Le Troisième Reich, T1

émetteur de secours [240] .
Puis, avant de partir, nous tirâmes quelques coups de pistolet [241] (79).
    Berlin, ce soir-là, était pour une large mesure coupé du monde
extérieur, à l'exception des dépêches de presse et des émissions relatant l' «
offre » de paix du Führer à la Pologne, et les allégations allemandes d' «
attaques effectuées par les Polonais » en territoire allemand. J'essayai
d'entrer en communication téléphonique avec Varsovie, Londres et Paris, pour
apprendre que les liaisons avec ces capitales étaient interrompues. L'aspect
même de la ville était parfaitement normal.
    Aucune évacuation de femmes et d'enfants n'avait eu lieu, comme
cela s'était passé à Paris et à Londres, et il n'y avait pas de sacs de sable
aux vitrines des magasins, ainsi qu'on le signalait dans les autres capitales.
Le 1er septembre, vers quatre heures du matin, après ma dernière émission, je
me rendis en voiture de la Maison de la Radio à l'Hôtel Adlon . La circulation était nulle.
Aucune fenêtre n'était éclairée. Les gens dormaient — sans doute avaient-ils
été se coucher, pleins d'optimisme et d'espoir dans la paix.
    Hitler, lui, n'avait cessé d'être très en forme d'un bout à
l'autre de la journée. « Führer calme, a bien dormi...,
lit-on dans le journal du général Halder. Opposé à
l'évacuation : preuve qu'il espère que la Grande-Bretagne et la France
resteront tranquilles [242] .
»
    Berlin, 31 août 1939.
    Je vous remercie de votre télégramme du 27 août. Vous
pouvez être assuré que mon attitude à l'égard de la Grande-Bretagne et mon
désir d'éviter une guerre entre nos deux peuples demeurent inchangés. Il dépend
toutefois de la Grande-Bretagne que mes vœux pour le développement futur des
relations germano-britanniques puissent se réaliser.
    Adolf Hitler (80).
    C'est là la première mention de l'ex-roi d'Angleterre, mais
non la dernière, dans les documents allemands saisis. Le duc de Windsor, comme
on le verra plus loin, joua, par la suite, un grand rôle dans certains calculs
d'Hitler et de Ribbentrop.
    L'amiral Canaris, chef de l' Abwehr à
l'O.K.W., et l'un des inspirateurs de la conspiration anti-nazie, était dans de
tout autres dispositions. Bien qu'Hitler fût en train de précipiter l'Allemagne
dans la guerre, ce que le cercle de Canaris avait juré d'empêcher en éliminant
le dictateur, maintenant que l'heure en était venue, il n'y avait aucune
conjuration en cours.
    Plus tard dans l'après-midi, Gisevius avait été convoqué par le
colonel Oster au quartier général de l'O.K.W. Ce centre nerveux de la puissance
militaire allemande bourdonnait d'activité. Canaris entraîna Gisevius dans un
couloir obscur.
    « C'est la fin de l'Allemagne (81)! » lui dit-il d'une voix
étranglée par l'émotion.

NOTES
    Abréviations employées dans ces notes :
    DbrFP. Documents on British
Foreign Policy. Dossiers du Foreign Office
britannique.
    DDI. I. Documenti diplomatici italiani. Dossiers du gouvernement
italien.
    DGFP. Documents on German Foreign Policy. Dossiers
du ministère allemand des Affaires étrangères.
    FCNA. Führer Conferences on Naval Affairs.
Comptes rendus sommaires des conférences de Hitler avec le commandant en chef
de la marine allemande.
    NCA. Nazi Conspiracy and Aggression. Partie
des documents de Nuremberg.
    N.D. Document de Nuremberg.
    NSR. Nazi-Soviet Relations. Documents provenant des dossiers du
ministère allemand des Affaires étrangères.
    TMWC. Trial of the Major War Criminals. Documents
et témoignages relatifs aux Procès de Nuremberg.
    TWC. Trial of War Criminals before the
Nuremberg Military Tribunals. Procès des criminels de guerre devant les
tribunaux militaires de Nuremberg.

CHAPITRE 1
    1. Mémorandum Hammerstein.cité par Wheeler-Bennett dans son
livre, The Nemesis of Power, page 285. Ce document fut rédigé à l'intention de
Wheeler-Bennett par le docteur Kunrath von Hammerstein, fils
du général, d'après les notes et les carnets de celui-ci; il est intitulé : Schleicher, Hammerstein et la prise du pouvoir.
    2. Joseph Gœbbels, Vom Kaiser
hof zur Reichskanzlei, p. 251.
    3. Mémorandum Hammerstein.cité par Wheeler-Bennett, op. cit., p.
280.
    4. Gœbbels, op.
cit., p. 250.
    5. Ibid., p. 252. ,
    6. Ibid., p. 252.
    7. André Francois-Poncet, Souvenirs d'une ambassade à Berlin, p. 70.
    8. Gœbbels, op .
cit., pp. 251-254.
    9. Proclamation du 5 septembre 1934 à Nuremberg.
    10. Friedrich Meinecke, The German