Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
Vom Netzwerk:
allés nous asseoir dans le salon de l'hôtel. Le vieil homme connaissait l'anglais. Il m'a demandé qui j'étais, et pourquoi j'avais passé cette annonce. Je lui ai expliqué que je recherchais une jeune Siennoise qui m'était venue en aide près d'un quart de siècle auparavant. J'ai appris qu'il s'appelait Fra Dome-nico et qu'il appartenait à un ordre régulier dédié au je˚ne, à la prière et à l'étude.
    Il avait consacré sa vie à étudier l'histoire de Sienne et de ses divers ordres religieux.
    ´ L'air nerveux, agité, il a demandé comment j'avais rencontré une jeune Siennoise vêtue d'un habit portant cet insigne. Je lui ai dit que c'était une bien longue histoire, mais il a répondu qu'on avait le temps, qu'il voulait tout savoir. Alors je lui ai tout raconté.
    Une explosion de cris se fit entendre sur la Piazza lorsque le premier cheval franchit la ligne d'arrivée, devançant d'une courte tête celui qui le suivait. Les membres de neuf contrade gémissaient de désespoir tandis que ceux de la dixième - la Contrada d'Istrice, le porc-épic - laissaient bruyamment éclater leur joie. Dans les maisons des neuf corporations perdantes, le vin coulerait à flots pendant la nuit, mais on secouerait malgré tout la tête d'un air désolé, on discuterait sans fin sur ce qui aurait pu se
    175
    passer. Par contre, dans la maison de la Contrada d'Istrice, on allait fêter l'événement sans retenue.
    - Et après, questionna l'Américain, que lui avez-vous raconté?
    - Tout. H voulait tout savoir, il a bien insisté. Je lui ai raconté
    l'histoire du début à la fin, en répétant plusieurs fois les plus infimes détails. Le taxi est arrivé et je l'ai renvoyé. Mais avec tout ça, il y a un détail que j'ai omis jusqu'à la fin. J'ai fini par m'en souvenir : les mains, les mains de la jeune fille. Je lui ai rapporté alors que j'avais vu au clair de lune deux taches brunes sur le dos de ses mains. Le moine est devenu aussi blanc que ses cheveux et a commencé à égrener un chapelet entre ses doigts, les yeux clos, remuant les lèvres en silence. J'étais protestant à l'époque, je me suis converti plus tard. Je lui ai demandé ce qu'il faisait. "Je prie, mon fils, m'a-t-il répondu. - Mais pour quoi, mon frère ? - Pour mon ‚me immortelle et pour la vôtre. Car je crois que vous avez contemplé l'ouvre de Dieu." Je l'ai prié de me confier ce qu'il savait et il m'a alors raconté l'histoire de Catherine de la Miséricorde.

    Récit de Fra Domenico
    ´ H m'a demandé si je connaissais un peu l'histoire de Sienne et j'ai avoué
    que non.
    ´ "L'histoire de la ville est très longue. Sienne a traversé en effet bien des siècles. Certains lui ont apporté la prospérité et la paix, la plupart lui ont infligé des guerres sanglantes, des dictatures, des luttes intestines, des famines et des épidémies de peste. Mais les deux siècles les plus noirs se situent entre 1355 et 1559. Deux cents ans de guerres sans répit, aussi absurdes que stériles, ici ou à l'étranger. Régulièrement attaquée par des troupes de mercenaires en maraude, les redoutés condottieri, la cité ne possédait pas de gouvernement solide, capable de protéger ses habitants.
    ´ "Vous devez savoir que l'Italie telle que nous la connaissons aujourd'hui n'existait pas en ce temps-là. C'était alors une mosaÔque de principautés, de duchés, de micro-républiques et de cités-…tats - chacun br˚lant de soumettre le voisin ou lui faisant
    176
    déjà la guerre. Sienne était une cité-…tat convoitée depuis toujours par le duché de Florence, qui l'a finalement annexée sous Cosme Ier de Médicis.
    Mais une période particulièrement sombre a précédé cet événement, entre 1520 et 1550.^C'est d'elle que je veux vous parler. Le gouvernement de la cité-…tat de Sienne était en plein chaos, aux mains de cinq clans - les Monti - dont les rivalités ont fini par ruiner la ville. Jusqu'en 1512, l'un d'eux dominait les autres. Pandolfo Petrucci, qui se trouvait à sa tête, gouvernait en tyran intraitable, mais il apportait au moins une certaine stabilité. A sa mort, l'anarchie s'est mise à régner sur la ville.
    ´ "Le gouvernement de la cité était censément confié à la Balia, un conseil permanent de magistrats présidé par un Petrucci aussi adroit qu'implacable.
    Cependant, chaque magistrat de la Balia était également membre d'un des Monti rivaux, si bien qu'au lieu de collaborer pour diriger la cité, ils se sont

Weitere Kostenlose Bücher