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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Berlin, avec tous les honneurs militaires, par un matin froid,
pluvieux et sombre, l'un des jours les plus lugubres, si je m'en réfère à mon
journal, que j'aie jamais vécus dans la capitale.
    En retirant à Fritsch, vingt mois plus tôt, son poste de
commandant en chef de l'armée allemande, Hitler avait définitivement abattu,
nous l'avons vu, la dernière citadelle de l'opposition en Allemagne, la vieille
caste traditionnelle des officiers de l'armée.
    Cette fois, au printemps de 1938, grâce à son habile coup de
force en Autriche, il avait établi plus fortement encore son emprise sur
l'armée, en se montrant un chef audacieux, en soulignant que lui seul devait
prendre les décisions en matière de politique étrangère et que le rôle de
l'armée se bornait à fournir la force, ou la menace du recours à la force. De
plus, sans qu'un seul homme eût été sacrifié, l'armée disposait désormais,
grâce à lui, d'une position stratégique qui rendait la Tchécoslovaquie
militairement indéfendable. Il n'y avait pas de temps à perdre pour tirer
profit de cette situation.
    Le 21 avril, onze jours après le plébiscite nazi en Autriche,
Hitler fit appeler le général Keitel, chef du Haut-Commandement des Forces
armées pour discuter avec lui le cas vert.

12 -
LE CHEMIN DE MUNICH
    L’expression « cas vert » servait à désigner en code le plan
d'une attaque par surprise de la Tchécoslovaquie. Comme nous l'avons vu, il
avait été établi à l'origine par le maréchal von Blomberg, le 24 juin 1937, et
Hitler l'avait analysé en détail dans son adresse aux généraux, le 5 novembre,
en les avertissant que « l'attaque contre les Tchèques » devait être « exécutée
à la vitesse de l'éclair » et pourrait avoir lieu « dès 1938 [108] ».
    De toute évidence, à la suite de la facile conquête de
l'Autriche, la mise en application du cas vert devenait urgente. Il fallait
donc mettre le projet à jour, après quoi on commencerait les préparatifs en vue
de son exécution. C'est dans ce but qu'Hitler convoqua Keitel le 21 avril 1938.
Le lendemain, le major Rudolf Schmundt, le nouveau collaborateur militaire du
Führer, rédigea un résumé de la discussion, divisé en trois parties : « aspect
politique », « conclusions militaires » et « propagande (1) ».
    Hitler repoussa « l'idée d'une attaque stratégique inopinée,
sans cause ni possibilité de justification », parce que « l'hostilité de
l'opinion mondiale pourrait provoquer une situation critique ». Il estima
qu'une seconde solution, l'action militaire, après une période de discussions
diplomatiques qui conduiraient graduellement à une crise et à la guerre,
n'était pas souhaitable, parce que des mesures de sécurité contre les Tchèques
(cas vert) devraient être prises. Le Führer préférait, pour le moment du moins,
une troisième solution : « Une action-éclair, motivée par un incident (par
exemple le meurtre d'un ministre d'Allemagne au cours d'une manifestation
anti-allemande [109] ).
» Un tel incident, on s'en souvient, avait été un moment envisagé pour
justifier l'invasion de l'Autriche par l'Allemagne et von Papen en aurait été
la victime. Dans ce monde de gangsters qu'étaient les milieux hitlériens, la
vie des envoyés allemands à l'étranger ne valait certainement pas cher.
    Le seigneur de la guerre qu'était devenu Hitler, puisqu'il avait
pris personnellement le commandement des forces armées, insista auprès du
général Keitel sur la nécessité d'agir rapidement :
    Les quatre premiers jours d'action militaire sont décisifs
au point de vue politique. En l'absence de succès militaires marquants, une
crise européenne ne peut manquer d'éclater. Les faits accomplis devront
convaincre les puissances étrangères de l'inutilité absolue d'une intervention
militaire.
    Quant à la propagande nécessaire, le moment n'était pas encore
venu de faire appel au docteur Gœbbels. Hitler se borna à envisager
l'impression de tracts les uns sur « la conduite des Allemands en
Tchécoslovaquie », les autres contenant « des menaces destinées à intimider les
Tchèques ».
    La république de Tchécoslovaquie, qu'Hitler avait maintenant
résolu de détruire, était une création des traités de paix, si odieux aux
Allemands, conclus après là première guerre mondiale. Elle était aussi l'œuvre
de deux remarquables intellectuels tchèques. Le premier, Tomas Garrigue
Masaryk, un autodidacte, fils d'un cocher, était

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