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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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impossible de localiser les lieux filmés. Une guerre propre, anonyme.
    La séquence tournée à la gare de l’Est, à Paris, remonte au mois de juin 1941. Le 22, Hitler déclenche l’opération Barbarossa, du nom de l’empereur Frédéric Barberousse (1122-1190). Le pacte germano-soviétique est rompu. Le Reich mobilise 3 millions de soldats, plus de 3 600 chars d’assaut et des dizaines de milliers de canons. Il s’agit de laminer les « sous-hommes » slaves et d’offrir à la race germanique son nouvel « espace vital ». L’affaire de quelques mois.
    Werner Reimer fait partie de la 3 e Panzerdivizion-SS Totenkopf , qui arbore une tête de mort pour signe distinctif. Il quitte Paris avec le sourire. Il ne reverra jamais Marguerite/Margrit, mais ils échangeront des courriers. La petite Christiane est née en mars 1942 : Marguerite est donc tombée enceinte en juin 1941, deux ou trois semaines, tout au plus, avant le départ de Werner pour le front de l’Est. Ils l’ignoraient probablement tous deux à ce moment-là…
    Au soir du 29 janvier 2011, j’ai dîné tôt, en compagnie d’Iris, à l’hôtel Altmünchen . Le lendemain, nous avions rendez-vous avec Anna Andlauer, ancienne guide au mémorial du camp de concentration de Dachau et auteure de livres d’histoire Elle nous avait proposé de nous accompagner pour visiter Steinhöring.
    Ce dimanche 30 janvier, il fait -10° C dans la campagne bavaroise. Les routes ne sont pas trop enneigées : il faut environ une quarantaine de minutes pour parcourir les 44 kilomètres qui séparent Munich de Steinhöring. L’ancienne maternité Hochland se trouve tout près d’une petite rivière, à quelques centaines de mètres du centre de ce bourg rural de 3 900 habitants.
    Herr Preimesser, 79 ans, gros manteau et toque de fourrure sur la tête, nous attend sur le parking, à côté des bâtiments. Membre de la société d’histoire locale, très sympathique, il nous entraîne dans une courte visite : les lieux abritent aujourd’hui un centre de soins pour jeunes handicapés mentaux – encore une facétie de l’histoire – et il n’est pas possible de rentrer dans tous les locaux de l’établissement. La configuration du site a changé depuis 1936, quand Heinrich Himmler vint inaugurer la maison-mère du Lebensborn . Le grand chalet, qui servait d’habitation principale, a été détruit.
    Cependant, au bord de la route, un ancien pigeonnier marque toujours l’entrée du domaine. De l’autre côté du premier corps de bâtiment, l’ancienne chapelle où logeait le père Ludwig Koeppel, avant-guerre. C’est ici que le curé du village baptisa collectivement certains enfants, le 14 décembre 1945, juste avant qu’ils ne soient transférés à Indersdorf.
    Le froid est mordant, j’ai du mal à tenir le carnet sur lequel je prends des notes. Herr Preimesser attire notre attention sur deux « reliques » du Lebensborn conservées à Steinhöring. La première, facile à identifier sous un bouquet d’arbres, au milieu du parc, est la statue d’une mère, assise, allaitant son enfant. La sculpture, posée sur un socle, mesure près de trois mètres de hauteur. Sur la base, cette signature : « H. Anker ». Hanns Anker (1873-1950) fut un peintre, sculpteur et dessinateur berlinois reconnu. Savait-il exactement à quoi était destinée cette allégorie nazie de la parfaite « mère aryenne » ? Pas sûr. Himmler souhaitait qu’une réplique de cette statue trône devant chaque foyer du Lebensborn . Ce ne fut le cas ni à Wégimont, ni à Lamorlaye.
    La deuxième relique du sanctuaire L est difficilement reconnaissable, mais beaucoup plus intrigante. Il s’agit de l’ancien portail d’entrée de Hochland . C’est une barrière métallique ajourée et ouvragée, de 5 mètres de longueur sur 1,80 mètre de hauteur. Elle est aujourd’hui remisée au fond du domaine, près d’un petit enclos où patientent des chevaux roux. En s’approchant, on comprend pourquoi. Les ferronneries du portail représentent des runes, tirées du vieil alphabet nordique et récupérées par la propagande nazie. La plus reconnaissable de ces runes est celle-ci : « Odal », qui symbolise tout à la fois la prospérité, la terre natale et le respect des ancêtres. Sur un montant, au centre de la barrière, se trouve un « ↑ », « Tiwaz », représentation de l’honneur, de l’autorité. C’est l’emblème du guerrier. Juste en

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