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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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chacune des
puissances dans le cadre du pacte d'assistance mutuelle en perspective [186] .
    En fait, les documents secrets du Foreign Office ne permettent
guère de douter qu'au début d'août Chamberlain et Halifax avaient presque
abandonné l'espoir de s'entendre avec les Soviets pour arrêter Hitler et croyaient,
au contraire, qu'en prolongeant leurs pourparlers d'états-majors à Moscou, ils
parviendraient, dans une certaine mesure, à empêcher le dictateur allemand de
franchir le pas fatal et de déclencher la guerre au cours des quatre semaines à
venir [187] .
    En contraste avec les Anglais et les Français, les Russes
affectèrent à leur mission militaire leurs officiers les plus éminents : le
maréchal Vorochilov, qui était commissaire à la Défense, le général
Chapochnikov, chef de l'état-major général de l'Armée Rouge, et les commandants
en chef de la marine et de l'aviation. Les Russes ne purent s'empêcher de
s'apercevoir qu'en juillet les Anglais avaient envoyé a Varsovie, en vue
d'entretiens avec l'état-major général polonais, le chef de l'état-major
général impérial, le général Sir Edmund Ironside, mais qu'ils n'avaient pas
songé à dépêcher à Moscou cet officier du grade le plus élevé.
    En tout cas, rien ne fut fait pour hâter l'arrivée des missions
militaires anglo-françaises à Moscou. Une journée d'avion les y aurait
transportées. Or, on leur fit prendre un cargo mixte, qui mit autant de temps à
gagner la Russie que le Queen Mary à atteindre l'Amérique. Ils s'embarquèrent
pour Leningrad le 5 août et n'arrivèrent à Moscou que le 11.
    A cette date, il était trop tard. Hitler les avait devancés.
    Tandis que les officiers britanniques et français attendaient de
s'embarquer sur le bateau qui devait lentement les conduire à Leningrad, les
Allemands, eux, précipitaient les choses. Le 3 août fut un jour crucial à
Berlin comme à Moscou.
    A 12 h 58 du soir, ce jour-là, le ministre von Ribbentrop, qui,
invariablement, laissait au secrétaire d'État von Weizsaecker le soin d'envoyer
les télégrammes, expédia personnellement une dépêche marquée « Confidentiel —
très urgent » à Schulenburg.
    Hier, j'ai eu une longue conversation avec Astakhov. Un
télégramme détaillé suit.
    J'ai exprimé le désir allemand de remanier entièrement les
relations germano-russes et déclaré que, de la Baltique à la mer Noire, aucun
problème ne se pose qui ne puisse se résoudre à notre mutuelle satisfaction. En
réponse au désir exprimé par Astakhov touchant des conversations plus concrètes
sur des questions d'actualité... je me suis déclaré disposé à de telles
conversations à condition que le gouvernement soviétique me fasse savoir par
Astakhov qu'il désire également situer les relations germano-russes sur une
base nouvelle et définitive (89).
    On savait à la Wilhelmstrasse que Schulenburg devait rencontrer
Molotov plus tard dans la journée. Une heure après que Ribbentrop eut envoyé
son télégramme, Weizsaecker, à son tour, en envoyait un autre qui, lui aussi,
portait la mention « Confidentiel — très urgent ».
    En raison de la situation politique et pour hâter les
choses, nous sommes désireux, indépendamment de votre entretien de ce jour avec
Molotov, de poursuivre à Berlin en termes plus concrets les conversations
visant à harmoniser les intentions germano-soviétiques. A cette fin, Schnurre
doit recevoir Astakhov aujourd'hui pour lui annoncer que nous sommes prêts à poursuivre
les entretiens dans le sens indiqué (90).
    Le brusque désir de Ribbentrop d'avoir des conversations «
concrètes » sur tous les problèmes qui se posaient de la Baltique à la mer
Noire dut étonner le Kremlin. A un moment, ainsi qu'il en informa Schulenburg
dans son télégramme envoyé à 15 h 47, il suggéra même « doucement » à Astakhov
qu'une entente avec la Russie sur le sort de la Pologne était dans le domaine
des choses possibles. Pour l'instant, cependant, le ministre des Affaires
étrangères prit soin d'informer expressément son ambassadeur à Moscou qu'il
avait déclaré au chargé d'affaires russe que « rien toutefois ne pressait (91)
».
    C'était pur bluff de sa part, et le subtil chargé d'affaires
soviétique fit remarquer, lorsqu'il vit Schnurre à zéro heure quarante-cinq, à
la Wilhelmstrasse, que, si Schnurre avait l'air pressé, le ministre des
Affaires étrangères du Reich n' « avait, quant à lui, fait preuve

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