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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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dessous, deux signes « ϟ », « Sowilo », runes caractérisant le soleil, la puissance et la victoire. Selon les vœux de Heinrich Himmler, le Lebensborn augurait bien l’avènement de guerriers invincibles, puisant leur force dans l’imitation des « ancêtres nordiques ». Mais une évidence saute brutalement aux yeux : les deux « ϟϟ », accolés, forment l’acronyme de la SchutzStaffel . À Steinhöring, l’ancienne maternité Hochland est à coup sûr le dernier endroit semi-public, en Allemagne et dans le monde, où le sigle de l’Ordre noir est encore affiché au grand jour…
    De retour à Munich, nous nous étions de nouveau replongés dans les documents retraçant l’histoire de la famille « cachée » d’Iris. Elle était impatiente de recevoir une réponse de la préfecture du Bas-Rhin, où était née Marguerite, la mère de Christiane. Était-il possible qu’elles vivent encore toutes deux dans ce département, ou dans la région ? Je lui ai proposé de chercher sur l’annuaire électronique : en Alsace, trois personnes portaient les mêmes nom et prénom. Iris a relevé les adresses correspondantes.
    Le jour suivant, elle devait rendre visite à des amis munichois. J’en ai profité pour faire un tour en ville, de mon côté. Marienplatz et le carillon de l’hôtel de ville, dont les personnages s’animent chaque jour, à midi et à dix-sept heures. Odeonplatz et son église. Isartor , la porte débouchant sur deux ponts enjambant le fleuve. J’ai acheté une carte postale reproduisant une photo de cet endroit, à l’été 1945. Au-dessus des arches de la porte, une banderole énonce en anglo-américain : « La mort est tellement omniprésente, conduisez prudemment. »
    Ce lundi 31, dernier jour de janvier, le musée d’histoire de la ville ainsi que le musée juif, attenant à la nouvelle synagogue, étaient fermés. J’ai alors constaté qu’il m’était impossible de ne pas relever chaque détail, ou chaque lieu, rappelant que Munich, splendide capitale de la Bavière, avait aussi été le berceau du nazisme. L’atmosphère surchauffée de la grande brasserie Hofbraühaus , à deux pas de Marienplatz . L’établissement est mondialement réputé pour ses buffets pantagruéliques, ses spectacles folkloriques bavarois et ses concerts d’orchestres à vent. C’est ici que, le 24 février 1920, Adolf Hitler prononça l’un de ses discours hypnotiques, annonçant les nouveaux objectifs du NSDAP, le parti National-socialiste des travailleurs allemands.
    Sur l’immense étendue de Königsplatz – la « place du roi » – se trouvent le musée des Antiquités et la glyptothèque, voulus par Louis 1 er de Bavière (1786-1868), ami des arts et des sciences. En 1931, le parti nazi s’installe tout près de là, au numéro 45 de la Briennerstrasse . La Königsplatz et bientôt l’Allemagne tout entière ont trouvé leur nouveau maître. La ville fourmille d’exemples similaires. L’office du tourisme de Munich organise tous les jours un Third Reich tour et même un Extended Third Reich tour , les lundis et samedis. Les guides accompagnateurs s’amusent à faire la distinction entre les curieux, les passionnés, les obsessionnels et les véritables nostalgiques.
    À la nuit tombée, vers 16 heures, j’ai mis un peu de temps à trouver l’emplacement, sur Herzog-Max-Strasse, de l’ancienne grande synagogue, détruite durant la Nuit de Cristal, du 9 au 10 novembre 1938. L’endroit est pourtant très central, dans le secteur piétonnier, à 300 mètres à peine de Marienplatz . Au bout de la petite portion subsistante de Herzog-Max-Strasse, on bute sur un parallélépipède de béton d’environ 2,50 mètres de haut. Le monument est orné d’une étoile de David, d’une menorah et de cette inscription, en allemand :
    « Ici se trouvait la grande synagogue, construite entre 1883 et 1887, servant de lieu de culte à la communauté juive. Elle a été détruite pendant la période de persécutions contre les juifs. Le 10 novembre 1938, en Allemagne, les synagogues furent ravagées par les incendies. »
    Quoi d’autre ? Rien. Aucune mention du fait que les locaux communautaires juifs voisins de la synagogue furent réquisitionnés pour accueillir les bureaux du siège du Lebensborn , à partir de janvier 1940. La reconversion des lieux était pourtant parfaitement explicite.
    Le 1 er  février, j’ai visité l’ancien couvent d’Indersdorf,

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