables,
fabriquées par Goebbels, décrivant les désordres fomentés
par les Rouges — batailles, fusillades, pillage — dans les principales artères
de Vienne. J'y trouvai également le texte du télégramme publié par le D.N.B. , l'agence officielle allemande d'informations, déclarant
qu'il avait été expédié la veille au soir à Hitler par Seyss-Inquart. En fait,
deux exemplaires du « télégramme », exactement tel que Gœring l'avait dicté,
furent trouvés dans les archives des Affaires étrangères allemandes à la fin de
la guerre. Papen expliqua par la suite de quelle manière ils y étaient
parvenus. Ils avaient été établis, dit-il, quelque temps après, par le ministre
allemand des Postes et Télégraphes et déposés dans les dossiers officiels.
    Pendant tout cet après-midi et cette soirée de fièvre, Hitler
avait attendu avec anxiété non seulement la capitulation du président Miklas,
mais un mot de Mussolini. Le silence du protecteur de l'Autriche

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