Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
bâtiments de l’Assemblée nationale, désertés par le régime de Vichy. Le palais Bourbon abrite une partie des services administratifs du Militärbefehlshaber in Frankreich , le Haut commandement militaire allemand en France. Ces bureaux traitent aussi bien de l’administration et de l’activité économique du Grand-Paris ( Gross-Paris ) que des routes et ponts, la garde des prisonniers, la propagande, les prises de guerre, le renseignement et le contre-espionnage. C’est peut-être dans ces bureaux que se croisent l’officier SS et la jeune Alsacienne.
Nous avons en revanche quelques certitudes. Elles transparaissent de photographies et de lettres conservées par Werner Reimer, mais aussi d’un film d’époque, qui se trouvait dans la fameuse boîte à souvenirs paternelle. Ce document extraordinaire dure 9 minutes et 32 secondes.
Marguerite est assise sur une chaise longue, dans un jardin. Elle porte un chemisier, une veste et une jupe. Du doigt, elle montre des fleurs, puis s’agenouille devant un parterre de plantes. Ensuite, Marguerite se tient debout, une main accrochée à la tonnelle. Face à la caméra, elle sourit, puis s’approche jusqu’à ce que ses dents occupent toute l’image. C’est Werner qui la filme. Nous sommes dans le jardin de son pavillon, à Massy. Un soir, Werner y avait organisé une grande fête. Marguerite avait été invitée. Il l’avait fait boire. Le lendemain, elle s’était réveillée à ses côtés. La petite Christiane Margrit a vraisemblablement été conçue dans cette maison.
Dans une autre séquence, on aperçoit l’Arc de Triomphe, puis on voit Werner sortir d’un café, accompagné par un groupe de civils, probablement français. L’établissement s’appelle le Café de la mairie, mais rien ne permet de deviner de quelle mairie il s’agit. À l’image, deux hommes suivent Werner Reimer et se rapprochent de la caméra. Ils portent tous deux la moustache et arborent une mèche de cheveux rabattus sur le côté gauche. Deux sosies de Adolf Hitler…
La scène suivante se déroule à la gare de l’Est, toujours à Paris. Deux couples dont on ne distingue pas le visage. On reconnaît cependant Werner et Marguerite. Ils marchent devant une énorme locomotive à vapeur. Werner est en uniforme. Deux soldats allemands le saluent. Marguerite sourit.
Le couple est maintenant devant une échoppe, dans le hall de la gare. Werner salue un passant. Il est très sûr de lui. Il se penche vers le visage de Marguerite et lui glisse quelque chose. Elle sourit encore. Un soldat allemand, portant un lourd paquetage, avance vers la caméra. Il tient un petit chien dans ses bras. C’est un berger allemand. Marguerite le caresse.
Un plan panoramique s’arrête sur le visage d’une femme. Trois religieuses passent en poussant une quatrième dans un fauteuil roulant. Des soldats allemands et des civils remontent le long d’un train, à quai. À côté du train, la femme dont nous venons de voir le visage marche aux côtés de trois soldats. Marguerite vient se placer à leur hauteur pour être sur l’image. Le hall de la gare est empli de dizaines de soldats. Marguerite discute avec une femme. Werner est sur le marchepied du train, adossé à la porte, fumant une cigarette. Il se penche et regarde dans l’enfilade du quai. À côté de lui, la même femme que précédemment se penche à son tour. Werner lui dit quelque chose. Ils rient tous les deux.
Les six dernières minutes du film se déroulent en Russie. Ou, en tout cas, en Europe de l’Est. L’image est souvent mauvaise, blanchie. On distingue des chevaux harnachés, des canons, des wagons. Werner est devant un train transportant des pièces d’artillerie. Il sort une flasque d’alcool et en sert une rasade à ses camarades, dans un gobelet. Ils boivent d’un trait.
Image fixe d’un pont construit par le génie militaire pour enjamber un fleuve. Puis le passage en revue de la troupe, filmé depuis la fenêtre d’une maison. Werner revient plusieurs fois à l’écran. En tenue de camouflage léopard, il étudie un plan. Assis à une table, en compagnie d’un autre officier, devant une cafetière émaillée, pendant qu’un troisième homme prend des notes. Debout, un micro en main, Werner Reimer semble enregistrer des commentaires, tandis que deux autres officiers regardent un document posé devant eux.
Fin de la pellicule. Aucune image de mort, aucune scène de combat ou de violence. Il est
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