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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Bavière sont renversés. Un gouvernement
national provisoire est formé. Les casernes de la Reichswehr et de la police
sont également occupées. L'armée et la police marchent sur la ville sous la
bannière au svastika. »
    Ce dernier détail était faux, une vantardise faite pour
impressionner; mais, dans l'agitation générale, nul n'en fut certain; la
réalité, c'était le pistolet de Hitler, qui avait tiré, et les S.A., avec leurs
fusils et leurs mitrailleuses. Hitler commanda alors à Kahr, Lossow et Seisser
de le suivre dans une salle privée attenant à l'estrade. Poussés par des S.A.,
les trois plus hauts fonctionnaires de la Bavière déférèrent donc aux ordres
d'Hitler, sous les yeux stupéfaits de l'assistance.
    Celle-ci n'était pas pour autant satisfaite. De nombreux
commerçants et gens d'affaires continuaient à considérer Hitler comme une sorte
de parvenu. L'un d'eux cria aux policiers: « Ne soyez pas lâches comme en 1918.
Tirez donc! » Mais ceux-ci, devant la mollesse de leurs chefs et voyant les
S.A. occuper la salle, ne bougèrent pas. Hitler avait fait le nécessaire pour
qu'un complice des nazis au siège de la police, Wilhelm Frick, téléphonât à ses
collègues de service à la brasserie de se borner à signaler les événements sans
s'y mêler en rien.
    La foule commençait à gronder si fort que Gœring sentit qu'il
lui fallait aller à la tribune pour la calmer. « Il n'y a rien à craindre,
cria-t-il. Nous avons les intentions les plus pacifiques. De quoi d'ailleurs
vous plaignez-vous? Vous avez votre bière! » Il déclara également qu'un
gouvernement était en train de se former dans la salle voisine. Il se formait,
en effet, sous le revolver d'Hitler. Une fois qu'il y eut rassemblé ses
prisonniers, il les avertit : « Personne ne sort vivant de cette pièce sans ma
permission. » Puis il leur annonça que chacun d'eux recevrait un poste-clef
dans le gouvernement bavarois, ou dans celui du Reich, qu'il constituait avec
Ludendorff. Avec Ludendorff? A la fin de l'après-midi, il avait envoyé
Scheubner-Richter à Ludwigshöhe pour en ramener sur-le-champ à la brasserie le
célèbre général, qui n'était absolument pas au courant de la tentative des
nazis.
    Ses trois prisonniers refusant de lui répondre, Hitler continua
de les haranguer, précisant que chacun d'eux devait se joindre à lui pour
proclamer la Révolution et les nouveaux gouvernements, ainsi que prendre le
poste qu'il lui désignerait, faute de quoi il n'aurait « pas le droit d'exister
». Kahr serait régent de Bavière; Lossow, ministre de l'armée nationale;
Seisser, ministre de la police du Reich. Aucun des trois hommes ne fut
impressionné par la perspective de ces hautes fonctions, aucun ne lui répondit.
    Leur silence prolongé énerva Hitler, qui finit par les viser. «
J'ai quatre balles dans mon pistolet! s'écria-t-il. Trois pour mes
collaborateurs, s'ils m'abandonnent. Et la dernière pour moi! » Il appuya sur
son front le canon de l'arme : « Si je n'ai pas la victoire demain après-midi,
je serai un homme mort ! »
    Kahr n'était pas un personnage très brillant, mais le courage
physique ne lui faisait pas défaut. « Monsieur Hitler, répliqua-t-il, vous
pouvez me faire tuer ou me tuer vous-même. Que je meure ou non, peu importe. »
    Seisser, ripostant lui aussi, reprocha à Hitler de manquer à son
serment en effectuant un putsch contre la police.
    « Je l'ai fait, reconnut Hitler. Pardonnez-moi, mais il le
fallait dans l'intérêt de la patrie. »
    Le général von Lossow demeurait dans un silence dédaigneux ;
mais, lorsque Kahr commença de lui murmurer quelques mots, Hitler s'interposa :
« Halte-là! On ne parle pas sans ma permission! »
    Tout ce qu'il pouvait dire ne le menait cependant à rien. Aucun
des trois hommes qui détenaient le pouvoir en Bavière n'avait accepté de se
joindre à lui, même sous la menace du revolver, et le putsch ne se développait
pas selon ses prévisions. Soudain, obéissant à une impulsion nouvelle, il
s'élança dans la grande salle, monta à la tribune, face à la foule houleuse des
assistants, et annonça que, dans la salle attenante, les membres du triumvirat
venaient d'accepter de former avec lui un nouveau gouvernement. « Le ministère
bavarois, cria-t-il, est destitué...
    Le gouvernement des criminels de novembre et le président
du Reich seront destitués. Un nouveau
gouvernement va être constitué aujourd'hui même, ici, à
Munich. Une

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