Le vétéran
appela le 1. Parlementaire chargé de la discipline à l'intérieur de son parti.
(N.d.T.)
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secrétaire général par l'interphone. Depuis vingt ans, Michael - dit Mike -
Creedy gérait les affaires des dix avocats des Chambers avec une rigueur irréprochable. Il avait repéré le jeune Vansittart dès le début de sa carrière et avait persuadé le directeur des Chambers de l'époque de proposer une place au jeune homme. Son jugement ne l'avait pas trompé.
quinze ans plus tard, le jeune débutant d'alors était devenu sous-directeur des Chambers et brillait au firmament des milieux juridiques. Une délicieuse épouse qui peignait d'excellents portraits, un manoir dans le Berkshire et deux fils scolarisés à Harrow complétaient ce tableau de la réussite parfaite.
- Mike, vous savez que je ne me charge que rarement d'affaires relevant de l'aide judiciaire.
- Rarement me semble la bonne fréquence, maître.
- Mais une fois de temps en temps ? Disons une fois par an. Histoire de faire son devoir, de redorer son image ?
- Une fois par an me paraît être une bonne moyenne. Ce n'est pas la peine d'en faire trop, Mr Vansittart.
L'avocat se mit à rire. Creedy était responsable des finances, et même si les Chambers étaient prospères, il répugnait à voir śes ª avocats se charger de l'aide judiciaire pour trois fois rien. Cependant, les lubies sont ce qu'elles sont et il faut savoir les tolérer, quoique avec modération.
- Vous avez quelque chose en tête ?
- J'ai appris qu'il y avait une affaire à Highbury Corner. Deux jeunes gens qu'on accuse d'avoir molesté et tué un passant. Us clament leur innocence, et ils disent peut-être la vérité. Ils s'appellent Cornish et Priée.
Pouvez-vous savoir qui est leur avoué et lui demander de me prendre au téléphone ?
Une heure plus tard, Lou Slade assis à son bureau contemplait le récepteur comme s'il s'était changé en un joyau constellé de diamants.
- Vansittart, murmura-t-il, James Vansittart en personne. Une fois revenu de sa surprise, il reprit le combiné pour parler à Mike Creedy.
- Oui c'est moi. Je suis très honoré, et très étonné, je dois l'admettre.
Oui, je patiente une minute.
quelques secondes plus tard, on lui passa James Vansittart.
- Mr Slade, c'est très aimable à vous de prendre mon appel.
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H s'exprimait avec aisance, assurance et courtoisie, d'une voix aux intonations harmonieuses. Eton, ou peut-être Harrow, se disait Slade. Et les Guards, bien évidemment. L'entretien fut bref, mais toutes les questions importantes furent abordées. Slade était trop heureux d'informer Vansittart sur l'affaire Regina vs Price et Cornish. Oui, il avait le dossier d'instruction entre les mains et il serait ravi de venir au palais de justice pour avoir une première discussion tactique avec le nouvel avocat de ses clients. Ils convinrent de se retrouver à deux heures.
Vansittart correspondait tout à fait à l'image que Slade s'était faite de lui. Policé, charmant et courtois. H offrit du thé à son visiteur dans un service en porcelaine et, remarquant une discrète tache jaune sur le pouce et l'index de sa main droite, il lui présenta des Balkan Sobranie dans un étui en argent. Slade le remercia et alluma le cigare. Comme tout cockney qui se respecte, il était mal à l'aise avec ces salopards. Vansittart regardait le dossier sans l'ouvrir.
- Dites-moi, Mr Slade, que pensez-vous de cette affaire? Faites-moi un résumé.
Non sans raison, Slade se sentit flatté. C'était une journée à marquer d'une pierre blanche. H récapitula les événements des huit derniers jours, depuis que le commissariat l'avait appelé pendant son dîner.
- Il semblerait donc que Mr Patel soit le témoin-clé, et le seul témoin, fit Vansittart lorsqu'il eut terminé. Tout le reste est fondé sur des présomptions ou sur des analyses médico-légales. Tout figure là-dedans ?
- Oui, tout y est.
Slade avait disposé d'une heure dans son bureau et d'une heure de plus dans le taxi pour compulser le dossier, mais ça lui avait à peine suffi.
- Je pense que c'est un dossier solide. Et mes clients ont pour seul alibi la parole de l'autre. Us prétendent qu'ils étaient couchés dans leur squat ou en train de traîner les rues ensemble.
Vansittart se leva, incitant Slade à faire de même après avoir reposé sa tasse à moitié pleine et éteint son cigare.
- Je vous suis très obligé de vous être déplacé personnellement, dit Vansittart
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