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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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rachetaient
pour une bouchée de pain les entreprises des Juifs et des anti-nazis dépossédés.
    Parmi ces visiteurs souriants se trouvait l'inimitable docteur
Schacht qui, en dépit de ses querelles avec Hitler, était encore ministre (sans
portefeuille) dans le cabinet allemand, encore président de la Reichsbank, et
que l'Anschluss combla de joie. Le 21 mars, arrivé à Vienne, pour reprendre la
Banque nationale autrichienne au profit de la Reichsbank avant même le
plébiscite, il harangua le personnel de la banque autrichienne. Tournant en
ridicule la presse étrangère qui critiquait les méthodes employées par Hitler
pour réaliser l'union des deux pays, le docteur Schacht défendit avec force ces
méthodes, affirmant que l'Anschluss était « la conséquence d'innombrables
perfidies, des multiples actes de violence que les pays étrangers ont perpétrés
contre nous ».
    Dieu merci, Adolf Hitler a créé une communion de la volonté
allemande et de la pensée allemande. Il lui a apporté l'appui de la Wehrmacht
nouvellement renforcée et finalement lui a donné la forme extérieure d'une
union intime entre l'Allemagne et l'Autriche...
    Nul ne peut envisager un avenir avec nous s'il n'est pas de
tout cœur avec Adolf Hitler... La Reichsbank sera toujours uniquement nationale
socialiste ou bien je cesserai d'en être le directeur.
    Sur ce, le docteur Schacht fit prêter au personnel autrichien le
serment de « fidélité et d'obéissance au Führer ».
    « Quiconque y faillira sera un misérable! » s'écria Schacht,
puis, imité par tout son auditoire, il brailla un triple : « Sieg Heil (42)! »
    Entre-temps le docteur Schuschnigg avait été arrêté et soumis à
un traitement si humiliant qu'on ne peut s'empêcher de croire qu'il avait été
ordonné par Hitler lui-même. Il fut d'abord retenu aux arrêts chez lui, du 12
mars au 28 mai, et, pendant ce temps, la Gestapo s'employa par les moyens les
plus mesquins à lui ôter toute possibilité de dormir. Transféré ensuite au
quartier général de la Gestapo, à l'Hôtel Métropole , il y demeura
incarcéré pendant dix-sept mois dans une pièce minuscule, au cinquième étage.
    Là, avec la serviette qui lui était remise pour son usage
personnel, il devait nettoyer les lavabos, les seaux hygiéniques et les
latrines des gardes S.S. et accomplir toutes les autres basses besognes que les
hommes de la Gestapo avaient l'idée de lui imposer. Le 11 mars 1939, premier
anniversaire de sa chute, il avait déjà perdu près de 30 kilos, mais le médecin
S.S. le déclarait en excellente santé. Les années qu'il passa ensuite dans la
solitude d'une prison, puis avec les « morts vivants » dans certains des plus
terribles camps de concentration allemands, tels que Dachau et Sachsenhausen,
ont été décrites par lui dans son livre Requiem autrichien .
    Peu après son arrestation, il put épouser par procuration la
comtesse Vera Czernin, dont un précédent mariage avait été annulé par une cour
ecclésiastique [106] et, pendant les dernières années de guerre, elle fut autorisée à partager son
existence dans les camps de concentration, avec leur enfant, né en 1941.
    C'est miracle qu'il ait survécu au cauchemar de la captivité.
Vers la fin, ils furent rejoints par un grand nombre d'autres personnages de
marque, victimes de la colère hitlérienne, tels que le docteur Schacht, Léon
Blum, l'ancien premier ministre français et sa femme, le pasteur Niemoeller,
une foule de généraux de haut rang et le prince Philippe de Hesse, dont la
femme, la princesse Mafalda, fille du roi d'Italie, mourut à Buchenwald, en
1944, à la suite des mauvais traitements que lui infligèrent les S.S. Le Führer
se vengeait ainsi sur elle de l'abandon de Victor-Emmanuel, coupable d'être
passé dans le camp allié.
    Le 1er mai 1945, le groupe composé de ces prisonniers de marque,
qui avaient été évacués à la hâte de Dachau et transportés vers le sud pour
éviter qu'ils ne fussent libérés par les Américains venant de l'ouest,
arrivèrent dans un village haut perché, dans les montagnes du Tyrol du sud. Les
officiers de la Gestapo montrèrent à Schuschnigg la liste de ceux qui, sur
l'ordre d'Himmler, devaient être supprimés avant de tomber entre les mains des
alliés. Schuschnigg vit son nom et celui de sa femme « imprimés en toutes
lettres ». Il se sentit accablé. Avoir survécu si longtemps, pour finir
assassiné à la dernière minute!
    Le 4 mai, cependant,

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