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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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ressemblaient guère, mais ils étaient tous les deux menaçants. H connaissait bien ce genre de personnages. L'un des deux était un costaud au cr‚ne rasé, avec un visage porcin. Même à trente mètres de distance, Mr Patel distinguait l'anneau qui brillait à son oreille gauche.
    H portait un Jean trop ample et un T-shirt sale. Son gros ventre de buveur de bière retombait par-dessus sa large ceinture en cuir. H se planta bien droit devant l'étranger, qui fut forcé de s'arrêter. Plus mince, son compagnon était vêtu d'un pantalon de treillis délavé et d'un blouson gris à fermeture …clair. De longs cheveux gras et raides lui descendaient sur les oreilles. H se glissa derrière l'inconnu et attendit. Le costaud brandit son poing droit sous le nez de sa future victime. Mr Patel aperçut l'éclat bref du métal sur son poing. Il n'entendit rien de leur échange verbal, mais il vit remuer les lèvres du costaud qui s'adressait à
    l'inconnu. La victime était censée remettre simplement son portefeuille, sa montre, et les autres objets de valeur qu'elle portait sur elle. Avec un peu de chance, les assaillants prendraient la fuite en s'emparant du butin et elle s'en tirerait sans dommage.
    C'était sans doute de la folie de réagir comme il le fit. Ses adversaires avaient sur lui l'avantage du nombre et de la force physique. Ses cheveux gris suggéraient qu'il n'était plus tout jeune, et sa claudication ne lui permettait s˚rement qu'une mobilité réduite. Pourtant il se rebiffa. Mr Patel vit sa main s'élever sur le côté avec une rapidité extrême. Au prix d'un léger déhanchement, il fit pivoter ses épaules pour accroître la puissance de son coup. Il frappa le costaud en plein dans le nez. Un cri de douleur perçant mit fin à ce qui était jusqu'alors une pantomime. Mr Patel l'entendit à travers sa vitrine. Lorsque le malabar recula en titubant, portant les mains à son visage, Mr Patel vit le sang briller entre ses doigts. Lors de sa déposition, le commerçant dut s'interrompre pour remettre un peu d'ordre et de clarté dans la suite des événements.
    Attaquant par-derrière, Cheveux-Filasse assena un violent coup de poing dans les reins du vieil homme et lui décocha un coup de pied à l'arrière de son genou valide. La victime s'effondra sur le trottoir.
    11
    Dans la cité de Meadowdene Grove, on porte deux modèles de chaussures : des tennis - pour pouvoir courir - ou des bottes - pour donner des coup de pied. Les deux agresseurs étaient chaussés de bottes. Couché sur le trottoir, le vieil homme s'était recroquevillé en position foetale pour protéger ses organes vitaux, mais deux paires de bottes s'acharnèrent sur lui, et le costaud, tenant toujours son nez d'une main, s'attaqua à la tête. Le commerçant estima qu'il fallut vingt coups de pied, peut-être plus, pour que la victime cesse de s'agiter sur le trottoir. Cheveux-Filasse se pencha sur lui, ouvrit sa veste et fouilla dans la poche intérieure. Mr Patel vit la main ressortir, un portefeuille entre le pouce et l'index. Les deux hommes s'engouffrèrent alors dans le passage bétonné
    par o˘ ils étaient venus et disparurent dans le dédale d'allées qui sillonnaient la cité. Avant de partir, le costaud remonta son T-shirt pour éponger le sang qui ruisselait de son nez.
    L'épicier les regarda s'éloigner puis se rua sur son téléphone, derrière le comptoir. Il composa le 999 et fournit son nom et son adresse à
    l'opératrice : elle ne pouvait, dit-elle, alerter les urgences sans savoir qui téléphonait. Une fois réglées les formalités, il demanda qu'on envoie la police et une ambulance. H retourna ensuite derrière la vitrine.
    L'homme gisait toujours sur le trottoir d'en face, complètement inerte.
    Personne ne lui porta secours. Dans un coin comme celui-là, nul n'a envie de se mouiller. Mr Patel aurait bien traversé la rue pour apporter un peu d'aide, mais il ne connaissait rien aux premiers secours. Il avait peur de faire une erreur en déplaçant le blessé, peur pour sa boutique, peur que les voyous ne reviennent. Il préféra donc attendre.
    La voiture de police arriva en premier, en moins de quatre minutes. Par le plus grand des hasards, les deux officiers se trouvaient à moins d'un kilomètre sur Upper High Road quand ils avaient reçu l'appel. Ils connaissaient tous les deux la cité et l'emplacement de Paradise Way. En effet ils étaient de service pendant les émeutes raciales du printemps.
    Tandis

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