Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
anéanti, n'avait
pas besoin de se retirer pour prendre une décision. Il le déclara aussitôt à
Hitler : « La situation est très claire. Résister serait une folie. » Mais,
demanda-t-il, puisqu'il était alors un peu plus de deux heures du matin,
comment pouvait-il, en l'espace de quatre heures, agir de manière à empêcher le
peuple tchèque tout entier de résister? Le Führer répondit
qu'il ferait mieux de se concerter avec ses compagnons. La machine militaire
allemande était déjà en marche et ne pouvait être arrêtée. Il fallait que Hacha
se mît tout de suite en rapport avec Prague. Selon les minutes allemandes,
Hitler déclara que « c'était là une grave décision, mais qu'il entrevoyait
alors la possibilité d'une longue période de paix entre les deux peuples. Si la
décision était autre, il prévoyait l'anéantissement
de la Tchécoslovaquie ».
    Sur ces paroles il congédia momentanément ses hôtes. Il était
deux heures quinze du matin. Dans une pièce contiguë, Gœring et Ribbentrop
entreprirent à leur tour les deux victimes. Selon l'ambassadeur de France, qui,
dans une dépêche officielle adressée à Paris, décrivit la scène telle qu'il la
tenait d'une source qu'il considérait comme sûre, Hacha et Chvalkovsky
protestèrent contre la violence faite à leur nation. Ils décidèrent qu'ils ne
signeraient pas la capitulation. S'ils la signaient, ils seraient à jamais
maudits par leur peuple.
    Les ministres allemands (Gœring et Ribbentrop) se sont
montrés impitoyables, écrit M. Coulondre. Ils ont littéralement pourchassé M.
Hapha et M. Chvalkovsky autour de la table sur laquelle se trouvaient étendus
les documents, les ramenant toujours devant ceux-ci, leur mettant la plume en
main et ne cessant de leur répéter que, s'ils persévéraient dans leur refus, la
moitié de Prague serait détruite dans deux heures par les avions allemands et
que cela ne serait qu'un commencement. Des centaines de bombardiers
n'attendaient qu'un ordre pour partir et, cet ordre, ils le recevraient à six
heures du matin si la signature n'était  pas intervenue d'ici là [156] .
    A ce moment le docteur Schmidt, qui,
semble-t-il, trouvait le moyen d'être là, toujours et partout, aux instants les
plus dramatiques de l'histoire du Troisième Reich, entendit
Gœring appeler le docteur Morell. « Hacha s'est évanoui! » criait Gœring.
    Pendant un moment, les brutes nazies craignirent que le
président, qui gisait à terre sans connaissance, n'expirât entre leurs mains
et, comme le dit Schmidt, « que le monde entier pût dire
le lendemain qu'il avait été assassiné à la Chancellerie ». Les piqûres étaient
la grande spécialité du docteur Morell; beaucoup plus tard, il faillit tuer
Hitler à force de lui en faire. Cette fois, il exerça ses talents sur le
docteur Hacha et parvint à le ranimer. Le président avait suffisamment repris
conscience pour pouvoir saisir le téléphone que les Allemands lui mirent entre
les mains et parler à son gouvernement, à Prague, sur une ligne spéciale
installée par les soins de Ribbentrop. Il informa le cabinet tchèque de ce qui
s'était passé et conseilla la capitulation. Puis, un peu mieux remis à la suite
d'une seconde piqûre, le président de la République expirante revint en
titubant auprès d'Adolf Hitler pour signer l'arrêt de mort
de son pays. Il était maintenant quatre heures moins cinq, au matin du 15 mars
1939.
    Le texte avait été « préparé à l'avance par Hitler », raconte Schmidt, et, pendant le temps où Hacha était resté sans
connaissance, l'interprète allemand s'était hâté de copier le communiqué
officiel rédigé également « à l'avance » et que Hacha et Chvalkovsky furent
également forcés de signer. On y lisait ce qui suit :
    Berlin, 15 mars 1939.
    A leur requête, le Führer a reçu aujourd'hui à Berlin le
docteur Hacha, président de la Tchécoslovaquie, et le docteur Chvalkovsky,
ministre des Affaires étrangères de Tchécoslovaquie, en présence de M. von
Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères. Au cours de cette réunion, la
grave situation créée par les événements des dernières semaines dans l'actuel
territoire tchécoslovaque a été examinée avec une complète franchise.
    Les deux parties se sont l'une et l'autre déclarées
convaincues que tous les efforts devaient être faits pour maintenir le calme,
l'ordre et la paix dans cette partie de l'Europe centrale. Le président de
l'État

Weitere Kostenlose Bücher