Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
visiteurs étranges et inattendus.
Seyss-Inquart, le gouverneur d'Autriche nommé par les nazis, et Josef Buerckel,
le gauleiter nazi d'Autriche, accompagnés de cinq généraux allemands,
pénétrèrent dans la salle où se tenait la réunion et ordonnèrent aux ministres
de proclamer sur-le-champ l'indépendance de la Slovaquie. S'ils refusaient,
Hitler, qui avait décidé de régler définitivement et tout de suite la question
tchécoslovaque, se désintéresserait du sort de leur pays (22).
    Sidor, hostile à une rupture complète avec les Tchèques, chercha
à gagner du temps, mais, le lendemain matin, Mgr Tiso, qui s'était enfui du
monastère où il était soi-disant retenu aux arrêts, exigea la réunion du
cabinet, bien qu'il n'en fît plus lui-même partie. Pour éviter que la séance ne
fût à nouveau interrompue par de hauts personnages officiels ou des généraux
allemands, Sidor convoqua le gouvernement dans ses appartements privés et,
quand l'endroit ne lui sembla plus assez sûr — car les troupes d'assaut
allemandes prenaient possession de la ville, — les ministres se transportèrent
dans les bureaux d'un journal local.
    Là, Mgr Tiso informa Sidor qu'il venait de recevoir un
télégramme de Buerckel, l'invitant à se rendre immédiatement à Berlin pour être
reçu par le Führer. Buerckel l'avertissait que, s'il
refusait l'invitation, deux divisions allemandes franchiraient le Danube à
Bratislava pour envahir la Slovaquie, qui serait ensuite partagée entre
l'Allemagne et la Hongrie. Quand il arriva à Vienne, le lendemain matin, le
lundi 13 mars, dans l'intention de gagner Berlin par le train, le petit prélat
grassouillet [152] fut installé d'autorité dans un avion par les Allemands et expédié auprès
d'Hitler. Le Führer estimait qu'il n'y avait pas de temps à perdre.
    Quand Tiso et Durcansky arrivèrent à la Chancellerie de
Berlin, à dix-neuf heures quarante, le soir du 13 mars, ils trouvèrent Hitler
flanqué non seulement de Ribbentrop, mais des deux plus hauts dignitaires de
son armée : Brauchitsch, commandant en chef de l'armée allemande, et Keitel,
chef de l'O.K.W. Bien que les Slovaques ne s'en fussent peut-être pas rendu compte,
le Führer était dans des dispositions bien caractéristiques. Ici encore, grâce
aux minutes confidentielles de la réunion, il nous est donné de suivre les
étranges détours de la pensée du dictateur allemand, très vite emporté par sa
mégalomanie, de le voir tisser ses mensonges fantastiques et proférer de
terribles menaces, sans frein ni mesure, bien certain que ses ruses et ses
violences ne seraient jamais portées à la connaissance du public (23).
    « La Tchécoslovaquie, dit-il, doit à l'Allemagne seule de
n'avoir pas été mutilée davantage. » Le Reich avait fait preuve « de la plus
grande mansuétude ». Pourtant les Tchèques ne lui en avaient manifesté aucune
reconnaissance : « Au cours de ces dernières semaines, poursuivit-il en
s'échauffant soudain, la situation est devenue impossible. Nous voyons
ressusciter la mentalité du gouvernement Benès. »
    Les Slovaques aussi l'avaient déçu. Après Munich, il s'était «
brouillé » avec ses amis les Hongrois parce qu'il ne leur permettait pas de
s'emparer de la Slovaquie. Il avait cru alors que la Slovaquie désirait son
indépendance.
     
    Il venait donc de convoquer Tiso pour régler cette affaire dans
un délai très bref ... [153] La question se posait ainsi : la Slovaquie désirait-elle ou non avoir une
existence indépendante... C'était une question non pas de jours, mais d'heures.
Si la Slovaquie souhaitait devenir indépendante, il l'aiderait et même lui
apporterait sa garantie. Si elle hésitait ou refusait d'être séparée de Prague,
il abandonnerait la Slovaquie à son destin : elle deviendrait le jouet
d'événements dont il ne serait plus responsable.
    A ce moment, révèlent les minutes allemandes, Ribbentrop « remit
au Führer un rapport qu'il venait de recevoir, d'après lequel des mouvements de
troupes hongroises avaient lieu sur la frontière slovaque. Le Führer lut ce
rapport, informa Tiso de son contenu et exprima l'espoir que la Slovaquie
prendrait bientôt une décision ».
    Tiso ne donna pas sa réponse tout de suite. Il pria le Führer de lui pardonner si, encore sous le choc des paroles du
Chancelier, il ne pouvait prendre une décision immédiate. « Mais, ajouta-t-il
vivement, les Slovaques se montreraient dignes de la bienveillance du

Weitere Kostenlose Bücher