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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d’Ebert, montrèrent que la diminution de leurs effectifs ne
signifiait pas leur extinction. Rebaptisés Parti national du Peuple allemand, ils
recueillirent 3 millions de suffrages et eurent 44 députés. Leurs alliés de
droite, les nationaux-libéraux, devenus Parti du Peuple allemand, reçurent près
de 1 500 000 voix et eurent 19 sièges. Quoique nettement en minorité,
les deux partis conservateurs étaient assez nombreux à l’Assemblée pour se
faire entendre.
    En fait, dès qu’elle se réunit le 6 février 1919, à Weimar,
leurs leaders s’empressèrent de prendre la parole en faveur de Guillaume II
et de la façon dont lui et les généraux avaient conduit la guerre. Gustav
Stresemann, chef du Parti du Peuple, n’avait pas encore subi ce qui plus tard
apparut comme un retournement de cœur et d’esprit. En 1919, on le considérait
encore comme celui qui avait été au Reichstag le porte-parole du haut commandement
(on l’appelait « le cadet de Ludendorff »), un partisan violent de la
politique d’annexion et un fanatique de la guerre sous-marine à outrance.
    Après six mois de débats, le 31 juillet 1919, l’Assemblée
vota la Constitution ; le président la ratifia le 31 août. Sur le papier, c’était le document le plus démocratique et le plus
libéral en son genre qu’on eût vu au XXe siècle. Théoriquement, elle était
presque parfaite, pleine d’ingénieux et admirables articles qui semblaient
garantir le fonctionnement d’une démocratie à peu près idéale. L’idée d’un
cabinet ministériel était empruntée à l’Angleterre et à la France, celle d’un
président fortement appuyé sur le peuple aux États-Unis, celle du référendum à
la Suisse. Un système minutieux et compliqué de représentation proportionnelle
et de scrutin de liste devait empêcher la dispersion des suffrages et donner
aux petites minorités le droit de disposer de sièges au parlement [23] .
    La Constitution de Weimar n’offrait que douceur et espérance
aux esprits sincèrement démocratiques. Le peuple y était déclaré souverain :
« Le pouvoir politique émane du peuple. » Hommes et femmes recevaient
à vingt ans le droit de vote. « Tous les Allemands sont égaux devant la
loi… La liberté individuelle est inviolable… Tout Allemand a le droit… d’exprimer
son opinion librement… Tous les Allemands ont le droit de former des
associations ou des sociétés… Tous les habitants du Reich jouissent d’une
complète liberté de croyance et de conscience… » Personne au monde ne
devait être plus libre qu’un Allemand, nul gouvernement ne devait être plus
démocratique et plus libéral que le sien. Sur le papier.

L’OMBRE DE VERSAILLES
    Avant que fût terminée la rédaction de la Constitution de
Weimar, survint un événement qui laissait prévoir l'échec de cet instrument et
de la République qu'il avait pour objet de fonder. Ce fut la publication du
traité de Versailles. Durant les premiers temps agités et chaotiques de la
paix, et même après que les délibérations de l'Assemblée nationale eurent
commencé à Weimar, les Allemands semblèrent peu se préoccuper de ce que leur
vaudrait d'avoir perdu la guerre. Ou bien, s'ils y pensèrent, ils parurent
s'endormir dans une commode insouciance : ayant renvoyé les Hohenzollern comme
le demandaient les Alliés, réduit les bolchévistes et entrepris de former un
gouvernement démocratique et républicain, ils se persuadaient qu'ils avaient
droit à un règlement juste qui n'eût pas pour base leur défaite, mais les
célèbres 14 points du président Wilson.
    Sans doute, leurs souvenirs n'allaient pas jusqu'à remonter le
cours d'une année : le 3 mars 1918, leur haut commandement, alors victorieux,
avait imposé à la Russie vaincue le traité de Brest-Litowsk, qu'un historien
britannique, écrivant vingt ans plus tard, après que les passions créées par la
guerre se furent atténuées, a qualifié d'« humiliation sans précédent, inégalée
dans l'histoire moderne (2) ». Il privait la Russie d'un territoire presque
aussi vaste que l'Autriche-Hongrie et la Turquie réunies, comptant 56 millions
d'habitants (32 pour 100 de toute sa population); il lui enlevait un tiers de
ses voies ferrées, 73 pour 100 de son minerai de fer, 89 pour 100 de sa
production houillère et plus de 5 000 manufactures ou établissements
industriels. En outre, la Russie devait payer à l'Allemagne une indemnité de 6
milliards de

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