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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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sa politique
à celle de l'Axe ». Après s'être ainsi avancé, il fit marche arrière. Le même
jour, il écrivit aux deux dictateurs une seconde lettre : « Afin de prévenir
toute fausse interprétation de la lettre du 24 juillet, déclarait-il, je...
répète que la Hongrie, pour des raisons d'ordre moral, n'est pas en position
d'exercer une action armée contre la Pologne (95). »
    La seconde lettre de Budapest plongea Hitler dans l'un de ses
états de rage habituels. Lorsque, le 8 août, il reçut à Obersalzberg le
ministre des Affaires étrangères hongrois en présence de Ribbentrop, il ouvrit
l'entretien en déclarant combien il avait été « choqué » par le message du
président du Conseil. Il souligna, d'après le procès-verbal confidentiel dressé
à l'intention du ministère des Affaires étrangères, qu'il n'avait jamais compté
sur l'assistance hongroise — ni sur aucune autre — « dans l'éventualité d'un
conflit germano-polonais ». La lettre du comte Teleki, ajouta-t-il, était «
impossible ». Et il rappela à son hôte que c'était bien grâce à la générosité
de l'Allemagne que la Hongrie avait pu récupérer un aussi vaste territoire aux
dépens de la Tchécoslovaquie. « Si l'Allemagne devait connaître une défaite
militaire, dit-il, la Hongrie serait, elle aussi, automatiquement écrasée. »
    Le procès-verbal allemand de cet entretien, qui figure parmi les
documents saisis à la Wilhelmstrasse, révèle l'état d'esprit d'Hitler à
l'approche du mois d'août. La Pologne, dit-il, ne présentait pour l'Allemagne
aucun problème militaire. Toutefois il tablait, dès le départ, sur une guerre
sur deux fronts. « Aucune puissance au monde, se vanta-t-il, ne peut pénétrer
les fortifications occidentales de l'Allemagne. Personne ne m'a jamais fait
peur et, en disant ceci, je pense à l'Angleterre. Et je ne succomberai pas non
plus à la dépression nerveuse qu'on m'a souvent prédite. » Pour ce qui était de
la Russie :
    Le gouvernement soviétique ne prendra pas les armes contre
nous... Les Soviets ne répéteront pas l'erreur du tzar et ne verseront pas leur
sang pour l'Angleterre. Peut-être tenteront-ils cependant de s'enrichir aux
dépens des États Baltes et de la Pologne sans s'engager personnellement dans
une action militaire.
    La harangue d'Hitler fut si persuasive qu'à là fin du second
entretien, qui eut lieu le même jour, le comte Czaky le pria de « considérer
les deux lettres de Teleki comme non avenues ». Il promit de soumettre la même
requête à Mussolini.
    Depuis quelques semaines, le Duce n'avait cessé de manifester
son inquiétude de voir le Führer entraîner l'Italie dans la guerre. Attolico,
son ambassadeur à Berlin, envoyait des rapports de plus en plus alarmants sur
la résolution d'Hitler d'attaquer la Pologne [188] .
    Depuis le début de juin, Mussolini insistait pour avoir une
entrevue avec Hitler, entrevue qui fut fixée au 4 août, au col du Brenner. Le 24 juillet, il soumit à Hitler, par l'intermédiaire
d'Attolico, « les principes qui devaient servir de base » à leurs discussions.
Si le Führer jugeait la guerre « inévitable », l'Italie se
tiendrait alors à ses côtés. Mais le Duce lui rappelait qu'une guerre contre la
Pologne était impossible à localiser et qu'elle se transformerait en conflit
européen.
    Mussolini ne croyait pas que le temps était venu pour l'Axe
d'entreprendre une telle guerre. II proposait à la place « une politique
pacifique constructive, s'étendant sur plusieurs années », qui permettrait à
l'Allemagne de régler son différend avec la Pologne et à l'Italie son différend
avec la France par voie diplomatique. Il allait même plus loin. Il suggérait
une nouvelle conférence internationale des grandes puissances (97).
    La réaction du Führer, ainsi que le nota Ciano dans son journal en date du 26 juillet, fut défavorable,
et Mussolini décida qu'il vaudrait peut-être mieux renvoyer sa rencontre avec
Hitler (98). Il proposa alors, le 7 août, que les deux ministres des Affaires
étrangères aient immédiatement une entrevue. Les notes prises par Ciano à cette époque traduisent le malaise croissant qui se
manifestait à Rome. Il notait en effet, le 6 août :
    Il est indispensable de trouver une issue. Car, à suivre la
voie allemande, on va droit à la guerre, et nous y allons dans les conditions
les plus défavorables pour l'Axe, et tout spécialement pour l'Italie. Nous
sommes au bout de nos

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