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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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était passé avec d'autres réfugiés des Soviets à Munich, où il entra au
Parti nazi et devint un des proches d'Hitler.
    Le 4 novembre, la Journée allemande du souvenir des morts ( Todengedenktag )
devait être célébrée par un défilé militaire dans le centre de Munich, et la
presse avait annoncé que, non seulement le populaire prince héritier Rupprecht,
mais aussi Kahr, Lossow et Seisser, recevraient le salut des troupes d'une
tribune située dans une rue étroite conduisant à la Feldherrnhalle.
Scheubner-Richter et Rosenberg suggérèrent à Hitler que quelques centaines de
S.A., transportés par camions, se concentrent dans cette rue avant l'arrivée
des troupes et en bouchent les issues avec des nids de mitrailleuses. Hitler
monterait alors à la tribune, proclamerait la Révolution et, pistolet en main,
forcerait les notables à y adhérer en la lui donnant à conduire. Le plan plut à
Hitler, qui s'y rangea avec enthousiasme. Mais lorsque, le jour venu, Rosenberg
arriva sur les lieux pour les reconnaître, il put constater que la rue était amplement
protégée par de nombreux policiers bien armés. Il fallait donc abandonner le
complot, et, du même coup, la « Révolution ».
    Ce n'était, en fait, que partie remise. Un second plan fut
élaboré, qui ne pourrait pas être déjoué par la présence de policiers. La nuit
du 10 au 11 novembre, les S.A. et les autres bandes armées du Kampfbund
seraient concentrés sur le Frœttmaninger, au nord de Munich; le 11 au matin,
jour anniversaire de l'armistice infamant et haï, ces conjurés marcheraient sur
la ville, s'empareraient des points stratégiques, proclameraient la Révolution
nationale et mettraient les trop indécis Kahr, Lossow et Seisser devant le fait
accompli.
    On en était là, quand une information d'importance secondaire
détermina Hitler à abandonner ce projet pour un autre : la presse publiait un
avis assez bref, faisant savoir qu'à la requête de certaines organisations
commerciales, Kahr prononcerait une allocution au Buergerbräukeller ,
grande brasserie située dans les faubourgs du sud-est. La date était le 8 novembre
au soir. Le commissaire y exposerait le programme du gouvernement. Le général
von Lossow, le colonel von Seisser et d'autres notables seraient présents.
    Deux considérations inspirèrent à Hitler une décision brutale.
En premier lieu, il suspecta Kahr de vouloir profiter du meeting pour annoncer
la proclamation de l'indépendance bavaroise et la restauration de la dynastie
Wittelsbach. Toute la journée du 8 novembre, il s'efforça vainement de voir
Kahr, qui remit l'entrevue au lendemain. Hitler sentit s'accroître ses soupçons
et la nécessité de prendre les devants. En outre — et c'était la seconde
considération — le meeting du Buergerbräukeller lui fournissait
l'occasion manquée le 4 novembre, c'est-à-dire la chance de mettre la main sur
le triumvirat et de le contraindre à la pointe du pistolet à se joindre aux
nazis pour faire la Révolution. Il décida de frapper sans attendre. La
mobilisation du 10 novembre fut décommandée, et les S.A. furent alertés en hâte
pour monter à l'assaut de la grande brasserie.

LE PUTSCH DE LA BRASSERIE
    Le soir du 8 novembre 1923, vers neuf heures moins le quart,
Kahr parlait depuis une demi-heure à quelque 3 000 bourgeois de Munich, assis à
des tables rustiques et savourant leur bière dans des pots de grès à la mode
bavaroise. Des troupes S.A. cernèrent le Buergerbräukeller et Hitler
pénétra dans la grande salle. Pendant que ses hommes installaient une
mitrailleuse à l'entrée, il sauta sur une table et tira un coup de revolver au
plafond pour attirer l'attention. Kahr s'arrêta dans son allocution, et les
auditeurs tournèrent la tête, cherchant la cause de l'agitation qui se créait.
Hitler, soutenu par Hess et par Ulrich Graf, l'ex-boucher-lutteur-bagarreur
devenu son garde du corps, se fraya un chemin jusqu'à l'estrade. Un commandant
de police tenta de l'empêcher d'avancer, mais Hitler braqua son pistolet sur
lui et passa. Selon un témoin oculaire, Kahr était maintenant « pâle et troublé
». Il fit quelques pas en arrière, et Hitler prit sa place à la tribune, criant
:
     « La Révolution nationale commence. Ce bâtiment est occupé
par 600 hommes fortement armés. Défense à chacun de quitter la salle. Si tout
ne se calme pas immédiatement, je fais monter une mitrailleuse dans la galerie.
Les gouvernements du Reich et de la

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