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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Munich, dont il prétendait qu'il avait été violé et de
ne pas nous faire la morale... Étant donné l'accord signé la nuit dernière avec
le gouvernement tchèque, je ne voyais, lui dis-je, aucune raison pour que
l'ambassadeur de France fît cette démarche. J'étais sûr, ajoutai-je, qu'il
trouverait en rentrant à son ambassade de nouvelles instructions propres à
dissiper ses inquiétudes (35).
    Trois jours plus tard, le 18 mars, quand les gouvernements
français et britannique, pour satisfaire l'opinion publique indignée, en
vinrent finalement à adresser des notes de protestation au Reich, Weizsaecker
se montra plus insolent même que n'eût pu l'être son maître Ribbentrop — cette
fois encore d'après ses propres dires. Dans un mémorandum découvert dans les
dossiers des Affaires étrangères allemandes, il raconte avec un évident plaisir
qu'il ne voulut même pas accepter la note française de protestation :
    Je replaçai aussitôt la lettre dans l'enveloppe et la remis
brusquement aux mains de l'ambassadeur, en lui disant que je refusais
catégoriquement de recevoir de lui la moindre protestation concernant l'affaire
tchécoslovaque. Je me refusai également à prendre note de la communication et
je conseillai à M. Coulondre d'insister auprès de son gouvernement pour que le
texte en fût révisé (36).
    Au contraire de Henderson, Coulondre n'était pas homme à se
laisser rabrouer par les Allemands. Il répliqua que la note de son gouvernement
avait été rédigée après mûre réflexion et qu'il n'avait aucune intention de
demander qu'elle fût revue. Comme le secrétaire d'État persistait à refuser le
document, l'ambassadeur lui rappela les usages diplomatiques et affirma avec
force que la France avait parfaitement le droit de faire connaître ses
sentiments au gouvernement allemand. Finalement, Weizsaecker, d'après son
propre récit, laissa la note posée sur son bureau en disant « qu'il la
considérerait comme lui ayant été adressée par la poste. » Mais avant d'en
arriver à ce geste insolent, il ne put se tenir de faire la déclaration
suivante :
    Du point de vue légal, dit-il, il existait une Déclaration intervenue
entre le Führer et le président de l'État tchécoslovaque. Le président tchèque
était venu à Berlin sur sa demande et avait aussitôt déclaré qu'il désirait
placer le destin de son pays entre les mains du Führer. Je ne pouvais imaginer
que le gouvernement français était plus royaliste que le roi et tenterait de se
mêler des questions qui avaient été réglées en bonne et due forme entre Berlin
et Prague [160] .
    Weizsaecker se conduisit très différemment avec le complaisant
ambassadeur britannique, qui lui transmit la protestation de son gouvernement
tard dans l'après-midi du 18 mars. La Grande-Bretagne déclarait maintenant «
qu'elle considérait les événements des derniers jours comme une violation
formelle des accords de Munich » et estimait que « les mesures militaires
allemandes » étaient « dépourvues de toute base légale. » Après avoir reproduit
ce texte dans son mémorandum, Weizsaecker ajoute que les Britanniques
n'allaient pas aussi loin, à ce point de vue, que la note de protestation
française, où il était dit que la France « ne reconnaîtrait pas la légalité de
l'occupation allemande ».
    Henderson s'était rendu le 17 mars auprès de Weizsaecker pour
l'avertir qu'il venait d'être appelé à Londres « pour consultations » et,
d'après le récit du Secrétaire d'État, il avait demandé à ce dernier de lui
fournir des arguments qu'il pourrait opposer à Chamberlain et qui fussent
susceptibles de modifier l'opinion défavorable du Premier Ministre... Henderson
expliqua que les Britanniques ne s'intéressaient pas directement au sort du
territoire tchécoslovaque. Quant à lui, Henderson, c'était surtout l'avenir qui
l'inquiétait (37).
    Il faut croire que l'anéantissement de la Tchécoslovaquie
n'avait pas ouvert les yeux de l'ambassadeur britannique sur la véritable
nature du gouvernement auprès duquel il était accrédité, et il ne semblait pas
non plus savoir ce qui se passait ce jour-là au sein du gouvernement qu'il
représentait.
    Car soudain, et contrairement à toute attente, le 17 mars, deux
jours après qu'Hitler eut supprimé la Tchécoslovaquie, les yeux de Neville
Chamberlain s'étaient enfin ouverts. Il avait d'ailleurs été pressé de toutes
parts. A sa grande surprise, en effet, la quasi-totalité

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