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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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non
germanique.
    Hitler prépara également la mise en scène de la comédie destinée
à duper la nation allemande et les autres peuples trop crédules d'Europe. Pendant
plusieurs jours, des provocateurs allemands avaient essayé de fomenter des
troubles dans plusieurs villes tchèques : Prague, Brünn et Iglau. Ils n'avaient
pas eu grand succès, car, selon un rapport de la légation d'Allemagne à Prague,
« la police tchèque avait pour instructions de ne pas intervenir contre les
Allemands, même en cas de provocation (26) ». Mais cet échec n'empêcha pas le
docteur Gœbbels de susciter dans la presse allemande un déchaînement de fureur
contre d'imaginaires actes de terrorisme perpétrés sur la personne des pauvres
Allemands.
    Ainsi que M. Coulondre, l'ambassadeur de France, en informa
Paris, c'étaient les mêmes histoires et les mêmes gros titres, déjà imaginés
par le docteur Gœbbels au moment de l'affaire des Sudètes — y compris la femme
enceinte piétinée par les brutes tchèques et le Blutbad (bain de sang)
infligé aux Allemands sans défense par les barbares tchèques. Hitler pouvait
donner au fier peuple allemand l'assurance que ses frères ne demeureraient pas
longtemps sans protection.
    Telle était la situation, et tels étaient les projets d'Hitler —
nous le savons maintenant par les archives allemandes — tandis que le train
amenant le président Hacha et son ministre des Affaires étrangères,
Chvalkovsky, entrait en gare d'Anhalt, à Berlin, le soir du 14 mars, à
vingt-deux heures quarante. En raison de l'état de son cœur, le président
n'avait pu prendre l'avion.

LE DOCTEUR HACHA
DANS L’EPREUVE
    Le protocole allemand était parfait. Le président tchèque fut
reçu avec tous les honneurs officiels dus à un chef d'État. Il y avait une
garde d'honneur à la gare, où le ministre allemand des Affaires étrangères
accueillit le visiteur de marque et offrit à sa fille une magnifique gerbe de
fleurs. Au somptueux hôtel Adlon , où M. Hacha et sa suite furent
installés dans le plus bel appartement, une boîte de chocolats attendait Mlle.
Hacha, cadeau personnel d'Adolf Hitler, persuadé que tout le monde partageait
sa passion pour les sucreries. Et quand le vieux président, accompagné de son
ministre, arriva à la Chancellerie, il fut salué par une garde d'honneur de
S.S.
    C'est seulement à une heure quinze du matin qu'ils furent
introduits auprès d'Hitler. Hacha devait savoir ce qui l'attendait. Avant même
que le train eût quitté le territoire tchèque, il avait appris que les troupes
allemandes venaient d'occuper l'importante ville industrielle de
Moravska-Ostrava et étaient disposées tout autour du périmètre de la Bohême et
de la Moravie, prêtes à frapper. Et il vit aussitôt, en entrant en pleine nuit dans
le bureau du Führer, que celui-ci avait à ses côtés non
seulement Weizsaecker, mais le feld-maréchal Gœring, rappelé d'urgence de San
Remo où il était en vacances, et le général Keitel. Quand il pénétra dans le
repaire du lion, sans doute ne remarqua-t-il pas que le médecin, d'Hitler, une
espèce de charlatan appelé le docteur Theodor Morell, se
tenait prêt à intervenir. Mais le docteur était là, en effet, et pour de bonnes
raisons.
    Les minutes secrètes allemandes de la rencontre nous révèlent
une scène qui fut pitoyable dès le début. Le malheureux docteur Hacha, qui
pourtant avait été un juge respecté, membre de la Cour suprême, abdiquant toute
dignité, s'humilia devant le Führer, qui le rudoya.
Peut-être le président pensait-il que c'était la seule façon de faire appel à
la générosité d'Hitler et de sauver ce qui pouvait encore être sauvé; mais,
quels que fussent les mobiles auxquels il obéit, ses paroles, telles que les
Allemands les enregistrèrent dans leurs archives confidentielles, donnent la
nausée, même aujourd'hui, après de longues années.
    Hacha assura le Führer qu'il ne s'était
jamais, quant à lui, mêlé de politique, il avait eu rarement l'occasion de
rencontrer les fondateurs de la République tchécoslovaque, Benès et Masaryk,
et, si peu qu'il les connût, il ne les avait pas trouvés sympathiques. Leur
gouvernement, dit-il, lui inspirait « de l'aversion », à tel point qu'aussitôt
après le changement de régime (après Munich) il s'était demandé si c'était une
bonne chose pour la Tchécoslovaquie d'être un État indépendant.
    Il était convaincu que la destinée de la

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