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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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jour-là, je me souviens, une atmosphère étrange planait sur
Berlin : les gens donnaient l'impression d'être complètement hébétés. A sept
heures vingt-cinq du matin, Weizsaecker avait téléphoné à Ulrich von Hassel,
l'un des « conspirateurs », pour lui demander de venir le trouver d'urgence. Le
secrétaire d'État ne voyait qu'un dernier espoir : que Henderson réussisse à
persuader Lipski et son gouvernement d'envoyer immédiatement un
plénipotentiaire polonais, ou tout au moins d'annoncer son intention de le
faire.
    Hassell, qui était libre de toute occupation, ne pouvait-il voir
tout de suite Henderson et aussi Gœring dans ce but ? Hassell fit une
tentative. Il rencontra deux fois Henderson et une fois Gœring. Mais si vieux
diplomate qu'il fût, et si anti-nazi qu'il fût devenu, il ne semblait pas se
rendre compte que les événements avaient distancé ses pauvres efforts. Pas plus
qu'il ne mesurait l'étendue de ses propres erreurs, ni de celles de Weizsaecker
et de tous les « bons » Allemands qui, bien sûr, voulaient la paix — aux
conditions allemandes.
    Pourtant, cela aurait dû leur sauter aux yeux, le 31 août, que
la guerre allait éclater, à moins qu'Hitler ou les Polonais ne rabattent de
leurs prétentions, et qu'on ne pouvait s'attendre à une capitulation de l'un ou
de l'autre camp. Toutefois, ainsi que le journal d'Halder, en date de ce jour,
le montre clairement, ce dernier espérait encore que les Polonais céderaient et
suivraient la route désastreuse qu'avaient prise les Autrichiens et les
Tchèques.
    Comme Henderson tenait à prouver à Hassell que la « grande
difficulté » résidait dans les méthodes des Allemands et dans la manière dont
ils essayaient de faire marcher les Polonais « comme une bande de petits
garçons stupides », Hassell lui opposa « que le silence persistant des Polonais
était tout aussi, blâmable ». Il ajouta que tout dépendait d'une chose : «
Lipski ferait-il acte de présence — non pour poser des questions, mais pour
déclarer sa volonté de négocier? »
    Même aux yeux de Hassell, les Polonais, bien que menacés d'une
attaque imminente sous des prétextes forgés par les nazis, n'étaient pas censés
poser des questions. Et, lorsque l'ancien ambassadeur résuma ses « conclusions
finales » sur l'ouverture des hostilités, tout en blâmant Hitler et Ribbentrop
« de prendre consciemment le risque d'une guerre contre les puissances occidentales
», il chargea les Polonais et aussi les Anglais et les Français d'une grande
part de responsabilité. « Les Polonais, quant à eux, écrivit-il, avec leur
suffisance nationale et le laisser-aller slave, confiants dans l'aide anglaise
et française, avaient laissé échapper les dernières chances qui leur restaient
d'éviter la guerre. »
    On peut toutefois se demander de quelles chances il s'agissait,
— à moins de désigner ainsi la satisfaction de toutes les exigences allemandes.
« Les derniers jours, ajouta Hassell, le gouvernement de Londres... abandonna
la course et adopta une attitude fataliste. La France passa par les mêmes
stades, quoique avec plus d'hésitation. Mussolini fit tout ce qui était en son
pouvoir pour éviter la guerre (75). » Si un diplomate aussi instruit, cultivé
et expérimenté qu'Hassell pouvait être aussi flou dans ses opinions, faut-il
s'étonner qu'Hitler ait pu facilement duper la masse du peuple allemand ?
    Survint alors, tandis que ce dernier après-midi touchait à son
terme, un interlude assez grotesque. A la lumière de ce qu'on sait maintenant
des décisions qui furent prises ce jour-là, on pourrait croire que le
commandant en chef de la Luftwaffe, qui devait entreprendre de vastes
opérations aériennes contre la Pologne à l'aube du lendemain, aurait fait
figure de feld-maréchal très occupé. Tout au contraire, Dahlerus l'emmena
déjeuner à l' Hôtel Esplanade et le traita royalement. Le cognac était
d'une telle qualité que Gœring insista pour en emporter deux bouteilles.
    Ayant ainsi mis le feld-maréchal dans les dispositions requises,
Dahlerus lui proposa de convier Henderson à un entretien. Après avoir obtenu
l'autorisation d'Hitler, Gœring invita donc Henderson et Forbes à prendre le
thé chez lui à cinq heures de l'après-midi. Dahlerus (dont Henderson n'a
mentionné la présence ni dans son Rapport définitif ni dans son livre)
prétend avoir suggéré que Gœring, au nom de l'Allemagne, rencontrât en Hollande
un émissaire

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