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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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polonais, et, ajoute-t-il, « Henderson promit de soumettre la
proposition à Londres ».
    D'après la version que donne, de cette conversation autour d'une
tasse de thé, l'ambassadeur britannique dans son Rapport définitif ,
Gœring « s'étendit pendant près de deux heures sur les « iniquités » des
Polonais et sur le désir qu'Herr Hitler et lui-même avaient de s'assurer
l'amitié de l'Angleterre. C'était une conversation qui ne pouvait conduire
nulle part... Mon impression générale fut qu'elle constituait, en fait, un
dernier effort désespéré de sa part pour détacher la Grande-Bretagne de la
Pologne... J'augurai du pire du fait qu'il pût, à un pareil moment, me
consacrer une si grande partie de son temps... Il lui eût été difficile, en un
tel instant, de perdre son temps à des conversations, si cela ne signifiait que
tout, jusqu'au dernier détail, était déjà prêt à l'action ».
    La troisième description, la plus piquante de ce « thé »
bizarre, est due à Forbes, en réponse aux questions que lui posa l'avocat de
Gœring à Nuremberg.
    L'atmosphère était négative et désespérée, bien
qu'amicale... Gœring s'adressa en ces termes à l'ambassadeur : Si les Polonais
ne cèdent pas, l'Allemagne les écrasera comme des poux. Si l'Angleterre se
décidait à déclarer la guerre, il en serait navré, mais elle commettrait là une
grande imprudence (76).
    Plus tard dans la soirée, Henderson, ainsi qu'il le dit
lui-même, envoya à Londres un télégramme. « Il serait parfaitement inutile que
je présente de nouvelles suggestions, disait-il, étant donné qu'elles seraient
maintenant gagnées de vitesse par les événements et que la seule chose qui nous
reste à faire est de montrer notre volonté inflexible de résister à la force
par la force (77) [238] .
»
    La déception de Sir Neville Henderson semblait complète.
Malgré les laborieux efforts qu'il avait déployés pendant des années pour
apaiser l'insatiable dictateur nazi, sa mission en Allemagne (comme il le
disait) avait échoué. Alors que le dernier jour d'août touchait à son déclin,
cet Anglais superficiel et débonnaire, dont la diplomatie personnelle à Berlin
avait été si désastreusement aveugle, tenta de faire face au navrant
effondrement de ses vains espoirs et de ses plans mort-nés. Bien qu'il dût
encore commettre un de ses incroyables faux pas le lendemain, premier jour de
la guerre, une antique vérité commençait de lui apparaître : à savoir qu'il y a
des moments et des circonstances où, ainsi qu'il avait fini par l'avouer, « la
force doit être affrontée par la force [239] ».
    Tandis que la nuit du 31 août 1939 s'abattait sur l'Europe et
que 1 500 000 soldats allemands, montant vers la frontière polonaise, gagnaient
les positions d'où ils devaient s'élancer le lendemain à l'aube, il ne restait
plus à Hitler qu'à utiliser toutes les ressources de sa propagande mensongère
pour préparer le peuple allemand à encaisser le choc d'une guerre d'agression.
    Le peuple avait besoin du traitement qu'Hitler, aidé par Gœring
et Himmler, avait appris à appliquer avec tant d'art. Après m'être promené dans
Berlin et parlé avec l'homme de la rue, je notai ce matin-là dans mon journal.
« Tout le monde contre la guerre. Les gens parlent ouvertement. Comment un pays
peut-il se lancer dans une guerre générale avec une population aussi hostile à
l'idée de se battre? »
    Malgré toute mon expérience du Troisième Reich, j'avais posé là
une question bien naïve! Hitler connaissait parfaitement la réponse. N'avait-il
pas, la semaine précédente, du haut de sa montagne bavaroise, promis aux
généraux « qu'il saurait trouver un bon prétexte de propagande pour déclarer la
guerre », et leur avait conseillé de ne « pas s'inquiéter que ce prétexte soit
plausible ou non ». « Le vainqueur, leur avait-il expliqué, ne se verra pas
demander plus tard s'il avait dit ou non la vérité. Lorsqu'on déclenche et
qu'on conduit une guerre, ce n'est pas le droit qui compte, mais la victoire. »
    A neuf heures du soir, ainsi que nous l'avons dit, toutes les
stations allemandes de radio diffusèrent les propositions de paix à la Pologne,
propositions qui, lorsqu'il les entendit, parurent si raisonnables à l'auteur
de cet ouvrage qu'il s'y laissa prendre.
    Le fait qu'Hitler ne les avait jamais soumises aux Polonais, ni
même, sauf d'une manière vague et officieuse, aux Anglais, et ce, moins

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