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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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tchécoslovaque a déclaré que, pour atteindre ce but et pour parvenir à
la pacification définitive, il a remis avec confiance le destin du pays et du
peuple tchèques entre les mains du Führer du Reich allemand. Le Führer a
enregistré cette déclaration; il a exprimé son intention de placer le peuple
tchèque sous la protection du Reich allemand et de lui garantir le
développement autonome de sa vie ethnique, tel qu'il convient à son caractère
propre.
    Peut-être Hitler ne poussa-t-il jamais aussi loin la ruse et
l'artifice.
    Selon le récit d'une de ses secrétaires, le Führer, après avoir
signé, se précipita dans son bureau, prit dans ses bras toutes les femmes
présentes et s'écria : « Mes enfants, c'est le plus beau jour de ma vie! Mon
nom restera dans l'Histoire, je serai considéré comme le plus grand Allemand
qui ait jamais vécu! » Il ne lui vint pas à l'esprit — mais comment aurait-il
pu s'en douter — que la fin de la Tchécoslovaquie pouvait être le commencement
de la fin de l'Allemagne. Nous le savons maintenant, à dater de cette aube du
15 mars 1939 — les ides de mars — la route de la guerre, de la défaite, du
désastre s'ouvrait tout droit devant lui. Elle serait courte et sans aucun
détour. Et une fois qu'il s'y serait engagé, qu'il y poursuivrait sa course
folle, Hitler, comme autrefois Alexandre et Napoléon, ne pourrait plus
s'arrêter (28).
    Le 15 mars, à six heures du matin, les troupes allemandes
déferlèrent en Bohême et en Moravie. Elles ne rencontrèrent aucune résistance
et, le soir venu, Hitler put faire à Prague l'entrée triomphale dont il
estimait que Chamberlain l'avait privé au moment de Munich. Avant de quitter
Berlin, il avait lancé une pompeuse proclamation au peuple allemand, où il
répétait ses fastidieux mensonges sur les « sauvages excès » commis par les Tchèques,
la « terreur » qu'ils faisaient régner dans le pays. Il avait été contraint,
disait-il, de mettre fin à ces violences et il s'écriait orgueilleusement : «
La Tchécoslovaquie a cessé d'exister! »
    Il passa la nuit au Hradschin, l'ancien château des rois de
Bohême, dominant de haut la Moldau où, plus récemment, Masaryk et Benès, les
deux Présidents tant honnis, avaient vécu et travaillé pour servir la première
démocratie qu'ait connue l'Europe Centrale. La vengeance du Führer était
désormais complète et, dans la série de proclamations qu'il lança alors, il
laissa voir combien elle lui était douce. Il était libéré des sentiments de
haine brûlante contre les Tchèques dont son cœur d'Autrichien débordait au
temps où il menait à Vienne une vie de vagabond, une trentaine d'années plus
tôt, une haine qui s'était remise à flamber l'année précédente, quand Benès
avait osé lui tenir tête, à lui, le tout-puissant dictateur allemand.
    Le lendemain, au palais du Hradschin, il proclamait le
protectorat de l'Allemagne sur la Bohême et la Moravie. Cette convention, bien
qu'elle prétendît apporter aux Tchèques « l'autonomie et un gouvernement
indépendant », les plaçait, de par ses termes mêmes, complètement sous la botte
allemande. Pleins pouvoirs étaient accordés au « Protecteur du Reich », à son
secrétaire d'État et à son chef de l'Administration civile, qui seraient nommés
par le Führer. Pour apaiser l'opinion publique indignée en Grande-Bretagne et
en France, Hitler tira, si l'on peut dire, de ses réserves, von Neurath, qui
passait pour « modéré », et le nomma Protecteur [157] .
    Les deux principaux chefs sudètes, Konrad Henlein et Karl
Hermann Frank, se virent offrir l'occasion de se venger des Tchèques : le
premier fut nommé chef de l'Administration civile et le second secrétaire
d'État. Himmler, en sa qualité de chef de la police allemande, ne tarda pas à
serrer le protectorat à la gorge. Pour accomplir sa besogne, il nomma le fameux
Frank chef de la police du protectorat et officier de haut grade dans les S.S. [158] .
    Pendant un millier d'années, disait Hitler dans sa
proclamation, les provinces de Bohême et de Moravie ont fait partie du Lebensraum du peuple allemand... La Tchécoslovaquie a prouvé qu'elle était foncièrement
incapable de survivre et, de ce fait, elle est aujourd'hui réduite à un état de
complète dissolution. Le Reich allemand ne peut tolérer l'existence de troubles
continuels sur ce territoire. Aussi, en vertu de la loi d'auto-conservation, le
Reich allemand est-il maintenant

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