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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'Union
Soviétique était désormais venu, mais il ne le serait plus après la conclusion
d'un pacte avec Londres.
    Que pouvait offrir la Grande-Bretagne à la Russie? Au
mieux, la participation à une guerre européenne et l'hostilité de l'Allemagne.
Qu'avions-nous à offrir en contrepartie? La neutralité et le maintien en dehors
d'un conflit européen éventuel et, si Moscou le souhaitait, une entente
germano-russe sur des intérêts communs qui, comme à d'autres époques, se
montrerait à l'avantage des deux pays... A mon avis, aucun point de friction
(entre l'Allemagne et la Russie) n'apparaissait le long de la ligne qui partait
de la mer Baltique pour se diriger vers la mer Noire et l'Extrême-Orient. En
outre, toutes divergences philosophiques mises à part, les idéologies respectives
de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Union Soviétique possédaient un point
commun : leur opposition aux démocraties capitalistes occidentales (78).
    Ainsi, à la fin de la soirée du 26 juillet, dans un discret
restaurant berlinois, autour d'un bon repas bien arrosé entre diplomates de
seconde zone, fut lancée la première offre sérieuse de l'Allemagne en vue d'un
marché avec la Russie. La nouvelle politique adoptée par Schnurre lui avait été
fixée par Ribbentrop en personne. Astakhov se réjouit à cette nouvelle. Il
promit à Schnurre qu'il la transmettrait immédiatement à Moscou.
    A la Wilhelmstrasse, les Allemands attendirent avec impatience
la réaction des Soviets. Trois jours plus tard, le 29 juillet, Weizsaecker
envoya par courrier une dépêche secrète à Schulenburg.
    Il serait important pour nous de savoir si les propos tenus
à Astakhov et Babarine ont trouvé un écho à Moscou. Si vous voyez la
possibilité d'obtenir une nouvelle audience de Molotov, sondez-le, je vous
prie, dans le même sens. Au cas où vous arriveriez à faire sortir Molotov de la
réserve où il s'est cantonné jusqu'ici, vous pouvez faire un pas de plus...
Ceci s'applique en particulier au problème polonais. Nous sommes prêts, quelle
que soit la manière dont peuvent encore tourner les choses... à sauvegarder
tous les intérêts soviétiques et à conclure une entente avec le gouvernement de
Moscou. Pour ce qui est de la question balte, également, si les entretiens
prenaient un cours positif, l'on pourrait suggérer l'idée d'une modification de
notre attitude à l'égard des États Baltes dans le sens du respect des intérêts
vitaux soviétiques dans cette zone (79).
    Deux jours plus tard, le 31 juillet, le ministre des Affaires
étrangères adressa à Schulenburg un télégramme « urgent et confidentiel » :
    Concernant notre dépêche du 29 juillet arrivant aujourd'hui
par courrier à Moscou :
    Vous êtes prié d'indiquer télégraphiquement la date et
l'heure de votre prochaine entrevue avec Molotov dès que celle-ci sera fixée.
    Nous désirons vivement qu'elle ait lieu dans un bref délai
(80).
    Pour la première fois, une note d'insistance se glissait dans
les dépêches de Berlin à Moscou.
    Berlin avait de bonnes raisons de se presser. Le 23 juillet, la
France et la Grande-Bretagne avaient fini par accepter la proposition russe que
des entretiens d'états-majors prennent place immédiatement dans le but de
préparer une alliance militaire, spécifiant la part des trois pays dans la
lutte contre les armées hitlériennes. Bien que Chamberlain ne l'eût annoncé que
le 31 juillet à la Chambre des Communes, les Allemands en avaient eu vent plus
tôt. Le 28 juillet, leur ambassadeur à Paris, von Welczeck, avait télégraphié à
Berlin qu'il avait appris de « source exceptionnellement bien informée » que la
France et la Grande-Bretagne envoyaient à Moscou des missions militaires et que
la mission française aurait à sa tête le général Doumenc qu'il décrivait comme
« un officier particulièrement qualifié », ayant fait partie de l'état-major du
général Weygand (81).
    Ainsi qu'il le précisa deux jours plus tard dans une dépêche
complémentaire, l'ambassadeur d'Allemagne avait la nette impression que Paris
et Londres avaient consenti à des entretiens d'états-majors, car c'était là le
seul moyen d'empêcher l'ajournement des négociations de Moscou (82).
    Cette impression était bien fondée. Ainsi que le prouvent les
archives secrètes du Foreign Office, si les conversations politiques de Moscou
avaient abouti à une impasse pendant la dernière semaine de juillet, c'était
parce qu'elles

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