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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d'émotion.
Quelques semaines plus tôt, les généraux étaient persuadés que, dès l'instant
où le tribunal militaire aurait exposé les incroyables machinations d'Himmler
et de Heydrich contre Fritsch, leur commandant en chef serait rétabli dans ses
fonctions et qu'à la suite de ces révélations les S.S., peut-être même le
Troisième Reich, peut-être même Adolf Hitler, vacilleraient sous le choc et
s'écrouleraient. Vain espoir! Le 4 février, comme nous l'avons relaté, Hitler
avait anéanti les rêves de l'ancien corps des officiers en prenant lui-même le
commandement des forcés armées et en révoquant Fritsch ainsi que la plupart des
généraux de haut grade de son entourage. Maintenant, il venait de conquérir
l'Autriche, sans tirer un coup de feu. Après ce triomphe stupéfiant, personne
en Allemagne, pas même les vieux généraux, n'accordait grand intérêt au cas du
général von Fritsch.
    A dire vrai, il fut rapidement disculpé. Malmené par Gœring qui
pouvait maintenant poser au juge intègre, Schmidt, l'ancien forçat et
maître-chanteur, s'effondra devant le tribunal et avoua que la Gestapo l'avait
menacé de mort s'il ne mettait en cause le général von Fritsch — menace qui fut
entre parenthèses exécutée quelques jours plus tard. Il précisa que la
similitude du nom de Fritsch avec celui du Rittmeister von Frisch, qu'il avait
en effet fait chanter pour homosexualité, avait permis de monter cette
machination. Aucune tentative ne fut faite, ni par Fritsch, ni par l'armée pour
dévoiler le véritable rôle joué en l'occurrence par la Gestapo, ni pour établir
la culpabilité personnelle d'Himmler et de Heydrich, qui avaient forgé les
chefs d'accusation. Le second jour, le 18 mars, le procès se termina par le
verdict attendu : « Reconnu non coupable et acquitté. »
    Mais ce verdict, s'il apportait au général une justification
personnelle, ne lui rendait pas son commandement, pas plus qu'il ne restituait
à l'armée la relative indépendance dont elle jouissait auparavant dans le
Reich. Les débats s'étant déroulés à huis clos, le public n'en eut pas
connaissance. Le 25 mars, Hitler envoyait un télégramme à von Fritsch pour le
féliciter de « son retour à la santé ». Ce fut tout.
    Le général destitué, qui avait refusé de désigner Himmler d'un
doigt accusateur devant le tribunal, eut alors un dernier geste bien inutile.
Il provoqua en duel le chef de la Gestapo. Le cartel, rédigé par le général Beck lui-même, selon les règles strictes du vieux code d'honneur
militaire, fut confié au général von Rundstedt, en sa qualité de plus haut
officier de l'armée, qui devait le remettre au chef des S.S. Mais Rundstedt,
pris de peur, garda le document dans sa poche pendant plusieurs semaines et
finalement l'oublia.
    Le général von Fritsch disparut bientôt de la scène et avec lui
l'idéal qu'il défendait. Mais quel idéal défendait-il en définitive? En
décembre, il écrivait à son amie la baronne Margot von Schutzbar une
lettre où s'exprime le désarroi pathétique dans lequel, comme tant d'autres
généraux, il était tombé :
    Il est vraiment étrange de constater que tant de gens
considèrent l'avenir avec une inquiétude croissante, en dépit des succès
indiscutables remportés par le Führer au cours de ces dernières années.
    Peu après la guerre, j'ai acquis la conviction que nous
remporterions trois victoires si l'Allemagne retrouvait sa puissance :
    1° Contre la classe ouvrière. Cette bataille Hitler l'a
gagnée.
    2° Contre l'Église catholique, ou plus exactement, contre
les Ultra-montains.
    3° Contre les Juifs.
    Nous sommes actuellement au plus fort de ces deux dernières
batailles, et le combat contre les Juifs est le plus difficile. J'espère que
tout le monde comprend les complexités de cette campagne (43).
    Le 7 août 1939, alors que s'amoncelaient les nuages de la
guerre, il écrivait à la baronne : « Il n'y a pas de place pour moi dans
l'Allemagne de Herr Hitler, ni en temps de paix, ni en
temps de guerre. J'accompagnerai mon régiment uniquement pour servir de cible,
car je ne puis rester chez moi. »
    Il en fut ainsi qu'il l'avait dit : le 11 août 1938 il avait été
nommé commandant en chef de son ancien régiment, le 12e régiment d'artillerie,
à titre purement honorifique. Le 22 septembre 1939, il servit en effet de cible
à un mitrailleur polonais devant Varsovie assiégée. Quatre jours plus tard, il
fut enterré à

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