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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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marks
    Au printemps 1919, le jour du règlement de comptes arriva aussi
pour les Allemands. Les termes du traité de Versailles établis par les Alliés
sans avoir négocié avec l'ennemi, furent publiés à Berlin le 7 mai. Ce fut un
choc écrasant pour un peuple qui avait préféré s'illusionner jusqu'au dernier
moment. Dans tout le pays s'organisèrent des meetings populaires où les foules
protestèrent avec irritation pour que l'Allemagne refusa la signature. Scheidemann,
devenu Chancelier pendant la session de l'Assemblée de Weimar, s'écria : «
Puisse se dessécher la main qui signera ce traité! » Le 8 mai, Ebert,
maintenant président provisoire, en qualifia publiquement les clauses d' «
irréalisables et insupportables ». Le lendemain, la délégation allemande à
Versailles écrivit à l'inflexible Clemenceau qu'un traité comme celui-là était
« intolérable pour quelque nation que ce fût ».
    Que contenait-il donc de si intolérable? Il rendait à la France
l'Alsace-Lorraine, à la Belgique une portion de territoire, au Danemark (après
un plébiscite) une portion similaire du Schleswig que Bismarck leur avait prise
au siècle précédent, après les avoirvaincus
sur le champ de bataille. Il rendait à la Pologne les terres (certaines seulement
après un plébiscite), dont les Allemands s'étaient emparés lors de son partage.
Cette stipulation fut parmi celles qui les exaspérèrent le plus, non seulement
parce qu'ils voyaient avec déplaisir la Prusse orientale séparée de la patrie
par un corridor qui permettait à la Pologne d'accéder à la mer, mais surtout
parce qu'ils méprisaient les Polonais et les tenaient pour une race inférieure.
Les Allemands enragèrent à peine moins de constater que le traité les forçait à
accepter la responsabilité d'avoir déclenché la guerre et qu'il exigeait la
livraison aux Alliés du Kaiser Guillaume II, ainsi que de 800 « criminels de
guerre » environ.
    Sans préjudice des réparations à fixer ultérieurement, un
premier paiement de 5 milliards de marks-or devait s'effectuer entre 1919 et
1921, et certaines livraisons en nature (charbon, bateaux, bois, bétail, etc.)
seraient faites en lieu et place de versements en espèces. Cependant, ce qui
irrita le plus l'Allemagne fut que le traité la désarmait virtuellement [24] et, pour le présent tout au moins, lui ôtait toute perspective d'hégémonie en
Europe. Pourtant, ce traité de Versailles, si honni, était plus clément que
celui imposé par l'Allemagne à la Russie et il laissait le Reich
géographiquement et économiquement à peu près intact ; il sauvegardait aussi
son unité politique et son potentiel de grande nation.
Le gouvernement provisoire de Weimar — à l'exception d'Erzberger qui
préconisait son acceptation, étant donné que ses termes pourraient être
facilement éludés — se montra vigoureusement opposé au Diktat de
Versailles ainsi qu'on l'appelait. L'immense majorité des citoyens, de la
droite à la gauche, pensait comme le gouvernement.
    Et l'armée? Serait-elle en mesure, en cas de rejet, de tenir
tête à l'ouest à l'inévitable attaque des Alliés? Ebert s'en enquit auprès du
haut commandement, maintenant installé à Kolberg, en Poméranie. Le
feld-maréchal von Hindenburg, sur l'avis du général Groener, qui savait.que la
résistance serait vaine, répondit le 17 juin :
    En cas d'une reprise des hostilités, nous pourrions
reconquérir la province de Posen (Pologne) et défendre nos frontières
orientales. Toutefois, à l'ouest, il est difficile d'espérer que nous serions
capables de contenir une offensive sérieuse de la part de l'ennemi, étant donné
la supériorité numérique de l'Entente et la faculté qu'elle aurait de nous
attaquer sur les deux flancs. Le succès de l'opération prise dans son ensemble
est donc très douteux. Comme soldat, cependant, je ne saurais m'empêcher de
penser que mieux vaudrait périr avec honneur que d'accepter une paix
humiliante.
    Ces derniers mots du commandant en chef respecté demeuraient
dans la meilleure tradition militaire allemande; mais on peut juger de leur
sincérité quand on connaît ce qu'ignoraient ses compatriotes : Hindenburg était
convenu avec Groener qu'essayer alors de résister aux Alliés serait non
seulement tout à fait inutile, mais encore que prendre un tel parti
équivaudrait à rechercher la destruction du corps des officiers, objet
particulier de leur attachement, ainsi, en fait, que de

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