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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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réserves d'or, au bout de nos stocks de métaux... Nous
devons éviter la guerre. Je suggère au Duce l'idée d'une entrevue avec
Ribbentrop... au cours de laquelle j'essayerai de reprendre le projet
mussolinien d'une conférence internationale.
    9 août . — Ribbentrop a approuvé l'idée d'une
rencontre. Je décide de partir demain soir pour Salzbourg. Le Duce tient
beaucoup à ce que je démontre aux Allemands, avec documents à l'appui, que la
guerre serait une folie pour le moment.
    10 août . — Le Duce est plus que jamais convaincu de
la nécessité de retarder le conflit. Il a rédigé de sa main un projet de
communiqué sur l'entrevue de Salzbourg qui, dans sa conclusion, fait allusion à
des pourparlers internationaux pour résoudre les questions qui mettent en péril
l'existence de l'Europe.
    Avant de me quitter, le Duce me recommande encore de bien
insister auprès des Allemands pour qu'ils évitent un conflit avec la Pologne,
car il serait désormais impossible à localiser, et une guerre générale serait
désastreuse pour le monde entier (99).
    Armé de conceptions et de recommandations fort honorables, mais,
vu les circonstances, d'une extrême naïveté, le jeune ministre fasciste partit
pour l'Allemagne où, durant les trois jours qui suivirent, il devait recevoir
de Ribbentrop, et surtout d'Hitler, le plus grand choc de sa vie.

CIANO A SALZBOURG ET OBERSALZBERG
(11, 12 et 13 AOUT)
    Pendant une dizaine d'heures, le 11 août, Ciano conféra avec
Ribbentrop à Fuschl, aux environs de Salzbourg, dans la propriété que le
ministre nazi avait confisquée à un monarchiste autrichien qu'on avait fort
opportunément expédié dans un camp de concentration. Le bouillant Italien
trouva, comme il l'écrivit plus tard, l' « atmosphère froide et lugubre ».
Pendant le dîner à l'Auberge du Cheval Blanc , à Saint-Wolfgang, il n'y
eut pas un mot d'échangé entre les deux convives. C'était à peine nécessaire.
Ribbentrop avait informé son visiteur un peu plus tôt dans la journée que la
décision d'attaquer la Pologne était inébranlable.
    « Eh bien, Ribbentrop, demanda paraît-il Ciano, que voulez-vous,
en somme, le Corridor ou Dantzig?
    — Plus que cela, me dit-il en me fixant de son regard froid
comme celui d'une poupée du Musée Grévin, nous voulons la guerre! »
    L'argumentation de Ciano sur l'impossibilité de localiser le
conflit polonais et sur l'intervention des démocraties occidentales en cas
d'attaque contre la Pologne fut nettement écartée. A la veille de Noël, quatre
ans plus tard — 1943, — alors qu'il était enfermé dans la cellule 27 de la
prison de Vérone où il attendait son exécution réclamée par les Allemands,
Ciano se rappelait encore la glaciale journée du 11 août à Fuschl et Salzbourg.
Ribbentrop, raconte-t-il dans les toutes dernières pages de son journal en date
du 23 décembre 1943, avait parié avec lui « au cours de l'un de ces repas
sinistres que nous prenions à l'Œsterreichischer Hof de Salzbourg « une
collection d'armes anciennes allemandes contre une peinture italienne que la
France et la Grande-Bretagne resteraient neutres — pari dont l'enjeu, note-t-il
tristement, ne fut jamais remis (100) ».
    Ciano se rendit à Obersalzberg, où Hitler, au cours de deux
entretiens, le 12 et le 13, réaffirma que la France et l'Angleterre ne se
battraient pas. Contrairement à son ministre, le Führer fut
cordial, mais il se montra tout aussi implacable dans sa décision de faire la
guerre. On s'en aperçoit en lisant non seulement les notes de Ciano, mais en
compulsant les archives secrètes de la Wilhelmstrasse. Le ministre italien
trouva Hitler debout devant une grande table couverte de cartes d'état-major.
    Il commença par exposer la force de la ligne Siegfried. Celle-ci
était, dit-il, impossible à enfoncer. En outre, ajouta-t-il avec mépris,
l'Angleterre ne pouvait envoyer en France que trois divisions. La France en
aurait infiniment plus, mais, puisque la Pologne serait vaincue « dans un temps
très court », l'Allemagne pourrait très vite concentrer à l'Ouest cent
divisions « pour la lutte à mort qui commencerait alors ».
    Mais cette lutte aurait-elle lieu? Quelques instants plus tard,
troublé par la réponse initiale de Ciano, le Führer se contredisait. Le
ministre italien, comme il se l'était promis, dit à Hitler tout ce qu'il pensait.
Selon les archives allemandes, il révéla « combien la gravité tout à fait
inattendue de la

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