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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d'aucun
empressement ». Schnurre sauta sur l'occasion :
    J'ai dit à M. Astakhov (consigna-t-il dans un mémorandum
secret (92) ) que, bien que le ministre n'ait manifesté hier que peu de hâte
vis-à-vis du gouvernement soviétique, nous estimions toutefois à propos
d'utiliser les quelques jours à venir à la poursuite des conversations
afin d'établir une base de discussion dans les plus brefs délais possibles.
    Pour les Allemands donc, tout se réduisait désormais à une
question de jours. Astakhov déclara à Schnurre qu'il avait reçu de Molotov «
une réponse provisoire » aux suggestions allemandes. Dans l'ensemble, cette
réponse était négative. Tandis que Moscou désirait également une amélioration
des relations, « Molotov, dit-il, a déclaré que jusqu'ici
on ne savait rien de concret de l'attitude de l'Allemagne ».
    Ce soir-là, à Moscou, le commissaire aux Affaires étrangères
soviétique dévoila le fond de sa pensée à Schulenburg. L'ambassadeur rapporta,
dans une longue dépêche envoyée peu après minuit (93), qu'au cours d'une
conversation qui avait duré une heure un quart, Molotov avait
« abandonné sa réserve habituelle et s'était révélé exceptionnellement ouvert
». Affirmation qui semble ne laisser place à aucun doute.
    En effet, après que Schulenburg eut répété une fois de plus que
pour les Allemands, « de la Baltique à la mer Noire », aucun point de friction
n'existait entre les deux pays, et après qu'il eut réaffirmé le désir de ses
compatriotes d' « en venir à une entente », l'intransigeant ministre soviétique
énuméra certains des actes d'hostilité commis par le Reich à l'égard de l'Union
Soviétique : le Pacte anti-Komintern, le soutien accordé au Japon contre la
Russie, l'exclusion des Soviétiques de Munich.
    « Comment, demanda Molotov, les nouvelles
déclarations allemandes se concilient-elles avec chacune de ces trois mesures?
Les preuves d'un changement d'attitude du gouvernement allemand nous manquent
encore. »
    Schulenburg semble s'être laissé aller à quelque découragement.
    Mon impression générale, télégraphia-t-il à Berlin, est que
le gouvernement soviétique semble à présent résolu à conclure un accord avec la
Grande-Bretagne et la France à condition que celles-ci satisfassent à ses
exigences... Je crois que mes déclarations ont fait impression sur Molotov;
néanmoins ce n'est qu'au prix d'un effort considérable que nous pourrons
provoquer un renversement total de la politique du gouvernement soviétique.
    Si bien versé que fût le vieux diplomate allemand dans les
questions russes, il surestima manifestement les progrès accomplis à Moscou par
les négociateurs britanniques et français. Et il ne mesurait pas encore le
chemin que Berlin était désormais prêt à parcourir pour accomplir cet « effort
considérable » qu'il jugeait nécessaire pour renverser le cours de la
diplomatie soviétique.
    A la Wilhelmstrasse, on était de plus en plus convaincu qu'un
tel changement d'orientation était possible. Une fois la Russie neutralisée, ou
bien la Grande-Bretagne et la France ne voudraient plus se battre pour la
Pologne, ou bien, si elles s'y déci daient, elles seraient
facilement contenues sur les fortifications de l'Ouest en attendant que les
Polonais soient rapidement liquidés et que l'armée allemande puisse alors se
retourner de toute sa puissance contre elles.
    Le subtil chargé d'affaires français à Berlin, Jacques Tarbé de
Saint-Hardouin, perçut le changement d'atmosphère survenu dans la capitale
allemande. Le 3 août, jour où Berlin et Moscou étaient le siège d'une telle
activité diplomatique, il écrivit à Paris : « Au cours de la dernière semaine,
un changement très net s'est manifesté dans l'atmosphère politique de Berlin...
A la période de gêne, d'hésitation, de tendance à la temporisation, et même à
l'apaisement, succède au sein des dirigeants nazis une phase nouvelle (94). »

HESITATIONS DES ALLIES
DE L’ALLEMAGNE
    Il en allait différemment pour les alliés de l'Allemagne, l'Italie
et la Hongrie. Plus l'été s'avançait, plus les gouvernements de Budapest et de
Rome redoutaient de voir leurs pays entraînés dans la guerre d'Hitler aux côtés
de l'Allemagne.
    Le 24 juin, le comte Teleki, président du Conseil hongrois,
adressa à Hitler et à Mussolini deux lettres identiques où il les prévenait que
« dans l'éventualité d'un conflit général, la Hongrie conformerait

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