Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
Vom Netzwerk:
enfant ne pouvait y être né en mars 1942, exactement un an plus tôt…
    Au téléphone, Iris m’avait indiqué qu’elle souhaitait se rendre à Steinhöring. Elle avait trouvé le contact de Johann Preimesser, un habitant de la commune, membre de la société d’histoire locale. Ce dernier avait mené quelques recherches et trouvé des documents confirmant la présence de Christiane S., en mai 1945, dans la maison-mère du Lebensborn .
    Je devais également me rendre à Steinhöring pour compléter mon enquête. Nous sommes alors convenus de nous retrouver à Munich, à la fin du mois de janvier 2011.
    Il neigeait doucement quand un taxi m’a déposé à la porte de l’hôtel-restaurant Altmünchen, sur la place Mariahilf, à dix minutes à pied de Marienplatz, le cœur battant de la capitale bavaroise. C’est dans cet établissement abordable, réputé pour sa cuisine traditionnelle et son Biergarten – « jardin de bières », à la belle saison – qu’Iris Apé m’a raconté plus précisément ce qu’elle savait de la liaison entretenue par son père, Werner Reimer, avec Marguerite S., entre 1940 et 1941, à Paris.
    Werner Detlef Johannes Reimer est né le 2 mars 1914, à Hambourg. Sa famille vit à Fulda, ville du Hesse, au centre de l’Allemagne. Le père est un officier, ancien combattant de la Grande guerre. Sur une photo, on voit ce dernier poser fièrement, avec ses pointes de moustaches cirées, assis au milieu de quatre de ses camarades du 15 e régiment de Hussards. C’était en 1916, en Courlande, province sur le littoral de la Baltique, dans l’actuelle Lettonie. Le père de Werner Reimer s’est donc battu à l’est, contre les Russes, pendant la Première Guerre mondiale. C’était un homme très autoritaire, et même violent : il battait son fils à la moindre incartade.
    Le jeune Werner marche dans les pas de son père. Il intégrera la SS. En 1938, le voici élève officier à la Hansa Heime, près de Königsplatz, à Munich. Une photo le montre, posant debout, de profil, le cheveu ras sous sa casquette. La main droite gantée est posée sur une table. La main gauche est appuyée sur sa hanche, juste à côté de la garde du sabre d’apparat. L’insigne SS est brodé au-dessous de la pochette de son uniforme.
    Juin 1940 : Werner Reimer, officier au 4 e régiment d’artillerie SS, est cantonné à Massy-Verrières, à une dizaine de kilomètres au sud de Paris. Il habite dans un pavillon en pierre meulière, rue Gambetta. Sur d’autres photos, on le voit fêter la Noël 1940. Ce soir-là, dans une grande salle décorée de deux énormes bannières SS encadrant un drapeau à croix gammée surmonté de l’aigle, plus d’une centaine d’officiers et sous-officiers SS sont invités à festoyer. Assis autour de trois rangées de tables, ils regardent tous, impeccablement alignés, l’objectif du photographe qui va immortaliser l’instant. C’est un vrai banquet. Sur la table, il y a au moins une bouteille de vin par convive, sans compter les bouteilles de champagne. Posé à côté de chaque assiette, un petit tas de cadeaux. On distingue des tablettes de chocolat, des paquets de cigarettes… Et, surmontant le tout, une petite tour Eiffel en métal commémorant la victoire et l’occupation de la capitale française. Dans un coin de la salle de fête, derrière un pupitre, une douzaine d’officiers sont assis, un papier à la main. L’un d’eux a un accordéon. Ils s’apprêtent à entamer des chants de Noël. Et peut-être aussi «  Deutschland über alles  », l’hymne officiel du Reich. Soixante-huit ans après cette soirée, Iris a retrouvé la petite tour Eiffel dans la boîte à secrets de son père.
    Où Werner Reimer a-t-il fait la connaissance de Marguerite S. ? Difficile à dire. Elle habite une chambre de bonne au numéro 5 de la rue des Ursulines, dans le V e  arrondissement. Entre avril 1940 et juin 1941, elle travaille chez Schnepf, avenue de Villiers, dans le XVII e arrondissement de Paris. Sans avoir de certitudes, il est possible que ce nom d’origine alsacienne désigne un café ou une brasserie. Marguerite travaille peut-être avec des « compatriotes ». Ensuite, de juin 1941 à 1944, elle est ouvreuse au cinéma Marignan, sur les Champs-Élysées. Cette salle fameuse existe toujours. Mais, à l’époque, Marguerite, qui parle parfaitement l’allemand, exerce aussi l’activité de traductrice auprès de l’Occupant, dans les

Weitere Kostenlose Bücher