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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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comité
serait chargé de décider s'il convenait d'exclure les Juifs des écoles, des
stations touristiques, des parcs, des forêts, après les avoir dépouillés de
tous leurs biens, ou les enfermer dans des ghettos, où ils seraient
réquisitionnés pour le travail forcé.
    Comme le dit Heydrich vers la fin de la séance : « Même si les
Juifs sont éliminés de la vie économique, le problème majeur demeure : il
consiste à chasser les Juifs hors d'Allemagne. » Le comte Schwerin von Krosigk,
ministre des Finances, ancien boursier de la fondation Cecil Rhodes à Oxford,
qui s'enorgueillissait de représenter l'Allemagne « traditionnelle et honnête »
au sein du gouvernement nazi, déclarait lui aussi : « Nous devons tout faire
pour expédier les Juifs en pays étranger. » Quant aux ghettos, ce membre de la
noblesse allemande disait bonnement : « Je ne trouve pas que la perspective du
ghetto soit très agréable. La notion de ghetto n'est pas très plaisante. »
    A quatorze heures trente, alors que la discussion durait depuis
près de quatre heures, Goering leva la séance.
    En conclusion, je vous dirai ceci : les Juifs allemands, en
punition de leurs crimes abominables, etc., devront verser une contribution
d'un milliard de marks. La leçon portera ses fruits. Ces porcs ne commettront
plus de nouveaux meurtres. Entre parenthèses, je tiens à déclarer que je
n'aimerais guère être juif en Allemagne.
    Des souffrances bien pires allaient être infligées aux Juifs par
cet homme, par cet État et par son Führer, dans un temps très proche. Pendant
la nuit d'émeute et d'incendie du 9 novembre 1938, le Troisième Reich s'était
délibérément engagé dans un chemin sombre et sauvage, d'où il ne s'écarterait
plus. Un grand nombre de Juifs avaient déjà été assassinés, torturés et
dépouillés de leurs biens, mais ces crimes, sauf ceux qui étaient commis dans
des camps de concentration, étaient pour la plupart l'œuvre de voyous en
chemise brune, agissant par sadisme et par cupidité, tandis que les autorités
les regardaient faire ou détournaient les yeux.
    Mais, cette fois, le gouvernement allemand avait lui-même
organisé et perpétré un vaste pogrom. Les assassinats, le pillage, l'incendie
des synagogues, des maisons et des boutiques étaient son œuvre, ainsi que les
décrets publiés dans la gazette officielle, le Reichsgesetzblatt (il en
parut trois le jour où eut lieu la réunion présidée par Gœring). Ces décrets
imposaient à la communauté juive une amende d'un milliard de marks, excluaient
ses membres de l'économie allemande, les dépouillaient des biens qui leur
restaient et les chassaient vers le ghetto — ou vers un destin pire encore.
    L'opinion mondiale fut choquée et révoltée par des actes aussi
barbares, commis par une nation fière de posséder une civilisation chrétienne
et humaniste vieille de plusieurs siècles. Hitler, à son tour, se montra
exaspéré par cette réaction générale et se persuada qu'elle prouvait simplement
le pouvoir et l'étendue de « la conspiration mondiale juive ».
    Rétrospectivement, il est facile de se rendre compte que les
ignobles traitements infligés aux Juifs d'Allemagne le 9 novembre, de même que
les mesures cruelles et brutales prises contre eux aussitôt après, étaient les
signes précurseurs d'un fatal affaiblissement qui, pour finir, conduirait le
dictateur, son régime et sa nation à la catastrophe totale. Les preuves de la
mégalomanie d'Hitler nous sont déjà apparues au long de plusieurs centaines de
pages de ce récit.
    Mais, jusqu'à présent, il avait réussi à la refréner dans les
moments critiques, au cours d'une ascension qui allait de pair avec celle de
son pays. Dans ces circonstances, le génie qui le portait à agir non seulement
avec audace, mais, en général, après avoir soigneusement pesé les conséquences,
lui avait valu une série de succès éclatants. Mais maintenant, comme le
prouvaient clairement les événements de ce 9 novembre et les mesures qui
suivirent, Hitler perdait tout sang-froid. Sa mégalomanie l'emportait. Le
compte rendu sténographique de la réunion présidée par Gœring le 12 novembre
révèle qu'en dernière analyse Hitler fut le responsable des violences du 9
novembre.
    Ce fut grâce à son approbation qu'elles purent être déclenchées,
ce fut lui qui, par la suite, poussa Gœring à poursuivre l'élimination des
Juifs. Dorénavant, le maître absolu du Troisième Reich

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