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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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par le commandant de la Reichswehr locale et
remplacé par un commissaire du Reich. A Hambourg et dans les autres régions,
les communistes furent rapidement et durement écrasés. Berlin crut alors être
en droit de penser que cette suppression, relativement facile, du péril
bolchéviste empêcherait les conspirateurs bavarois de prétendre que, s'ils
agissaient, c'était pour préserver la République du communisme et qu'ils
allaient reconnaître l'autorité du gouvernement national. Mais il en fut tout
autrement.
    La Bavière continuait de défier Berlin. Elle était placée sous le régime dictatorial d'un
triumvirat : Kahr, commissaire d'État; le général Otto von
Lossow, commandant la Reichswehr de la région; et
le colonel Hans von Seisser, chef de la police. Kahr
refusa d'admettre que la proclamation de l'état d'urgence en Allemagne faite
par le président Ebert fût applicable en Bavière et d'exécuter les ordres de
Berlin. Lorsque le gouvernement national demanda la suppression du journal
d'Hitler, le Völkischer Beobachter , à cause de ses
attaques violentes contre la République en général, et contre Seeckt,
Stresemann et Gessler en particulier, Kahr opposa une fin de non-recevoir
méprisante.
    Il ne tint pas davantage compte d'un autre ordre de Berlin,
prescrivant d'arrêter trois chefs notoires de bandes armées existant en
Bavière, le capitaine Hess, le capitaine Ehrhardt (« héros
» du putsch Kapp) et le lieutenant Rossbach (homosexuel
ami de Rœhm). Seeckt, perdant patience, commanda à von Lossow de
supprimer le journal nazi et de mettre la main sur les trois chefs de bande. Le
général bavarois, faible, irrésolu et influencé par l'éloquence d'Hitler et par
les raisonnements de Kahr, hésitait à obéir. Le 24 octobre, Seeckt le destitua
et le remplaça par le général Kress von Kressenstein. Mais
Kahr ne voulut pas accepter cette manifestation d'énergie de Berlin. Il déclara
que Lossow garderait le commandement de la Reichswehr; en outre, défiant Seeckt et même la Constitution, il força les officiers
et les soldats à prêter un serment de fidélité spécial au général bavarois.
    Aux yeux de Berlin, une telle attitude relevait de la trahison
non seulement politique, mais également militaire. Seeckt décida d'y mettre fin
sous ses deux aspects (8). Il avertit nettement le triumvirat, ainsi qu'Hitler
et les ligues armées, que toute rébellion de leur part se heurterait à la
force. Toutefois, le chef nazi ne pouvait plus reculer, car ses partisans
brûlaient d'agir. Un de ses officiers S. A., le lieutenant Wilhelm Brueckner, insista pour qu'il prît immédiatement l'offensive. « Le jour
vient, dit-il, où je ne pourrai plus retenir les hommes. S'il ne se passe rien,
ils vont nous échapper. »
    Hitler comprit de même que, si Stresemann gagnait encore plus de
temps et parvenait à ramener la tranquillité dans le pays, il perdrait toutes
ses chances. Aussi adjura-t-il Kahr et Lossow pour qu'on
marchât sur Berlin avant que Berlin ne marchât sur Munich. D'autre part, il
craignait de plus en plus que le triumvirat perdît courage ou qu'il projetât,
en dehors de lui, un coup de force pour détacher la Bavière du Reich. Or,
Hitler, fanatique d'un État fort, nationaliste et unifié, était entièrement
opposé à un tel dessein.
    L'avertissement lancé par Seeckt commençait à faire hésiter
Kahr, Lossow et Seisser, peu désireux de s'embarquer dans une aventure qui
risquait de leur être fatale. Le 6 novembre, ils informèrent le Kampfbund ,
dont Hitler était le meneur, qu'ils ne se laisseraient pas forcer la main et
qu'ils entendaient choisir le moment. Hitler en conclut qu'il lui fallait
prendre l'initiative. Mais il ne possédait pas les moyens d'exécuter un putsch
et avait besoin d'être soutenu par l'État bavarois, son armée et sa police. Il
devait donc mettre Kahr, Lossow et Seisser dans une position telle qu'ils
eussent à frapper avec lui sans pouvoir revenir en arrière. L'audace
s'imposait; il prouva qu'il n'en manquait point : il décida de mettre la main
sur les triumvirs et de les contraindre à user de leurs pouvoirs à sa
discrétion.
    L'idée avait été déjà présentée à Hitler par deux réfugiés de
Russie, Rosenberg et Scheubner-Richter. Celui-ci, devenu par l'annexion du nom
de sa femme Max Erwin von Scheubner-Richter, était un individu sujet à caution.
Comme Rosenberg, il avait vécu dans les provinces baltes russes, puis, après la
guerre,

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