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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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voyait des obstacles sur sa
voie, s'il dirigeait lui-même la contre-révolution; or, cette dernière ne
l'intéressait pas si un autre que lui prenait l'affaire en main.
    Tout d'abord, le Parti nazi, quoiqu'il devînt chaque jour plus
nombreux, n'était pas, et de loin, le plus important mouvement politique en
Bavière, et il était inconnu en dehors de cet État. Comment, si petit,
pourrait-il renverser la République? Hitler, peu prompt à se laisser décourager
par les difficultés, pensait en connaître le moyen : réunir sous sa direction
toutes les forces nationalistes et antirépublicaines existant en Bavière.
Alors, avec l'appui du gouvernement, des ligues armées et de la Reichswehr qui
y était stationnée, il marcherait sur Berlin — comme Mussolini avait marché sur
Rome l'année précédente — et il abattrait la République de Weimar. Le succès
facile du dictateur italien l'avait évidemment impressionné.
    L'occupation française de la Ruhr, bien qu'elle suscitât chez
les Allemands un réveil de haine pour l'ennemi traditionnel et ranimât ainsi
leur esprit nationaliste, ne laissait pas de compliquer les projets d’Hitler,
en rassemblant le peuple derrière le gouvernement républicain de Berlin, qui
s'était résolu à tenir tête à la France. Or, c'était là ce qu’Hitler désirait
le moins. Son but était de renverser la République; quant à la France, on
pourrait s'occuper d'elle une fois que l'Allemagne aurait eu sa révolution
nationaliste et instauré une dictature. Hitler osa donc prendre une attitude
contradictoire à un vigoureux courant de l'opinion publique : « Non,
écrivit-il. Ne crions pas « A bas la France! », mais à bas ceux qui sont
traîtres à la Patrie! À bas les criminels de novembre : tel doit être notre mot
d'ordre (6). »
    Pendant les premiers mois de 1923, Hitler s'employa sans cesse à
mettre en action ce mot d'ordre. En février, grâce en grande partie aux
capacités organisatrices de Rœhm, quatre des « ligues patriotiques » armées de
la Bavière se joignirent aux nazis pour former ce qu'on appela Arbeitsgemeinschaft der Vaterländische , Kampfverbände (Union d'Action des Ligues Combattantes de la Patrie), sous la direction politique d'Hitler.
    En septembre, un groupe, plus important encore, fut fondé sous
le nom de Deutsche Kampfbund (Union
Allemande de Combat), Hitler faisant parti du triumvirat de ses chefs; il était
issu d'un grand meeting tenu à Nuremberg le 2 septembre, afin de célébrer la
victoire sur la France à Sedan, en 1870. La plupart des organisations à
tendance fasciste de l'Allemagne du Sud y étaient représentées, et Hitler y
reçut une ovation après avoir prononcé un violent discours contre le
gouvernement national. Les objectifs du Kampfbund furent ouvertement énoncés : renversement de la République et
abolition du traité de Versailles.
    A ce meeting de Nuremberg, Hitler avait assisté au défilé dans
la tribune, à côté du général Ludendorff. Depuis quelque temps en effet, le
jeune chef nazi cultivait des relations avec le « héros » allemand de la
guerre qui avait prêté l'éclat de son nom aux auteurs; du putsch Kapp à Berlin. Ludendorff continuait à encourager la campagne de
contre-révolution menée par la droite; on pouvait donc espérer l'amener à
appuyer l'action que l'esprit d'Hitler commençait à imaginer. Le vieux général
était dépourvu de sens politique; vivant alors à l'extérieur de Munich, il ne
déguisait pas son mépris pour les Bavarois, pour le prince héritier Rupprech
leur prétendant, et pour l'Église catholique, dans cet État qui était le plus
catholique de toute l'Allemagne. Hitler n'en ignorait rien mais il n'y trouvait
que des avantages.
    Il ne tenait pas à voir Luden dorff prendre
la direction politique de la contre-révolution nationaliste; or, on savait que
le général était fort désireux d'assumer ce rôle qu'Hitler voulait pour
lui-même. En revanche, le nom de Ludendorff, sa réputation dans le corps des
officiers et chez les conservateurs de l'Allemagne entière constituaient un
apport précieux pour un politicien de province, à peu près inconnu en dehors de
la Bavière. Hitler commença donc à faire une place à Ludendorff dans ses
projets.
    Au cours de l'automne 1923, la République allemande et l'État de
Bavière atteignaient un point critique. Le chancelier Gustav Stresemann annonça
la fin de la résistance passive dans la Rurh et la reprise
du paiement

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