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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de
larmes quand le train a démarré et que ses compatriotes se sont mis à chanter : For he's a jolly good fellow . « Qu'est-ce que cette chansonnette? » m'a
demandé le Duce (33).
    Alors que pendant la crise des Sudètes Hitler avait tenu à
connaître l'opinion de Chamberlain, on ne trouve pas un seul mot dans les
papiers allemands montrant que, par la suite, il eut le moindre souci de ce que
pensait le Premier Ministre sur le démembrement final de la Tchécoslovaquie,
effectué malgré la garantie britannique et, d'ailleurs, en dépit de l'accord de
Munich. Le 14 mars, alors qu'Hitler attendait Hacha à Berlin pour l'humilier,
la Chambre des Communes posait à M. Chamberlain des questions irritées sur les
machinations allemandes qui allaient aboutir à la sécession de la Slovaquie et
sur les effets qu'aurait cette manœuvre sur la garantie britannique donnée aux
Tchèques contre toute agression, Chamberlain répliqua avec vivacité : « Aucun
acte d'agression ne s'est encore produit. »
    Mais le lendemain 15 mars, après qu'il se fut produit, le
Premier Ministre prit prétexte de la proclamation de « l'indépendance » de la
Slovaquie pour excuser son gouvernement de ne pas faire honneur à la parole
donnée : « Cette proclamation, expliqua-t-il, met fin par une rupture
intérieure à l'existence de l'État dont nous garantissions les frontières. Le
gouvernement de Sa Majesté ne se considère donc plus comme tenu par cette
obligation. »
    La stratégie hitlérienne avait donné d'excellents résultats :
elle avait réussi à mettre Chamberlain hors jeu.
    Il est intéressant de noter que le Premier Ministre ne cherchait
même pas à accuser Hitler d'avoir failli à sa parole : « J'ai si souvent,
dit-il, entendu les gens se reprocher mutuellement d'avoir manqué à leurs
promesses, pour des motifs qui ne me paraissaient pas suffisamment fondés, que
je ne veux pas m'associer aujourd'hui à des accusations de ce genre. » Il n'eut
pas un mot de reproche à l'adresse du Führer, même pour s'indigner de la façon
dont il avait traité Hacha, ni pour stigmatiser l'abominable escroquerie qui,
de toute évidence, et bien qu'on n'en connût pas encore tous les détails, avait
été commise à la Chancellerie du Reich, aux premières heures de la matinée du
15 mars [159] .
    Rien d'étonnant à ce que la note de protestation britannique —
si on peut l'appeler ainsi — envoyée ce jour-là, fût si tiède que les Allemands
l'accueillirent, ainsi que les remontrances franco-britanniques qui suivirent,
avec autant d'arrogance que de dédain.
    Le gouvernement de Sa Majesté n'a nul désir d'intervenir
inutilement dans une question qui concerne plus directement d'autres
gouvernements... Cependant, comme le gouvernement allemand s'en rendra
certainement compte, il souhaite ardemment le succès de tous les efforts faits
en vue de rétablir la confiance et de provoquer une détente en Europe. Il
déplorerait donc toute action en Europe centrale susceptible de faire obstacle
aux progrès de cette confiance générale (34)...
    Dans cette note, qui fut remise le 15 mars à Ribbentrop par
l'ambassadeur Henderson et qui était un message officiel de Lord Halifax, on
aurait cherché en vain la moindre allusion précise aux événements du jour.
    Les Français furent du moins explicites. Robert Coulondre, le
nouvel ambassadeur de France à Berlin, ne partageait ni les illusions de son
collègue britannique sur le nazisme, ni le dédain de celui-ci pour les
Tchèques. Le matin du 15 mars, il demanda une entrevue à Ribbentrop. Mais le
vaniteux et vindicatif ministre des Affaires étrangères était déjà en route
pour Prague, bien résolu à s'associer avec Hitler pour humilier un peuple vaincu.
En son absence, le secrétaire d'État von Weizsaecker reçut Coulondre à midi.
    L'ambassadeur, lui, prononça tout de go les paroles que
Chamberlain et Henderson n'étaient pas encore disposés à faire entendre : en
intervenant militairement, dit-il, en Bohême et en Moravie, l'Allemagne avait
violé à la fois l'accord de Munich et la déclaration franco-allemande du 6
décembre. Le baron von Weizsaecker, qui devait par la suite affirmer qu'il
n'avait cessé d'être violemment antinazi, manifesta une humeur arrogante qui ne
le cédait en rien à celle de Ribbentrop. Dans le mémorandum qu'il a rédigé sur
cette conversation, il écrit :
    Je parlai assez sèchement à l'ambassadeur et lui dis de ne
pas évoquer l'accord de

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