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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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n'avaient pas réussi à donner une définition de l' « agression
indirecte ». Pour les Anglais et les Français, l'interprétation russe de ce
terme était si large qu'il pouvait servir à justifier une intervention
soviétique en Finlande et dans les États Baltes, même en l'absence de menace
nazie positive, ce à quoi Londres du moins — les Français étaient prêts à se
montrer plus accommodants — ne consentirait jamais.
    Le 2 juin également, les Russes avaient insisté pour qu'une
alliance militaire précisant les « méthodes, forme et portée » de l'aide
militaire que les trois puissances devaient réciproquement se fournir entrât en
vigueur en même temps que le pacte d'assistance mutuelle. Les puissances
occidentales, qui n'avaient pas une haute idée des prouesses militaires russes [183] ,
tentèrent de donner le change à Molotov, disant qu'elles ne consentiraient à
commencer les conversations d'états-majors qu'une fois signé le pacte
politique.
    Mais les Russes se montrèrent inflexibles. Lorsque les
Anglais essayèrent d'emporter l'affaire en offrant, le 17 juillet, d'entamer
sur-le-champ les conversations d'états-majors si l'Union Soviétique renonçait à
la signature simultanée des accords politiques et militaires et acceptait,
par-dessus le marché, la définition britannique de l' « agression indirecte », Moscou
répondit par un refus catégorique. Si les Français et les Anglais ne consentent
pas à mettre dans le même panier les accords politiques et les accords
militaires, dirent les Russes, il n'y a aucune raison de poursuivre les
négociations.
    La menace russe de mettre un terme aux conversations provoqua la
consternation à Paris, où l'on fut sans doute plus conscient qu'à Londres des
progrès du flirt germano-soviétique, et ce fut bien sous la pression française
que, le 23 août, le gouvernement britannique, tout en refusant d'accepter la
proposition russe sur l' « agression indirecte », consentit non sans répugnance
à négocier un accord militaire (84).
    Chamberlain était rien moins que chaud envers toute cette
question d'entretiens d'états-majors [184] .
Le 1er août, l'ambassadeur d'Allemagne à Londres, von Dirksen, informait Berlin
que les négociations militaires avec les Russes étaient « considérées avec
scepticisme » dans les milieux gouvernementaux britanniques.
    La composition de la mission militaire britannique vient le
confirmer, écrivait-il  [185] .
L'amiral... est pratiquement à la retraite et n'a jamais fait partie de
l'état-major de la marine. Le général a toujours servi dans les forces
combattantes. Le maréchal de l'air s'est distingué comme pilote et comme instructeur,
mais il n'a rien d'un stratège. Ce qui semble indiquer que la Mission militaire
aura pour tâche de s'assurer de la valeur combative des forces soviétiques
plutôt que de conclure des accords sur les futures opérations... Les attachés
de la Wehrmacht sont unanimes à constater le scepticisme surprenant que
manifestent les milieux militaires britanniques à l'égard des futurs entretiens
avec les armées soviétiques (86).
    En fait, le gouvernement britannique était si sceptique qu'il
négligea de donner par écrit à l'amiral Drax pouvoir de négocier — simple
omission peut-être mais dont le maréchal Vorochilov se plaignit lors de la
première séance des officiers d'état-major. Les lettres de créance de l'amiral
n'arrivèrent que le 21 août, alors qu'elles n'avaient plus aucune utilité.
    Mais si l'amiral Drax n'était pas muni de pouvoirs écrits, il
possédait sûrement des instructions secrètes concernant la participation aux
conversations militaires de Moscou. Ainsi que le révélèrent beaucoup plus tard
les archives du Foreign Office, il avait été recommandé à l'amiral de «
conduire très lentement les conversations (militaires) et de se borner à
observer le cours des négociations politiques », en attendant qu'elles
aboutissent à un accord (87). On lui expliqua qu'il ne fallait donner aucun
renseignement militaire confidentiel aux Russes avant la signature du pacte
politique.
    Mais, puisque les entretiens politiques avaient été suspendus le
2 août et que Molotov avait clairement posé qu'il ne consentirait à leur
reprise que lorsque les conversations militaires auraient un peu progressé, la
conclusion s'imposait presque que le gouvernement Chamberlain n'était nullement
pressé de définir les obligations militaires respectives de

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