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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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hagard, voix
rauque, soucieux. « S'entoure désormais entièrement de ses conseillers S.S. »
    A Berlin aussi, un observateur étranger pouvait constater de
quelle manière la presse, sous la direction experte de Goebbels, dupait
le crédule peuple allemand. Depuis six ans, c'est-à-dire depuis la «
coordination » imposée aux quotidiens par les nazis et qui avait signifié la
suppression de la liberté d'expression, les habitants s'étaient trouvés coupés
de la vérité en ce qui concernait les événements mondiaux.
    Pendant un moment, on avait pu acheter dans certains grands
kiosques les journaux suisses-allemands de Zurich et de Bâle, qui donnaient des
nouvelles objectives. Mais, depuis quelques années, leur vente dans le Reich était interdite ou limitée à quelques exemplaires. Pour
les Allemands qui savaient l'anglais et le français, il y avait de temps à
autre quelques numéros des journaux de Londres ou de Paris, mais ceux-ci
n'étaient pas en quantité suffisante pour atteindre plus d'une poignée
d'individus.
    Dans quel isolement vit le peuple allemand, notai-je dans mon
carnet en date du 10 août 1939. Un coup d'œil aux journaux d'hier nous le remet
en mémoire. Après un bref congé à Washington, New York et Paris, j'avais
regagné l'Allemagne et, en traversant la Suisse, j'avais, deux jours plus tôt,
acheté une liasse de journaux publiés à Berlin et en Rhénanie. Ils me
ramenèrent rapidement dans le monde désaxé du nazisme, aussi différent de celui
que je venais de quitter que s'il avait appartenu à une autre planète.
    Je notai donc plus bas, le 10 août, après mon arrivée à Berlin :
    Tandis que tout le reste du monde considère que c'est
l'Allemagne qui va troubler la paix, que c'est elle qui menace d'envahir la
Pologne... ici, en Allemagne, c'est tout le contraire... Voici ce que
proclament les journaux nazis : c'est la Pologne qui trouble la paix de
l'Europe, la Pologne qui menace l'Allemagne d'une invasion armée...
    « Pologne, prends garde! » titre la B.Z., qui ajoute :
réponse a la pologne, ce cheval emballé ( Amokläufer ) qui s'élance a
l'assaut de la paix de l'europe et du droit. »
    Ou encore le titre de Der Führer, quotidien de Karlsruhe,
que j'achetai dans le train : « varsovie menace de bombarder dantzig —
incroyables manifestations du délire polonais ( Polnischer Groessenwahn ).
»
    On se dit : Mais il n'est pas possible que le peuple
allemand ajoute foi à de tels mensonges? Puis on parle aux gens. Nombreux sont
ceux qui y croient.
    Le samedi 26 août, à la date primitivement assignée par Hitler à
l'attaque contre la Pologne, la campagne de presse de Goebbels avait
atteint son paroxysme. Je notai quelques gros titres dans mon carnet :
    B.Z : « CHAOS TOTAL EN POLOGNE — FAMILLES ALLEMANDES EN FUITE
— SOLDATS POLONAIS SUR LA FRONTIÈRE ALLEMANDE! » 12 -Uhr
Blatt : « ASSEZ JOUÉ AVEC LE FEU — TROIS AVIONS
COMMERCIAUX ALLEMANDS ATTEINTS PAR LE TIR POLONAIS — DANS LE CORRIDOR :
NOMBREUSES FERMES ALLEMANDES EN FLAMMES! »
    En me rendant à minuit à la Maison de la Radio, j'achetai
l'édition dominicale (27 août) du Völkischer Beobachter . Occupant tout le haut de la première page, s'étalait en
caractères hauts d'un pouce le texte suivant :
    POUSSÉE DE FIÈVRE GUERRIÈRE EN POLOGNE! 1 500 000 HOMMES
MOBILISÉS! TRANSPORT DE TROUPES ININTERROMPU EN DIRECTION DE LA FRONTIÈRE!
CHAOS EN HAUTE-SILÉSIE!
    Il n'y avait naturellement aucune mention d'une quelconque
mobilisation allemande, bien que, comme nous l'avons vu, depuis quinze jours
l'Allemagne fût mobilisée.

LES SIX DERNIERS
JOURS DE LA PAIX
    Après s'être remis de la douche froide que lui avait administrée
la lettre de Mussolini — sans parler de la nouvelle de la signature du traité
anglo-polonais, — Hitler écrivit au Duce une brève note. « Quelles munitions et
quelles matières premières demandez-vous, s'enquérait-il, et dans quel délai
les voulez-vous », pour que l'Italie puisse « faire son entrée dans le conflit
européen?» La lettre fut personnellement téléphonée par Ribbentrop à
l'ambassadeur d'Allemagne à Rome à dix-neuf heures quarante et remise au
dictateur italien à vingt et une heures trente (25).
    Le lendemain matin, Mussolini conféra à Rome avec les chefs
d'état-major des trois forces armées pour dresser une liste des besoins minima
en vue d'une guerre de douze mois. Selon les termes utilisés par Ciano, qui
contribua à la rédaction du

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