Le vétéran

commença la dissection. Tout en évoluant autour de la table, il dictait ses résultats à l'assistante qui lui tendait un micro relié à un magnétophone.
    H lui fallut une bonne heure. H y avait de nombreuses lésions, et il s'attarda également sur la blessure ancienne - la hanche et le fémur fracturés et maintenus par des broches métalliques -qui avait laissé à la victime son éternelle claudication.
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    - On croirait qu'il a été fauché par un camion, fit Hamilton. Les dég‚ts sont effroyables.
    H désigna les endroits o˘ l'os avait crevé les chairs et une cicatrice plus nette, là o˘ le chirurgien avait fait une incision pour soigner la blessure. Tout le reste - et c'était beaucoup - provenait de l'agression du jeudi précédent. La main gauche piétinée et écrasée contre le trottoir, les dents de devant cassées, les trois côtes fêlées, la pommette enfoncée.
    Burns vérifia l'état du poing droit, mais Cari Bateman avait dit vrai. Il ne portait aucune contusion. Curieux...
    - Cause du décès ? finit par demander Burns.
    - Elle figurera sur mon rapport officiel, Mr Burns.
    Bien s˚r. H serait un témoin à charge capital lors du procès.
    - Entre vous et moi, le décès est d˚ à une détérioration irréversible des axones. Le neurochirurgien a fait tout son possible, mais il ne risquait pas de la détecter. Cela n'apparaît pas au scanner. S'y sont greffés des traumatismes liés aux multiples blessures. Si chacune prise individuellement ne menaçait pas sa vie, elles ont eu un effet cumulatif.
    Je vais le rafistoler un peu pour la famille. H en a ?
    - Je n'en sais rien. On ne connaît même pas son identité.
    Burns passa l'après-midi à régler quelques formalités : le greffe, la prison de Pentonville. Lou Slade présenta des condoléances polies. Il avait obtenu l'aide judiciaire et consacré la matinée à essayer de dénicher un avocat prêt à plaider. Comme Burns, il s'était heurté au syndrome du mois d'ao˚t. La moitié des gens qu'il avait appelés étaient absents. Il pensait cependant qu'un jeune avocat de King's Bench Walk accepterait de s'en charger. Maintenant qu'on avait affaire à un meurtre, l'intérêt serait peut-être plus vif. ¿ quelque chose malheur est bon...
    - Je suis toujours censé assurer leur défense, déclara-t-il à Burns.
    - Ne vous acharnez pas trop, répliqua l'autre en raccrochant.
    H reçut de mauvaises nouvelles pendant l'après-midi, mais des informations plus positives lui parvinrent juste après. Harcelé par le commissaire Alan Parfitt, le labo avait communiqué ses résultats. Aucune trace de sang ou de fibres textiles ne permettait
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    d'établir un lien entre le défunt et Cornish et Priée. Le sang qui maculait le T-shirt provenait d'une seule source, son propriétaire, Mark Priée.
    Burns prenait les choses avec philosophie. Si les hommes avaient lutté au corps à corps, des fibres seraient passées d'un tissu à l'autre. Priée et Cornish étaient bien trop stupides pour être au courant des progrès extraordinaires accomplis au cours des vingt dernières années par la police scientifique. On décelait aujourd'hui des indices qui seraient passés complètement inaperçus à l'époque o˘ le simple flic Jack Burns faisait sa patrouille à Paignton.
    Mais le boiteux avait été terrassé par un coup de poing et un coup de pied au genou. Ce n'est qu'une fois au sol qu'on l'avait frappé à coups de bottes renforcées. Portées vingt-quatre heures de plus, les chaussures confisquées à Priée et Cornish s'étaient couvertes d'éraflures et de poussière supplémentaires, et ne livrèrent rien qui puisse s'avérer utile devant un tribunal.
    L'appel du Service des empreintes compensa largement cette déception. Le labo avait trouvé la salive du chien et trois séries d'empreintes différentes. L'une d'elles correspondait à celles de la victime, manifestement propriétaire du portefeuille. Une autre appartenait à Mr Whittaker, qui avait accepté volontiers qu'on relève ses empreintes après sa déposition. quant à la troisième, c'était celle de Harry Cornish. Burns était tellement excité qu'il bondit de son siège, le combiné à la main.
    - C'est certain ? Aucun risque d'erreur ?
    - Jack, j'ai besoin de seize points communs pour obtenir un résultat probant. Là j'en ai vingt et un. «a dépasse les cent pour cent.
    Le fonctionnaire du labo serait lui aussi un témoin-clé au moment du procès. Burns le remercia et