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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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devenait
inquiétant. A dix heures vingt-cinq du soir, le prince Philippe de Hesse téléphona de Rome à la Chancellerie. Hitler saisit
lui-même l'appareil. Les techniciens de Gœring enregistrèrent la conversation
que voici :
    Le prince :
J'arrive à l'instant du palais de Venise. Le Duce a pris la chose de la façon
la plus amicale. Il vous envoie ses amitiés... Schuschnigg lui avait fait part
des nouvelles... Mussolini a dit que le sort de l'Autriche lui importait peu .
    Hitler était transporté de joie et de soulagement.
    Hitler : En
ce cas, veuillez dire à Mussolini que je n'oublierai jamais son attitude.
    Le prince :
Oui, monsieur.
    Hitler :
Jamais, jamais, jamais, quoi qu'il advienne! Je suis prêt à conclure avec lui
un accord tout différent .
    Le prince :
Oui, monsieur, je lui ai dit cela aussi.
    Hitler : Dès
que l'affaire autrichienne sera réglée, je serai prêt à marcher avec lui au
travers de tous les obstacles, quoi qu'il advienne.
    Le prince :
Oui, mon Führer.
    Hitler :
Écoutez, je conclurai n'importe quel accord. Je ne redoute plus désormais la
terrible situation militaire dans laquelle nous nous serions trouvés si un
conflit avait éclaté. Vous pouvez lui dire que je le remercie du fond du cœur.
Jamais, jamais je n'oublierai cela.
    Le prince :
Oui, mon Führer.
    Hitler : Je
n'oublierai jamais ce qu'il a fait pour moi, quoi qu'il advienne. Si jamais il
a besoin d'une aide quelconque, ou s'il se trouve en danger, il peut être
certain que je lui serai fidèle, quoi qu'il arrive, le monde entier fût-il
ligué contre lui.
    Le prince :
Oui, mon Führer.
    A ce moment critique, quelles mesures la Grande-Bretagne, la
France et la S.D.N. prirent-elles pour arrêter l'agression allemande contre un
pays voisin et pacifique? Aucune. La France était, une fois de plus, sans
gouvernement. Le jeudi 10 mars, le cabinet Chautemps avait démissionné. Tout au
long de cette journée cruciale du vendredi 11 mars, tandis que Gœring
téléphonait ses ultimatums à Vienne, il n'y avait personne à Paris qui eût
qualité pour agir. C'est seulement le 13, quand l'Anschluss eut été proclamé,
qu'un gouvernement français fut formé, ayant à sa tête Léon Blum.
    Et la Grande-Bretagne? Le 20 février, huit jours après que
Schuschnigg eut capitulé à Berchtesgaden, le ministre des Affaires étrangères,
Anthony Eden, avait démissionné, en raison surtout de son hostilité aux
nouveaux apaisements que Chamberlain se proposait de donner à Mussolini. Il fut
remplacé par Lord Halifax. Ce changement fut bien accueilli à Berlin, de même
que la déclaration de Chamberlain à la Chambre après l'ultimatum de
Berchtesgaden et dont l'ambassade d'Allemagne à Londres rendit longuement
compte dans une dépêche adressée à Berlin le 4 mars (31).
    Chamberlain, disait-on, avait déclaré, à propos des entretiens
de Berchtesgaden, que « c'était une simple rencontre entre deux hommes d'État
désireux de se mettre d'accord sur certaines mesures propres à améliorer les
relations entre leurs deux pays... Il semblait difficile de soutenir que les
deux hommes d'État s'étaient tout simplement mis d'accord sur certains
changements d'ordre intérieur dans l'un des deux pays, changements souhaitables
dans l'intérêt de leurs relations communes, et que l'un de ces pays avait dû,
pour cela, renoncer à son indépendance en faveur de l'autre. Au contraire,
affirma Chamberlain, dans le discours du chancelier fédéral en date du 24
février, rien ne donnait l'impression que lui-même (Schuschnigg) estimât que
l'Autriche avait dû abdiquer son indépendance. »
    Si l'on songe que la légation britannique à Vienne, comme je
l'appris moi-même à l'époque, avait fourni à Chamberlain des détails complets
sur l'ultimatum présenté à Schuschnigg à Berchtesgaden, ce discours, qui fut
prononcé devant les Communes le 11 mars, semble vraiment stupéfiant [100] .
Mais il fit grand plaisir à Hitler. Celui-ci comprit qu'il allait pouvoir entrer
en Autriche sans s'attirer de difficultés avec la Grande-Bretagne. Le 9 mars,
Ribbentrop, le nouveau ministre des Affaires étrangères allemand, était arrivé
à Londres pour régler ses affaires à l'ambassade où il avait été en poste.
    Il eut de longs entretiens avec Chamberlain, Halifax, le roi et
l'archevêque de Canterbury. Il fit savoir à Berlin que ses
impressions sur le Premier ministre britannique et sur le ministre des Affaires
étrangères étaient « très

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